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Fernande

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Fernande
Название: Fernande
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Fernande читать книгу онлайн

Fernande - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

La baronne de Barth?le attend son vieil ami et amant le comte de Montgiroux, pair de France. Son fils Maurice, mari? ? la ni?ce du comte, se meurt de fi?vre c?r?brale. Sur la suggestion du m?decin de Maurice, la baronne a accept? de faire venir ? son ch?teau Mme Ducoudray qui pourrait apaiser la fi?vre du mourant. ? son arriv?e, la dame apprend le but de sa visite, sauver Maurice – Maurice, pr?nom qui ne lui est pas inconnu. Le comte d?couvre lui que Mme Ducoudray n'autre que Fernande,la courtisane qu’il a pris pour ma?tresse. Arrive ensuite Mme de Neuilly, parente de la baronne, veuve envieuse qui reconna?t en Fernande une ancienne pensionnaire d’orphelinat et qui voudrait bien savoir comment elle s'y est pris pour faire ce riche mariage avec M. Ducoudray. Elle r?v?le que Fernande est de sang noble, fille de la famille de Mormant. Par son entremise, Fernande apprend ? son tour que Maurice est en fait le fils du baron…

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Elle rentra dans sa chambre, s’agenouilla, récita la prière qu’on lui avait apprise dans son enfance sans que la moindre pensée importune vînt la distraire ou de sa pieuse intention, ou des paroles qu’elle prononçait, ou du sens qu’elle devait y attacher. Les formules générales ont cela de sublime, qu’elles tendent toujours au but évangélique, qu’elles courbent l’orgueil humain sous une discipline générale, qu’elles rappellent des misères communes à tous les enfants du même père, et qu’elles promettent des récompenses célestes indépendantes des distinctions sociales. Tout ce qui ramène à l’égalité fraternelle du christianisme, à ce point de départ de la société moderne, est d’un effet salutaire, quelle que soit d’ailleurs la disposition de l’âme, et dans quelque position mondaine qu’on se trouve. Ce n’est jamais inutilement qu’on s’unit par un acte de foi au grand nombre de ceux qui souffrent, qui croient et qui espèrent, car le bonheur nous doit toujours venir des autres, et l’égoïsme n’est qu’une négation stérile, au point de vue de Dieu, comme au point de vue de l’homme.

Fernande, en finissant sa prière d’autrefois, se releva, comme autrefois, l’esprit libre, l’âme limpide, le cœur sanctifié; elle s’arrêta un instant, regardant autour d’elle avec un doux et mélancolique sourire, s’enveloppa de son châle, prit son chapeau, et descendit d’un pas léger dans le vestibule où son valet de chambre devait l’attendre.

– Eh bien, lui dit-elle en l’apercevant, avez-vous trouvé une voiture?

– Oui, madame, répondit le valet de chambre; elle est là, à quelques pas de la maison. Mais, j’ai honte de le dire à madame, je n’ai pu trouver, au lieu de calèche ou de cabriolet, qu’un abominable coucou. J’ai grand’peur que madame n’y soit affreusement mal; cependant, comme elle m’avait dit à toute force qu’elle voulait partir…

– Bien, bien, Germain, dit Fernande, vous avez suivi ponctuellement mes instructions. Vous savez que j’aime qu’on agisse ainsi. Rassurez-vous donc, je serai à merveille.

– Et puis la nuit est froide, reprit le valet de chambre, et madame n’a que son châle, pas de pelisse, pas de coiffe, pas de manteau.

– N’importe, Germain, partons.

Le ton dont Fernande prononça ce mot interdisait au valet de chambre toute observation nouvelle. Aussi se hâta-t-il de marcher devant Fernande en la guidant du vestibule dans la cour et de la cour dans le jardin. Un domestique de madame de Barthèle tenait ouverte une petite porte située à quelques pas de la maison du jardinier, et qui donnait sur la campagne.

Arrivée au seuil de cette porte, Fernande aperçut le véhicule populaire qui lui était destiné. Le cheval secouait ses grelots, et le cocher battait des mains pour chasser le froid.

Fernande, à la grande honte de Germain, monta dans la voiture, s’accouda dans un coin et bientôt, perdue dans ses réflexions, oublia les cahots incessants, le bruit monotone des grelots et les excitations énergiques du cocher. Un événement trop grave s’accomplissait à cette heure même de sa vie, pour qu’elle songeât à toutes ces petites misères. Ce travail de la pensée fut, au reste, si actif et si puissant que, pendant tout le temps du trajet, elle oublia jusqu’au froid que craignait Germain, et qu’elle arriva à la porte de la maison qu’elle habitait sans pouvoir se rendre compte ni du temps écoulé ni de la distance parcourue.

