Le Chevalier De Maison-Rouge

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Le Chevalier De Maison-Rouge
Название: Le Chevalier De Maison-Rouge
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Le Chevalier De Maison-Rouge - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Un des livres consacr?s par Dumas ? la R?volution Fran?aise. L'action se passe en 1793. Le jacobin Maurice Lindey, officier dans la garde civique, sauve des investigations d'une patrouille une jeune et belle inconnue, qui garde l'anonymat. Prisonni?re au Temple, o? r?gne le cordonnier Simon, ge?lier du dauphin, Marie-Antoinette re?oit un billet lui annon?ant que le chevalier de Maison-Rouge pr?pare son enl?vement…

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C’était une maison située à peu près où est aujourd’hui le numéro 20, s’élevant à une hauteur de trois étages, et surmontée d’une mansarde. Le bas avait été loué autrefois à un marchand de vin, et possédait des caves magnifiques.

Le propriétaire vanta surtout les caves; c’était la partie remarquable de la maison. Dixmer et Morand parurent attacher un médiocre intérêt à ces caves, et cependant tous deux, comme par complaisance, descendirent dans ce que le propriétaire appelait ses souterrains.

Contre l’habitude des propriétaires, celui-là n’avait point menti; les caves étaient superbes: l’une d’elles s’étendait jusque sous la rue de la Corderie, et l’on entendait de cette cave rouler les voitures au-dessus de la tête.

Dixmer et Morand parurent médiocrement apprécier cet avantage, et parlèrent même de faire combler les caveaux, qui, excellents pour un marchand de vin, devenaient inutiles à de bons bourgeois qui comptaient occuper toute la maison.

Après les caves, on visita le premier, puis le second, puis le troisième: du troisième, on plongeait complètement dans le jardin du Temple; il était, comme d’habitude, envahi par la garde nationale, qui en avait la jouissance depuis que la reine ne s’y promenait plus.

Dixmer et Morand reconnurent leur amie, la veuve Plumeau, faisant, avec son activité ordinaire, les honneurs de sa cantine. Mais, sans doute, leur désir d’être à leur tour reconnus par elle n’était pas grand, car ils se tinrent cachés derrière le propriétaire, qui leur faisait remarquer les avantages de cette vue aussi variée qu’agréable.

L’acquéreur demanda alors à voir les mansardes.

Le propriétaire ne s’était sans doute pas attendu à cette exigence, car il n’avait pas la clef; mais, attendri par la liasse d’assignats qu’on lui avait montrée, il descendit aussitôt la chercher.

– Je ne m’étais pas trompé, dit Morand, et cette maison fait à merveille notre affaire.

– Et la cave, qu’en dites-vous?

– Que c’est un secours de la Providence, qui nous épargnera deux jours de travail.

– Croyez-vous qu’elle soit dans la direction de la cantine?

– Elle incline un peu à gauche, mais n’importe.

– Mais, demanda Dixmer, comment pourrez-vous suivre votre ligne souterraine avec certitude d’aboutir où vous voulez?

– Soyez tranquille, cher ami, cela me regarde.

– Si nous donnions toujours d’ici le signal que nous veillons?

– Mais, de la plate-forme, la reine ne pourrait point le voir; car les mansardes seules, je crois, sont à la hauteur de la plate-forme, et encore j’en doute.

– N’importe, dit Dixmer; ou Toulan, ou Mauny peuvent le voir d’une ouverture quelconque, et ils préviendront Sa Majesté.

Et Dixmer fit des nœuds au bas d’un rideau de calicot blanc, et fit passer le rideau par la fenêtre, comme si le vent l’avait poussé.

Puis tous deux, comme impatients de visiter les mansardes, allèrent attendre le propriétaire sur l’escalier, après avoir tiré la porte du troisième afin qu’il ne prit pas l’idée au digne homme de faire rentrer son rideau flottant.

Les mansardes, comme l’avait prévu Morand, n’atteignaient pas encore la hauteur du sommet de la tour. C’était à la fois une difficulté et un avantage: une difficulté, parce qu’on ne pouvait point communiquer par signes avec la reine; un avantage, parce que cette impossibilité écartait toute suspicion.

Les maisons hautes étaient naturellement les plus surveillées.

Il faudrait, par Mauny, Toulan ou la fille Tison, trouver un moyen de lui faire dire de se tenir sur ses gardes, murmura Dixmer.

– Je songerai à cela, répondit Morand.

On descendit; le notaire attendait au salon avec le contrat tout signé.

– C’est bien, dit Dixmer; la maison me convient. Comptez au citoyen les dix-neuf mille cinq cents livres convenues, et faites-le signer.

Le propriétaire compta scrupuleusement la somme et signa.

– Tu sais, citoyen, dit Dixmer, que la clause principale est que la maison me sera remise ce soir même, afin que je puisse, dès demain, y mettre les ouvriers.

– Et je m’y conformerai, citoyen; tu peux en emporter les clefs; ce soir, à huit heures, elle sera parfaitement libre.

– Ah! pardon, fit Dixmer, ne m’as-tu pas dit, citoyen notaire, qu’il y avait une sortie dans la rue Porte-Foin?

– Oui, citoyen, dit le propriétaire; mais je l’ai fait fermer, car, n’ayant qu’un officieux, le pauvre diable avait trop de fatigue, forcé qu’il était de veiller à deux portes. Au reste, la sortie est pratiquée de manière qu’on puisse la pratiquer de nouveau avec un travail de deux heures à peine. Voulez-vous vous en assurer, citoyens?

– Merci, c’est inutile, reprit Dixmer; je n’attache aucune importance à cette sortie.

Et tous deux se retirèrent après avoir fait, pour la troisième fois, renouveler au propriétaire sa promesse de laisser l’appartement vide pour huit heures du soir.

À neuf heures, tous deux revinrent, suivis à distance par cinq ou six hommes, auxquels, au milieu de la confusion qui régnait dans Paris, nul ne fit attention.

Ils entrèrent d’abord tous deux: le propriétaire avait tenu parole, la maison était complètement vide.

On ferma les contrevents avec le plus grand soin; on battit le briquet et l’on alluma des bougies que Morand avait apportées dans sa poche.

Les uns après les autres, les cinq ou six hommes entrèrent. C’étaient les convives ordinaires du maître tanneur, les mêmes contrebandiers qui, un soir, avaient voulu tuer Maurice, et qui, depuis, étaient devenus ses amis.

On ferma les portes et l’on descendit à la cave.

Cette cave, tant méprisée dans la journée, était devenue, le soir, la partie importante de la maison.

On boucha d’abord toutes les ouvertures par lesquelles un regard curieux pouvait plonger dans l’intérieur.

Puis Morand dressa sur-le-champ un tonneau vide, et sur un papier se mit à tracer au crayon des lignes géométriques.

Pendant qu’il traçait ces lignes, ses compagnons, conduits par Dixmer, sortaient de la maison, suivaient la rue de la Corderie, et, au coin de la rue de Beauce, s’arrêtaient devant une voiture couverte.

Dans cette voiture était un homme qui distribua silencieusement à chacun un instrument de pionnier: à l’un, une bêche; à l’autre, une pioche; à celui-ci, un levier; à celui-là, un hoyau. Chacun cacha l’instrument qu’on lui avait remis, soit sous sa houppelande, soit sous son manteau. Les mineurs reprirent le chemin de la petite maison, et la voiture disparut.

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