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Fernande

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Fernande
Название: Fernande
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Fernande читать книгу онлайн

Fernande - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

La baronne de Barth?le attend son vieil ami et amant le comte de Montgiroux, pair de France. Son fils Maurice, mari? ? la ni?ce du comte, se meurt de fi?vre c?r?brale. Sur la suggestion du m?decin de Maurice, la baronne a accept? de faire venir ? son ch?teau Mme Ducoudray qui pourrait apaiser la fi?vre du mourant. ? son arriv?e, la dame apprend le but de sa visite, sauver Maurice – Maurice, pr?nom qui ne lui est pas inconnu. Le comte d?couvre lui que Mme Ducoudray n'autre que Fernande,la courtisane qu’il a pris pour ma?tresse. Arrive ensuite Mme de Neuilly, parente de la baronne, veuve envieuse qui reconna?t en Fernande une ancienne pensionnaire d’orphelinat et qui voudrait bien savoir comment elle s'y est pris pour faire ce riche mariage avec M. Ducoudray. Elle r?v?le que Fernande est de sang noble, fille de la famille de Mormant. Par son entremise, Fernande apprend ? son tour que Maurice est en fait le fils du baron…

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Alexandre Dumas

Fernande

Fernande - pic_1.jpg

1844

Édition Michel Lévy Frères, 1865

CHAPITRE I

On était au mois de mai 1835. Il faisait une de ces joyeuses journées de printemps pendant lesquelles Paris commence à se dépeupler, tant tout ce qui n’est point condamné à la capitale à perpétuité a hâte d’aller jouir de cette belle et fraîche verdure qui, chez nous, vient si tard et dure si peu.

Une femme de quarante-cinq à quarante-huit ans, sur la figure de laquelle on voyait encore des restes d’une beauté remarquable, dont la toilette indiquait le goût le plus parfait, et dont les moindres gestes dénonçaient les habitudes aristocratiques, se tenait debout sur le perron d’une charmante maison de campagne située à l’extrémité du village de Fontenay-aux-Roses, tandis qu’une voiture armoriée, attelée de deux alezans clairs, s’arrêtait devant la première marche de ce perron.

– Ah! vous voilà enfin, mon cher comte! s’écria-t-elle en s’adressant à un homme d’une soixantaine d’années, qui s’élançait du marchepied sur les degrés avec une légèreté affectée et qui franchissait aussi rapidement qu’il lui était possible l’espace qui le séparait d’elle; – vous voilà! Je vous attendais avec une si grande impatience! Je vous jure que c’est la dixième fois que je sors depuis une heure pour voir si vous n’arriviez pas.

– J’ai demandé mes chevaux aussitôt que votre billet m’a été remis, chère baronne, dit le comte en baisant avec galanterie la main de son interlocutrice, et j’ai fort grondé Germain de ne pas m’avoir éveillé aussitôt qu’il était arrivé.

– Vous auriez dû bien plutôt gronder Germain de ne pas vous l’avoir donné avant que vous fussiez endormi, car le billet est chez vous depuis hier au soir.

– Véritablement? dit le comte. Eh bien voyez comme on est servi! Cependant ce n’est que ce matin à huit heures que le drôle, en entrant dans ma chambre, me l’a remis. Vous voyez que je n’ai pas perdu de temps, car à peine en est-il neuf. Or, maintenant me voilà chère baronne; disposez de moi, je suis tout à vos ordres.

– C’est bien. Renvoyez vos gens et votre voiture: nous vous gardons.

– Comment, vous me gardez?

– Oui, je vous en préviens.

– La journée entière?

– Et la soirée, et la matinée de demain. Je vous le disais dans ma lettre, mon cher comte; nous avons absolument besoin de vous.

Quelle que fût sur lui-même la puissance de M. de Montgiroux – tel était le nom du comte – il n’en fit pas moins une grimace involontaire. En effet, il venait de se rappeler que c’était jour d’Opéra; mais, dissimulant de son mieux cette contrariété qu’il n’avait pu prévoir et qu’il n’était plus maître d’éviter, il songea aussitôt à appeler à son aide quelque subterfuge à l’aide duquel il pût honnêtement se tirer d’embarras.

