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La Reine Margot Tome I

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La Reine Margot Tome I
Название: La Reine Margot Tome I
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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La Reine Margot Tome I читать книгу онлайн

La Reine Margot Tome I - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Sur fond de guerres sanglantes, de Saint Barth?l?my ainsi que de la lutte entre Catherine de M?dicis et Henri de Navarre, la premi?re ?pouse de ce dernier, Marguerite de Valois, appel?e la reine Margot, entretient des intrigues amoureuses notoires et violentes… Roman historique qui reste avant tout un roman, ce livre nous fait sentir l'atmosph?re de cette ?poque et appr?hender l'histoire de notre pays!

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– Mais, madame, pour réunir mes hommes?

– Vous avez bien une espèce de sergent que vous puissiez charger de ce soin?

– J’ai mon laquais, qui non seulement est un garçon fidèle, mais qui même m’a quelquefois aidé dans ces sortes d’entreprises.

– Envoyez-le chercher, et concertez-vous avec lui. Vous connaissez le cabinet des Armes du roi, n’est-ce pas? eh bien, on va vous servir là à déjeuner; là vous donnerez vos ordres.

Le lieu raffermira vos sens s’ils étaient ébranlés. Puis, quand mon fils reviendra de la chasse, vous passerez dans mon oratoire, où vous attendrez l’heure.

– Mais comment entrerons-nous dans la chambre? Le roi a sans doute quelque soupçon, et il s’enfermera en dedans.

– J’ai une double clef de toutes les portes, dit Catherine, et on a enlevé les verrous de celle de Henri. Adieu, monsieur de Maurevel; à tantôt. Je vais vous faire conduire dans le cabinet des Armes du roi. Ah! à propos! rappelez-vous que ce qu’un roi ordonne doit, avant toute chose, être exécuté; qu’aucune excuse n’est admise; qu’une défaite, même un insuccès compromettraient l’honneur du roi. C’est grave.

Et Catherine, sans laisser à Maurevel le temps de lui répondre, appela M. de Nancey, capitaine des gardes, et lui ordonna de conduire Maurevel dans le cabinet des Armes du roi.

– Mordieu! disait Maurevel en suivant son guide, je m’élève dans la hiérarchie de l’assassinat: d’un simple gentilhomme à un capitaine, d’un capitaine à un amiral, d’un amiral à un roi sans couronne. Et qui sait si je n’arriverai pas un jour à un roi couronné?…

XXXI La chasse à courre

Le piqueur qui avait détourné le sanglier et qui avait affirmé au roi que l’animal n’avait pas quitté l’enceinte ne s’était pas trompé. À peine le limier fut-il mis sur la trace, qu’il s’enfonça dans le taillis et que d’un massif d’épines il fit sortir le sanglier qui, ainsi que le piqueur l’avait reconnu à ses voies, était un solitaire, c’est-à-dire une bête de la plus forte taille.

L’animal piqua droit devant lui et traversa la route à cinquante pas du roi, suivi seulement du limier qui l’avait détourné. On découpla aussitôt un premier relais, et une vingtaine de chiens s’enfoncèrent à sa poursuite.

La chasse était la passion de Charles. À peine l’animal eut-il traversé la route qu’il s’élança derrière lui, sonnant la vue, suivi du duc d’Alençon et de Henri, à qui un signe de Marguerite avait indiqué qu’il ne devait point quitter Charles.

Tous les autres chasseurs suivirent le roi.

Les forêts royales étaient loin, à l’époque où se passe l’histoire que nous racontons, d’être, comme elles le sont aujourd’hui, de grands parcs coupés par des allées carrossables. Alors, l’exploitation était à peu près nulle. Les rois n’avaient pas encore eu l’idée de se faire commerçants et de diviser leurs bois en coupes, en taillis et en futaies. Les arbres, semés non point par de savants forestiers, mais par la main de Dieu, qui jetait la graine au caprice du vent, n’étaient pas disposés en quinconces, mais poussaient à leur loisir et comme ils font encore aujourd’hui dans une forêt vierge de l’Amérique. Bref, une forêt, à cette époque, était un repaire où il y avait à foison du sanglier, du cerf, du loup et des voleurs; et une douzaine de sentiers seulement, partant d’un point, étoilaient celle de Bondy, qu’une route circulaire enveloppait comme le cercle de la roue enveloppe les jantes.

