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La Reine Margot Tome I

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La Reine Margot Tome I
Название: La Reine Margot Tome I
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 260
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La Reine Margot Tome I читать книгу онлайн

La Reine Margot Tome I - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Sur fond de guerres sanglantes, de Saint Barth?l?my ainsi que de la lutte entre Catherine de M?dicis et Henri de Navarre, la premi?re ?pouse de ce dernier, Marguerite de Valois, appel?e la reine Margot, entretient des intrigues amoureuses notoires et violentes… Roman historique qui reste avant tout un roman, ce livre nous fait sentir l'atmosph?re de cette ?poque et appr?hender l'histoire de notre pays!

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– Que voulez-vous dire, Henri? demanda le duc François, visiblement contrarié que son beau-frère, en ne continuant pas, le laissât entamer ces éclaircissements.

– Je dis, mon frère, reprit Henri, que ces hommes si bien armés, qui semblent avoir reçu pour tâche de ne point nous perdre de vue, ont tout l’aspect de gardes qui prétendraient empêcher deux personnes de s’échapper.

– S’échapper, pourquoi? comment? demanda d’Alençon en jouant admirablement la surprise et la naïveté.

– Vous avez là un magnifique genêt, François, dit Henri poursuivant sa pensée tout en ayant l’air de changer de conversation; je suis sûr qu’il ferait sept lieues en une heure, et vingt lieues d’ici à midi. Il fait beau; cela invite, sur ma parole, à baisser la main. Voyez donc le joli chemin de traverse. Est ce qu’il ne vous tente pas, François? Quant à moi, l’éperon me brûle.

François ne répondit rien. Seulement il rougit et pâlit successivement; puis il tendit l’oreille comme s’il écoutait la chasse.

– La nouvelle de Pologne fait son effet, dit Henri, et mon cher beau-frère a son plan. Il voudrait bien que je me sauvasse, mais je ne me sauverai pas seul.

Il achevait à peine cette réflexion, quand plusieurs nouveaux convertis, revenus à la cour depuis deux ou trois mois, arrivèrent au petit galop et saluèrent les deux princes avec un sourire des plus engageants.

Le duc d’Alençon, provoqué par les ouvertures de Henri, n’avait qu’un mot à dire, qu’un geste à faire, et il était évident que trente ou quarante cavaliers, réunis en ce moment autour d’eux comme pour faire opposition à la troupe de M. de Guise, favoriseraient la fuite; mais il détourna la tête, et portant son cor à sa bouche, il sonna le ralliement.

Cependant les nouveaux venus, comme s’ils eussent cru que l’hésitation du duc d’Alençon venait du voisinage et de la présence des Guisards, s’étaient peu à peu glissés entre eux et les deux princes, et s’étaient échelonnés avec une habileté stratégique qui annonçait l’habitude des dispositions militaires. En effet, pour arriver au duc d’Alençon et au roi de Navarre, il eût fallu leur passer sur le corps, tandis qu’à perte de vue s’étendait devant les deux beaux frères une route parfaitement libre.

Tout à coup, entre les arbres, à dix pas du roi de Navarre, apparut un autre gentilhomme que les deux princes n’avaient pas encore vu. Henri cherchait à deviner qui il était, quand ce gentilhomme, soulevant son chapeau, se fit reconnaître à Henri pour le vicomte de Turenne, un des chefs du parti protestant que l’on croyait en Poitou.

Le vicomte hasarda même un signe qui voulait clairement dire:

– Venez-vous? Mais Henri, après avoir bien consulté le visage impassible et l’œil terne du duc d’Alençon, tourna deux ou trois fois la tête sur son épaule comme si quelque chose le gênait dans le col de son pourpoint. C’était une réponse négative. Le vicomte la comprit, piqua des deux et disparut dans le fourré. Au même instant on entendit la meute se rapprocher, puis, à l’extrémité de l’allée où l’on se trouvait, on vit passer le sanglier, puis au même instant les chiens, puis, pareil au chasseur infernal, Charles IX sans chapeau, le cor à la bouche, sonnant à se briser les poumons; trois ou quatre piqueurs le suivaient. Tavannes avait disparu.

