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La Reine Margot Tome I

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La Reine Margot Tome I
Название: La Reine Margot Tome I
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 260
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La Reine Margot Tome I читать книгу онлайн

La Reine Margot Tome I - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Sur fond de guerres sanglantes, de Saint Barth?l?my ainsi que de la lutte entre Catherine de M?dicis et Henri de Navarre, la premi?re ?pouse de ce dernier, Marguerite de Valois, appel?e la reine Margot, entretient des intrigues amoureuses notoires et violentes… Roman historique qui reste avant tout un roman, ce livre nous fait sentir l'atmosph?re de cette ?poque et appr?hender l'histoire de notre pays!

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XXVIII La lettre de Rome

Quelques jours s’étaient écoulés depuis les événements que nous venons de raconter, lorsqu’un matin une litière escortée de plusieurs gentilshommes aux couleurs de M. de Guise entra au Louvre, et que l’on vint annoncer à la reine de Navarre que madame la Duchesse de Nevers sollicitait l’honneur de lui faire sa cour.

Marguerite recevait la visite de madame de Sauve. C’était la première fois que la belle baronne sortait depuis sa prétendue maladie. Elle avait su que la reine avait manifesté à son mari une grande inquiétude de cette indisposition, qui avait été pendant près d’une semaine le bruit de la cour, et elle venait la remercier.

Marguerite la félicitait sur sa convalescence et sur le bonheur qu’elle avait eu d’échapper à l’accès subit de ce mal étrange dont, en sa qualité de fille de France, elle ne pouvait manquer d’apprécier toute la gravité.

– Vous viendrez, j’espère, à cette grande chasse déjà remise une fois, demanda Marguerite, et qui doit avoir lieu définitivement demain. Le temps est doux pour un temps d’hiver. Le soleil a rendu la terre plus molle, et tous nos chasseurs prétendent que ce sera un jour des plus favorables.

– Mais, madame, dit la baronne, je ne sais si je serai assez bien remise.

– Bah! reprit Marguerite, vous ferez un effort; puis, comme je suis une guerrière, moi, j’ai autorisé le roi à disposer d’un petit cheval de Béarn que je devais monter et qui vous portera à merveille. N’en avez-vous point encore entendu parler?

– Si fait, madame, mais j’ignorais que ce petit cheval eût été destiné à l’honneur d’être offert à Votre Majesté: sans cela je ne l’eusse point accepté.

– Par orgueil, baronne?

– Non, madame, tout au contraire, par humilité.

– Donc, vous viendrez?

– Votre Majesté me comble d’honneur. Je viendrai puisqu’elle l’ordonne.

Ce fut en ce moment qu’on annonça madame la duchesse de Nevers. À ce nom Marguerite laissa échapper un tel mouvement de joie, que la baronne comprit que les deux femmes avaient à causer ensemble, et elle se leva pour se retirer.

– À demain donc, dit Marguerite.

– À demain, madame.

– À propos! vous savez, baronne, continua Marguerite en la congédiant de la main, qu’en public je vous déteste, attendu que je suis horriblement jalouse.

– Mais en particulier? demanda madame de Sauve.

– Oh! en particulier, non seulement je vous pardonne, mais encore je vous remercie.

– Alors, Votre Majesté permettra…

Marguerite lui tendit la main, la baronne la baisa avec respect, fit une révérence profonde et sortit.

Tandis que madame de Sauve remontait son escalier, bondissant comme un chevreau dont on a rompu l’attache, madame de Nevers échangeait avec la reine quelques saluts cérémonieux qui donnèrent le temps aux gentilshommes qui l’avaient accompagnée jusque-là de se retirer.

– Gillonne, cria Marguerite lorsque la porte se fut refermée sur le dernier, Gillonne, fais que personne ne nous interrompe.

– Oui, dit la duchesse, car nous avons à parler d’affaires tout à fait graves.

Et, prenant un siège, elle s’assit sans façon, certaine que personne ne viendrait déranger cette intimité convenue entre elle et la reine de Navarre, prenant sa meilleure place du feu et du soleil.

– Eh bien, dit Marguerite avec un sourire, notre fameux massacreur, qu’en faisons-nous?

– Ma chère reine, dit la duchesse, c’est sur mon âme un être mythologique. Il est incomparable en esprit et ne tarit jamais. Il a des saillies qui feraient pâmer de rire un saint dans sa châsse. Au demeurant, c’est le plus furieux païen qui ait jamais été cousu dans la peau d’un catholique! j’en raffole. Et toi, que fais-tu de ton Apollo?

– Hélas! fit Marguerite avec un soupir.

– Oh! oh! que cet hélas m’effraie, chère reine! est-il donc trop respectueux ou trop sentimental, ce gentil La Mole? Ce serait, je suis forcée de l’avouer, tout le contraire de son ami Coconnas.

– Mais non, il a ses moments, dit Marguerite, et cet hélas ne se rapporte qu’à moi.

– Que veut-il dire alors?

– Il veut dire, chère duchesse, que j’ai une peur affreuse de l’aimer tout de bon.

– Vraiment?

– Foi de Marguerite!

– Oh! tant mieux! la joyeuse vie que nous allons mener alors! s’écria Henriette; aimer un peu, c’était mon rêve; aimer beaucoup c’était le tien. C’est si doux, chère et docte reine, de se reposer l’esprit par le cœur, n’est-ce pas? et d’avoir après le délire le sourire. Ah! Marguerite, j’ai le pressentiment que nous allons passer une bonne année.

– Crois-tu? dit la reine; moi, tout au contraire, je ne sais pas comment cela se fait, je vois les choses à travers un crêpe. Toute cette politique me préoccupe affreusement. À propos, sache donc si ton Annibal est aussi dévoué à mon frère qu’il paraît l’être. Informe-toi de cela, c’est important.

– Lui, dévoué à quelqu’un ou à quelque chose! on voit bien que tu ne le connais pas comme moi. S’il se dévoue jamais à quelque chose, ce sera à son ambition et voilà tout. Ton frère est-il homme à lui faire de grandes promesses, oh! alors, très bien: il sera dévoué à ton frère; mais que ton frère, tout fils de France qu’il est, prenne garde de manquer aux promesses qu’il lui aura faites, ou sans cela, ma foi, gare à ton frère!

– Vraiment?

– C’est comme je te le dis. En vérité, Marguerite, il y a des moments où ce tigre que j’ai apprivoisé me fait peur à moi-même. L’autre jour, je lui disais: Annibal, prenez-y garde, ne me trompez pas, car si vous me trompiez!… Je lui disais cependant cela avec mes yeux d’émeraude qui ont fait dire à Ronsard:

La duchesse de Nevers

Aux yeux verts

Qui, sous leur paupière blonde,

Lancent sur nous plus d’éclairs

Que ne font vingt Jupiters

Dans les airs,

Lorsque la tempête gronde.

– Eh bien?

– Eh bien! je crus qu’il allait me répondre: Moi, vous tromper! moi, jamais! etc., etc. Sais-tu ce qu’il m’a répondu?

– Non.

– Eh bien, juge l’homme: Et vous, a-t-il répondu, si vous me trompiez, prenez garde aussi; car, toute princesse que vous êtes… Et, en disant ces mots, il me menaçait, non seulement des yeux, mais de son doigt sec et pointu, muni d’un ongle taillé en fer de lance, et qu’il me mit presque sous le nez. En ce moment, ma pauvre reine, je te l’avoue, il avait une physionomie si peu rassurante que j’en tressaillis, et, tu le sais, cependant je ne suis pas trembleuse.

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