La Reine Margot Tome I
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Sur fond de guerres sanglantes, de Saint Barth?l?my ainsi que de la lutte entre Catherine de M?dicis et Henri de Navarre, la premi?re ?pouse de ce dernier, Marguerite de Valois, appel?e la reine Margot, entretient des intrigues amoureuses notoires et violentes… Roman historique qui reste avant tout un roman, ce livre nous fait sentir l'atmosph?re de cette ?poque et appr?hender l'histoire de notre pays!
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– Te menacer, toi, Henriette! il a osé?
– Eh! mordi! je le menaçais bien, moi! Au bout du compte, il a eu raison. Ainsi, tu le vois, dévoué jusqu’à un certain point, ou plutôt jusqu’à un point très incertain.
– Alors, nous verrons, dit Marguerite rêveuse, je parlerai à La Mole. Tu n’avais pas autre chose à me dire?
– Si fait: une chose des plus intéressantes et pour laquelle je suis venue. Mais, que veux-tu! tu as été me parler de choses plus intéressantes encore. J’ai reçu des nouvelles.
– De Rome?
– Oui, un courrier de mon mari.
– Eh bien, l’affaire de Pologne?
– Va à merveille, et tu vas probablement sous peu de jours être débarrassée de ton frère d’Anjou.
– Le pape a donc ratifié son élection?
– Oui, ma chère.
– Et tu ne me disais pas cela! s’écria Marguerite. Eh! vite, vite, des détails.
– Oh! ma foi, je n’en ai pas d’autres que ceux que je te transmets. D’ailleurs attends, je vais te donner la lettre de M. de Nevers. Tiens, la voilà. Eh! non, non; ce sont des vers d’Annibal, des vers atroces, ma pauvre Marguerite. Il n’en fait pas d’autres. Tiens, cette fois, la voici. Non, pas encore ceci: c’est un billet de moi que j’ai apporté pour que tu le lui fasses passer par La Mole. Ah! enfin, cette fois, c’est la lettre en question.
Et madame de Nevers remit la lettre à la reine. Marguerite l’ouvrit vivement et la parcourut; mais effectivement elle ne disait rien autre chose que ce qu’elle avait déjà appris de la bouche de son amie.
– Et comment as-tu reçu cette lettre? continua la reine.
– Par un courrier de mon mari qui avait ordre de toucher à l’hôtel de Guise avant d’aller au Louvre et de me remettre cette lettre avant celle du roi. Je savais l’importance que ma reine attachait à cette nouvelle, et j’avais écrit à M. de Nevers d’en agir ainsi. Tu vois, il a obéi, lui. Ce n’est pas comme ce monstre de Coconnas. Maintenant il n’y a donc dans tout Paris que le roi, toi et moi qui sachions cette nouvelle; à moins que l’homme qui suivait notre courrier…
– Quel homme?
– Oh! l’horrible métier! Imagine-toi que ce malheureux messager est arrivé las, défait, poudreux; il a couru sept jours, jour et nuit, sans s’arrêter un instant.
– Mais cet homme dont tu parlais tout à l’heure?
– Attends donc. Constamment suivi par un homme de mine farouche qui avait des relais comme lui et courait aussi vite que lui pendant ces quatre cents lieues, ce pauvre courrier a toujours attendu quelque balle de pistolet dans les reins. Tous deux sont arrivés à la barrière Saint-Marcel en même temps, tous deux ont descendu la rue Mouffetard au grand galop, tous deux ont traversé la Cité. Mais, au bout du pont Notre-Dame, notre courrier a pris à droite, tandis que l’autre tournait à gauche par la place du Châtelet, et filait par les quais du côté du Louvre comme un trait d’arbalète.
– Merci, ma bonne Henriette, merci, s’écria Marguerite. Tu avais raison, et voici de bien intéressantes nouvelles. Pour qui cet autre courrier? Je le saurai. Mais laisse-moi. À ce soir, rue Tizon, n’est-ce pas? et à demain la chasse; et surtout prends un cheval bien méchant pour qu’il s’emporte et que nous soyons seules. Je te dirai ce soir ce qu’il faut que tu tâches de savoir de ton Coconnas.
– Tu n’oublieras donc pas ma lettre? dit la duchesse de Nevers en riant.
– Non, non, sois tranquille, il l’aura et à temps. Madame de Nevers sortit, et aussitôt Marguerite envoya chercher Henri, qui accourut et auquel elle remit la lettre du duc de Nevers.
– Oh! oh! fit-il. Puis Marguerite lui raconta l’histoire du double courrier.
– Au fait, dit Henri, je l’ai vu entrer au Louvre.
– Peut-être était-il pour la reine mère?
– Non pas; j’en suis sûr, car j’ai été à tout hasard me placer dans le corridor, et je n’ai vu passer personne.
– Alors, dit Marguerite en regardant son mari, il faut que ce soit…
– Pour votre frère d’Alençon, n’est-ce pas? dit Henri.
– Oui; mais comment le savoir?
– Ne pourrait-on, demanda Henri négligemment, envoyer chercher un de ces deux gentilshommes et savoir par lui…
– Vous avez raison, Sire! dit Marguerite mise à son aise par la proposition de son mari; je vais envoyer chercher M. de La Mole… Gillonne! Gillonne!
La jeune fille parut.
– Il faut que je parle à l’instant même à M. de La Mole, lui dit la reine. Tâchez de le trouver et amenez-le.
Gillonne partit. Henri s’assit devant une table sur laquelle était un livre allemand avec des gravures d’Albert Dürer, qu’il se mit à regarder avec une si grande attention que lorsque La Mole vint, il ne parut pas l’entendre et ne leva même pas la tête.
De son côté, le jeune homme voyant le roi chez Marguerite demeura debout sur le seuil de la chambre, muet de surprise et pâlissant d’inquiétude.
Marguerite alla à lui.
– Monsieur de la Mole, demanda-t-elle, pourriez-vous me dire qui est aujourd’hui de garde chez M. d’Alençon?
– Coconnas, madame…, dit La Mole.
– Tâchez de me savoir de lui s’il a introduit chez son maître un homme couvert de boue et paraissant avoir fait une longue route à franc étrier.
– Ah! madame, je crains bien qu’il ne me le dise pas; depuis quelques jours il devient très taciturne.
– Vraiment! Mais en lui donnant ce billet, il me semble qu’il vous devra quelque chose en échange.
– De la duchesse!… Oh! avec ce billet, j’essaierai.
– Ajoutez dit Marguerite en baissant la voix, que ce billet lui servira de sauf-conduit pour entrer ce soir dans la maison que vous savez.
– Et moi, madame, dit tout bas La Mole, quel sera le mien?
– Vous vous nommerez, et cela suffira.
– Donnez, madame, donnez, dit La Mole tout palpitant d’amour; je vous réponds de tout. Et il partit.
– Nous saurons demain si le duc d’Alençon est instruit de l’affaire de Pologne, dit tranquillement Marguerite en se retournant vers son mari.
– Ce M. de La Mole est véritablement un gentil serviteur, dit le Béarnais avec ce sourire qui n’appartenait qu’à lui; et… par la messe! je ferai sa fortune.