– Le roi! s’écria le duc d’Alençon. Et il s’élança sur la trace. Henri, rassuré par la présence de ses bons amis, leur fit signe de ne pas s’éloigner et s’avança vers les dames.

– Eh bien? dit Marguerite en faisant quelques pas au-devant de lui.

– Eh bien, madame, dit Henri, nous chassons le sanglier.

– Voilà tout?

– Oui, le vent a tourné depuis hier matin; mais je crois vous avoir prédit que cela serait ainsi.

– Ces changements de vent sont mauvais pour la chasse, n’est-ce pas, monsieur? demanda Marguerite.

– Oui, dit Henri, cela bouleverse quelquefois toutes les dispositions arrêtées, et c’est un plan à refaire.

En ce moment les aboiements de la meute commencèrent à se faire entendre, se rapprochant rapidement, et une sorte de vapeur tumultueuse avertit les chasseurs de se tenir sur leurs gardes. Chacun leva la tête et tendit l’oreille.

Presque aussitôt le sanglier déboucha, et au lieu de se rejeter dans le bois, il suivit la route venant droit sur le carrefour où se trouvaient les dames, les gentilshommes qui leur faisaient la cour, et les chasseurs qui avaient perdu la chasse.

Derrière lui, et lui soufflant au poil, venaient trente ou quarante chiens des plus robustes; puis, derrière les chiens, à vingt pas à peine, le roi Charles sans toquet, sans manteau, avec ses habits tout déchirés par les épines, le visage et les mains en sang.

Un ou deux piqueurs restaient seuls avec lui. Le roi ne quittait son cor que pour exciter ses chiens, ne cessait d’exciter ses chiens que pour reprendre son cor. Le monde tout entier avait disparu à ses yeux. Si son cheval eût manqué, il eût crié comme Richard III: Ma couronne pour un cheval!

Mais le cheval paraissait aussi ardent que le maître, ses pieds ne touchaient pas la terre et ses naseaux soufflaient le feu.

Le sanglier, les chiens, le roi passèrent comme une vision.

– Hallali, hallali! cria le roi en passant. Et il ramena son cor à ses lèvres sanglantes. À quelques pas de lui venaient le duc d’Alençon et deux piqueurs; seulement les chevaux des autres avaient renoncé ou ils s’étaient perdus.

Tout le monde partit sur la trace, car il était évident que le sanglier ne tarderait pas à tenir.

En effet, au bout de dix minutes à peine, le sanglier quitta le sentier qu’il suivait et se jeta dans le bois; mais, arrivé à une clairière, il s’accula à une roche et fit tête aux chiens.

Aux cris de Charles, qui l’avait suivi, tout le monde accourut.

On était arrivé au moment intéressant de la chasse. L’animal paraissait résolu à une défense désespérée. Les chiens, animés par une course de plus de trois heures, se ruaient sur lui avec un acharnement que redoublaient les cris et les jurons du roi.

Tous les chasseurs se rangèrent en cercle, le roi un peu en avant, ayant derrière lui le duc d’Alençon armé d’une arquebuse, et Henri qui n’avait que son simple couteau de chasse.

Le duc d’Alençon détacha son arquebuse du crochet et en alluma la mèche. Henri fit jouer son couteau de chasse dans le fourreau.

Quant au duc de Guise, assez dédaigneux de tous ces exercices de vénerie, il se tenait un peu à l’écart avec tous ses gentilshommes.

Les femmes réunies en groupe formaient une petite troupe qui faisait le pendant à celle du duc de Guise.

Tout ce qui était chasseur demeurait les yeux fixés sur l’animal, dans une attente pleine d’anxiété.

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