On réveilla les femmes de chambre. Fernande refusa de se mettre au lit. Un feu vif et une boisson chaude ramenèrent la chaleur absente; puis, elle fit approcher une table, du papier, une plume et de l’encre, et écrivit à son notaire de s’apprêter à la recevoir immédiatement pour affaire urgente.

Le jour commençait à poindre. Tandis que le valet de chambre portait au notaire la missive de sa maîtresse avec ordre de le réveiller, Fernande prit la robe la plus modeste parmi ses robes, dépouilla celle qu’elle portait, et, cette courte toilette terminée, ordonna à sa femme de chambre de rassembler le linge nécessaire à un voyage de quelques semaines.

– Oh! mon Dieu! s’écria la camériste étonnée, madame part-elle donc si brusquement?

– À neuf heures, répondit Fernande, je désire avoir quitté Paris.

– Si c’est aux eaux que madame se rend, reprit la femme de chambre, je ferai observer que rien n’est encore terminé pour ses toilettes d’été.

– Ce n’est pas aux eaux que je vais, je n’ai pas besoin de toilettes.

– Alors c’est donc simplement un séjour d’une semaine ou deux que madame compte faire à la campagne?

– Faites ce que j’ordonne, et ne me questionnez pas, dit Fernande.

– Madame me dira au moins quelles robes et quels chapeaux je dois emballer.

– Je vous demande le linge qui m’est nécessaire, et rien de plus; une malle légère, un sac de voyage même me suffira.

– Mais madame aurait bien dû me prévenir à l’avance, dit la femme de chambre avec cette ténacité particulière aux valets.

– Et pourquoi cela, mademoiselle, je vous prie? demanda Fernande.

– Parce que je n’ai rien de prêt pour moi-même.

– Vous ne m’accompagnerez pas.

À cette réponse brève et sévère, les larmes jaillirent des yeux de la pauvre fille. Fernande, froide et grave avec les gens de son service, était cependant essentiellement bonne pour eux, et ses domestiques l’adoraient.

– Oh! mon Dieu! mon Dieu! s’écria-t-elle, est-ce que j’aurais eu le malheur de déplaire à madame?

– Non, dit Fernande, touchée de l’exclamation douloureuse avec laquelle la pauvre femme de chambre avait prononcé ces paroles; non, Louise; vous êtes une brave et digne fille, au contraire; vous m’avez servie avec zèle et dévouement, je vous remercie de tous vos soins. Soyez tranquille, je ne serai point ingrate; mes derniers ordres vous seront transmis par mon notaire.

– Mais enfin, madame, pardon si je questionne encore, mais il me semble que cette demande est indispensable; quand M. le comte viendra que lui dirai-je?

Fernande rougit jusqu’au blanc des yeux; puis, reprenant sa puissance habituelle sur elle-même:

– Vous lui direz, Louise, que j’ai quitté Paris ce matin pour n’y revenir jamais.

La femme de chambre joignit les mains avec un geste désespéré.

– Maintenant, dit Fernande, faites un trousseau de toutes mes clefs et donnez-le-moi.

La femme de chambre obéit et remit le trousseau à sa maîtresse, qui lui ordonna de la laisser seule.

Elle se retira.

Fernande alors alla ouvrir, avec une petite clef de vermeil qu’elle portait à sa châtelaine, le tiroir d’une charmante table en bois de rose incrustée de porcelaine de Sèvres; elle y prit un petit sachet de satin blanc brodé de perles et fermé par une agrafe, et le mit dans son corset. C’était dans ce sachet qu’étaient renfermées les quelques lettres que Maurice lui avait écrites pendant leur courte liaison; puis elle referma le tiroir, y plaça le trousseau de clefs, alla ouvrir un secrétaire, brûla tous les papiers qui s’y trouvaient, prit un petit portefeuille contenant cinq ou six mille francs en billets de banque, et mit dans sa poche une cinquantaine de louis qu’elle retrouva au fond d’un tiroir. Bientôt on vint lui annoncer que sa voiture était prête, elle s’enveloppa d’un grand manteau, descendit, et ordonna de toucher droit chez son notaire.

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