En poussant la comparaison plus loin, le moyeu ne représenterait pas mal l’unique carrefour situé au centre du bois, et où les chasseurs égarés se ralliaient pour s’élancer de là vers le point où la chasse perdue reparaissait.

Au bout d’un quart d’heure, il arriva ce qui arrivait toujours en pareil cas: c’est que des obstacles presque insurmontables s’étant opposés à la course des chasseurs, les voix des chiens s’étaient éteintes dans le lointain, et le roi lui-même était revenu au carrefour, jurant et sacrant, comme c’était son habitude.

– Eh bien! d’Alençon, eh bien! Henriot, dit-il, vous voilà, mordieu, calmes et tranquilles comme des religieuses qui suivent leur abbesse. Voyez-vous, ça ne s’appelle point chasser, cela. Vous, d’Alençon, vous avez l’air de sortir d’une boîte, et vous êtes tellement parfumé que si vous passez entre la bête et mes chiens, vous êtes capable de leur faire perdre la voie. Et vous, Henriot, où est votre épieu, où est votre arquebuse? voyons.

– Sire, dit Henri, à quoi bon une arquebuse? Je sais que Votre Majesté aime à tirer l’animal quand il tient aux chiens. Quant à un épieu, je manie assez maladroitement cette arme, qui n’est point d’usage dans nos montagnes, où nous chassons l’ours avec le simple poignard.

– Par la mordieu, Henri, quand vous serez retourné dans vos Pyrénées, il faudra que vous m’envoyiez une pleine charretée d’ours, car ce doit être une belle chasse que celle qui se fait ainsi corps à corps avec un animal qui peut nous étouffer. Écoutez donc, je crois que j’entends les chiens. Non, je me trompais.

Le roi prit son cor et sonna une fanfare. Plusieurs fanfares lui répondirent. Tout à coup un piqueur parut qui fit entendre un autre air.

– La vue! la vue! cria le roi. Et il s’élança au galop, suivi de tous les chasseurs qui s’étaient ralliés à lui. Le piqueur ne s’était pas trompé. À mesure que le roi s’avançait, on commençait d’entendre les aboiements de la meute, composée alors de plus de soixante chiens, car on avait successivement lâché tous les relais placés dans les endroits que le sanglier avait déjà parcourus. Le roi le vit passer pour la seconde fois, et, profitant d’une haute futaie, se jeta sous bois après lui, donnant du cor de toutes ses forces. Les princes le suivirent quelque temps. Mais le roi avait un cheval si vigoureux, emporté par son ardeur il passait par des chemins tellement escarpés, par des taillis si épais, que d’abord les femmes, puis le duc de Guise et ses gentilshommes, puis les deux princes, furent forcés de l’abandonner. Tavannes tint encore quelque temps; mais enfin il y renonça à son tour.

Tout le monde, excepté Charles et quelques piqueurs qui, excités par une récompense promise, ne voulaient pas quitter le roi, se retrouva donc dans les environs du carrefour.

Les deux princes étaient l’un près de l’autre dans une longue allée. À cent pas d’eux, le duc de Guise et ses gentilshommes avaient fait halte. Au carrefour se tenaient les femmes.

– Ne semblerait-il pas, en vérité, dit le duc d’Alençon à Henri en lui montrant du coin de l’œil le duc de Guise, que cet homme, avec son escorte bardée de fer, est le véritable roi? Pauvres princes que nous sommes, il ne nous honore pas même d’un regard.

– Pourquoi nous traiterait-il mieux que ne nous traitent nos propres parents? répondit Henri. Eh! mon frère! ne sommes-nous pas, vous et moi, des prisonniers à la cour de France, des otages de notre parti?

Le duc François tressaillit à ces mots, et regarda Henri comme pour provoquer une plus large explication; mais Henri s’était plus avancé qu’il n’avait coutume de le faire, et il garda le silence.

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