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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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Glenarvan avait interrogé l’indien sur leur situation presque désespérée.

«Et qu’a-t-il répondu? demanda Robert Grant.

– Il a dit que, coûte que coûte, il fallait tenir jusqu’au lever du jour. L’aguara ne sort que la nuit, et, le matin venu, il rentre dans son repaire. C’est le loup des ténèbres, une bête lâche qui a peur du grand jour, un hibou à quatre pattes!

– Eh bien, défendons-nous jusqu’au jour!

– Oui, mon garçon, et à coups de couteau, quand nous ne pourrons plus le faire à coups de fusil.»

Déjà Thalcave avait donné l’exemple, et lorsqu’un loup s’approchait du brasier, le long bras armé du patagon traversait la flamme et en ressortait rouge de sang.

Cependant les moyens de défense allaient manquer.

Vers deux heures du matin, Thalcave jetait dans le brasier la dernière brassée de combustible, et il ne restait plus aux assiégés que cinq coups à tirer.

Glenarvan porta autour de lui un regard douloureux.

Il songea à cet enfant qui était là, à ses compagnons, à tous ceux qu’il aimait. Robert ne disait rien. Peut-être le danger n’apparaissait-il pas imminent à sa confiante imagination. Mais Glenarvan y pensait pour lui, et se représentait cette perspective horrible, maintenant inévitable, d’être dévoré vivant! Il ne fut pas maître de son émotion; il attira l’enfant sur sa poitrine, il le serra contre son cœur, il colla ses lèvres à son front, tandis que des larmes involontaires coulaient de ses yeux.

Robert le regarda en souriant.

«Je n’ai pas peur! dit-il.

– Non! mon enfant, non, répondit Glenarvan, et tu as raison. Dans deux heures, le jour viendra, et nous serons sauvés! – bien, Thalcave, bien, mon brave patagon!» s’écria-t-il au moment où l’indien tuait à coups de crosse deux énormes bêtes qui tentaient de franchir la barrière ardente.

Mais, en ce moment, la lueur mourante du foyer lui montra la bande des aguaras qui marchait en rangs pressés à l’assaut de la ramada.

Le dénoûment de ce drame sanglant approchait; le feu tombait peu à peu, faute de combustible; la flamme baissait; la plaine, éclairée jusqu’alors, rentrait dans l’ombre, et dans l’ombre aussi reparaissaient les yeux phosphorescents des loups rouges. Encore quelques minutes, et toute la horde se précipiterait dans l’enceinte.

Thalcave déchargea pour la dernière fois sa carabine, jeta un ennemi de plus à terre, et, ses munitions épuisées, il se croisa les bras. Sa tête s’inclina sur sa poitrine. Il parut méditer silencieusement. Cherchait-il donc quelque moyen hardi, impossible, insensé, de repousser cette troupe furieuse? Glenarvan n’osait l’interroger.

En ce moment, un changement se produisit dans l’attaque des loups. Ils semblèrent s’éloigner, et leurs hurlements, si assourdissants jusqu’alors, cessèrent subitement. Un morne silence s’étendit sur la plaine.

«Ils s’en vont! dit Robert.

– Peut-être», répondit Glenarvan, qui prêta l’oreille aux bruits du dehors.

Mais Thalcave, devinant sa pensée, secoua la tête.

Il savait bien que les animaux n’abandonneraient pas une proie assurée, tant que le jour ne les aurait pas ramenés à leurs sombres tanières.

Cependant la tactique de l’ennemi s’était évidemment modifiée.

Il n’essayait plus de forcer l’entrée de la ramada, mais ses nouvelles manœuvres allaient créer un danger plus pressant encore. Les aguaras, renonçant à pénétrer par cette entrée que défendaient obstinément le fer et le feu, tournèrent la ramada, et d’un commun accord ils cherchèrent à l’assaillir par le côté opposé.

Bientôt on entendit leurs griffes s’incruster dans le bois à demi pourri. Entre les poteaux ébranlés passaient déjà des pattes vigoureuses, des gueules sanglantes. Les chevaux, effarés, rompant leur licol, couraient dans l’enceinte, pris d’une terreur folle. Glenarvan saisit entre ses bras le jeune enfant, afin de le défendre jusqu’à la dernière extrémité. Peut-être même, tentant une fuite impossible, allait-il s’élancer au dehors, quand ses regards se portèrent sur l’indien.

Thalcave, après avoir tourné comme une bête fauve dans la ramada, s’était brusquement rapproché de son cheval qui frémissait d’impatience, et il commença à le seller avec soin, n’oubliant ni une courroie, ni un ardillon. Il ne semblait plus s’inquiéter des hurlements qui redoublaient alors. Glenarvan le regardait faire avec une sinistre épouvante.

«Il nous abandonne! s’écria-t-il, en voyant Thalcave rassembler ses guides, comme un cavalier qui va se mettre en selle.

– Lui! Jamais!» dit Robert.

Et en effet, l’indien allait tenter, non d’abandonner ses amis, mais de les sauver en se sacrifiant pour eux.

Thaouka était prêt; il mordait son mors; il bondissait; ses yeux, pleins d’un feu superbe, jetaient des éclairs; il avait compris son maître.

Glenarvan, au moment où l’indien saisissait la crinière de son cheval, lui prit le bras d’une main convulsive.

«Tu pars? dit-il en montrant la plaine libre alors.

– Oui», fit l’indien, qui comprit le geste de son compagnon.

Puis il ajouta quelques mots espagnols qui signifiaient:

«Thaouka! Bon cheval. Rapide. Entraînera les loups à sa suite.

– Ah! Thalcave! s’écria Glenarvan.

– Vite! Vite!» répondit l’indien, pendant que Glenarvan disait à Robert d’une voix brisée par l’émotion:

«Robert! Mon enfant! Tu l’entends! Il veut se dévouer pour nous! Il veut s’élancer dans la pampa, et détourner la rage des loups en l’attirant sur lui!

– Ami Thalcave, répondit Robert en se jetant aux pieds du patagon, ami Thalcave, ne nous quitte pas!

– Non! dit Glenarvan, il ne nous quittera pas.»

Et se tournant vers l’indien:

«Partons ensemble, dit-il, en montrant les chevaux épouvantés et serrés contre les poteaux.

– Non, fit l’indien, qui ne se méprit pas sur le sens de ces paroles. Mauvaises bêtes. Effrayées. Thaouka. Bon cheval.

– Eh bien soit! dit Glenarvan, Thalcave ne te quittera pas, Robert! Il m’apprend ce que j’ai à faire! à moi de partir! à lui de rester près de toi.»

Puis, saisissant la bride de Thaouka:

«Ce sera moi, dit-il, qui partirai!

– Non, répondit tranquillement le patagon.

– Moi, te dis-je, s’écria Glenarvan, en lui arrachant la bride des mains, ce sera moi! Sauve cet enfant! Je te le confie, Thalcave!»

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