– Oh! mon Dieu, je suis aux regrets de vous refuser, mon excellente amie, dit-il; mais ce que vous me demandez là est impossible, de toute impossibilité; nous sommes aujourd’hui vendredi 26; justement je suis d’une commission, mes collègues m’attendent: il s’agit de la loi que nous allons discuter.

– On la discutera sans vous, mon cher comte; un pair de moins, une chance de plus pour le public. Mais il s’agit ici du bonheur particulier, la seule chose importante dans cette époque, où il faut être égoïste pour faire comme tout le monde. Venez, venez voir notre malade.

– Eh! ma chère Eugénie, s’écria M. de Montgiroux avec un mouvement d’impatience encore plus marqué cette fois que la première, je ne suis pas médecin, moi!

Cette exclamation avait été faite sur un ton de mauvaise humeur trop évident pour qu’il échappât à la perspicacité d’une femme. Madame de Barthèle prit donc un air sérieux, et répondit:

– Monsieur le comte, il est question de mon fils, du mari de votre nièce, entendez-vous? de notre Maurice.

– Il ne va donc pas mieux? demanda M. de Montgiroux d’un ton tout à fait radouci.

– Hier encore, on pouvait craindre que sa maladie ne fût mortelle, voilà tout.

– Ah! mon Dieu! Mais j’étais loin de penser que sa situation donnât de véritables inquiétudes.

– Parce qu’il y a huit jours qu’on ne vous a vu, ingrat! dit la baronne d’un ton de reproche, parce qu’on ne sait plus ce que vous devenez, parce qu’il faut vous écrire maintenant quand on veut vous avoir une minute; et encore, cette minute se passe-t-elle à discuter le temps que vous resterez et l’heure de votre départ.

– Mais enfin, qu’a-t-il, ce cher enfant? demanda le comte.

– Ce n’était d’abord qu’une simple mélancolie; bientôt ce fut de la langueur, puis le dégoût de tout; enfin, malgré nos soins, la fièvre vient de s’emparer de lui, et, après la fièvre, le délire.

– C’est extraordinaire chez un homme, dit le comte d’un air pensif. Et quelle peut être la cause de cette mélancolie?

– Rassurez-vous, nous la connaissons à cette heure, et nous le guérirons. Le docteur, qui est non seulement un homme de talent, mais encore un homme d’esprit, répond de le sauver. Le sauver! comprenez-vous, mon ami, tout ce que ce mot contient de joie pour le cœur d’une mère?

– Ainsi, il n’y a plus de danger? demanda le comte.

– C’est-à-dire qu’on n’espérait plus hier, et qu’on espère aujourd’hui, répondit la baronne, qui comprenait l’intention de M. de Montgiroux; mais c’est justement ce mieux qui fait que nous avons besoin de vous. Je vais donc donner des ordres pour que vous restiez.

Le comte se remit à grimacer son air réfléchi.

– Rester! reprit-il; mais je vous l’ai dit, c’est chose véritablement impossible.

– Monsieur, reprit madame de Barthèle, vous savez fort bien qu’il n’y a d’impossible en choses de ce genre que les choses qu’on ne veut pas faire. Voyons, parlez; qu’avez-vous? à qui songez-vous? qui vous préoccupe à ce point que la vie de notre fils vous soit devenue d’une importance secondaire?

– Mon Dieu, non, chère amie; vous vous exagérez mon refus, qui, au reste, n’en est pas un, répondit gravement le digne personnage; je cherche à concilier seulement votre désir et mon devoir. Écoutez, voyons, faites-nous dîner plus tôt qu’à l’ordinaire; je partirai à sept heures, et, si vous avez absolument besoin de moi dans la soirée, je serai de retour à dix heures et demie au plus tard; et, en vérité, chère baronne, je vous jure qu’il faut des circonstances de l’importance de celles dans lesquelles je me trouve…

– Pas un mot de plus sur ce sujet, interrompit madame de Barthèle; c’est chose dite, convenue, arrangée, et tout à l’heure vous allez comprendre vous-même combien votre présence est nécessaire ici.

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