Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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– Tu l’aimes bien, Robert?
– Oui, mylord. Il était si bon pour ma sœur et pour moi! Il ne pensait qu’à nous! Chaque voyage nous valait un souvenir de tous les pays qu’il visitait, et mieux encore, de bonnes caresses, de bonnes paroles à son retour. Ah! vous l’aimerez, vous aussi, quand vous le connaîtrez! Mary lui ressemble. Il a la voix douce comme elle! Pour un marin, c’est singulier, n’est-ce pas?
– Oui, très singulier, Robert, répondit Glenarvan.
– Je le vois encore, reprit l’enfant, qui semblait alors se parler à lui-même. Bon et brave papa! Il m’endormait sur ses genoux, quand j’étais petit, et il murmurait toujours un vieux refrain écossais où l’on chante les lacs de notre pays. L’air me revient parfois, mais confusément. À Mary aussi. Ah! Mylord, que nous l’aimions! Tenez, je crois qu’il faut être petit pour bien aimer son père!
– Et grand pour le vénérer, mon enfant», répondit Glenarvan, tout ému des paroles échappées de ce jeune cœur.
Pendant cette conversation, les chevaux avaient ralenti leur allure et cheminaient au pas.
«Nous le retrouverons, n’est-ce pas? dit Robert, après quelques instants de silence.
– Oui, nous le retrouverons, répondit Glenarvan. Thalcave nous a mis sur ses traces, et j’ai confiance en lui.
– Un brave indien, Thalcave, dit l’enfant.
– Certes.
– Savez-vous une chose, mylord?
– Parle d’abord, et je te répondrai.
– C’est qu’il n’y a que des braves gens avec vous! Mme Helena que j’aime tant, le major avec son air tranquille, le capitaine Mangles, et M Paganel, et les matelots du Duncan, si courageux et si dévoués!
– Oui, je sais cela, mon garçon, répondit Glenarvan.
– Et savez-vous que vous êtes le meilleur de tous?
– Non, par exemple, je ne le sais pas!
– Eh bien, il faut l’apprendre, mylord», répondit Robert, qui saisit la main du lord et la porta à ses lèvres.
Glenarvan secoua doucement la tête, et si la conversation ne continua pas, c’est qu’un geste de Thalcave rappela les retardataires. Ils s’étaient laissé devancer. Or, il fallait ne pas perdre de temps et songer à ceux qui restaient en arrière.
On reprit donc une allure rapide, mais il fut bientôt évident que, Thaouka excepté, les chevaux ne pourraient longtemps la soutenir. À midi, il fallut leur donner une heure de repos. Ils n’en pouvaient plus et refusaient de manger les touffes d’alfafares, sorte de luzerne maigre et torréfiée par les rayons du soleil.
Glenarvan devint inquiet. Les symptômes de stérilité ne diminuaient pas, et le manque d’eau pouvait amener des conséquences désastreuses.
Thalcave ne disait rien, et pensait probablement que si la Guamini était desséchée, il serait alors temps de se désespérer, si toutefois un cœur indien a jamais entendu sonner l’heure du désespoir.
Il se remit donc en marche, et, bon gré mal gré, le fouet et l’éperon aidant, les chevaux durent reprendre la route, mais au pas, ils ne pouvaient faire mieux.
Thalcave aurait bien été en avant, car, en quelques heures, Thaouka pouvait le transporter aux bords du rio. Il y songea sans doute; mais, sans doute aussi, il ne voulut pas laisser ses deux compagnons seuls au milieu de ce désert, et, pour ne pas les devancer, il força Thaouka de prendre une allure plus modérée.
Ce ne fut pas sans résister, sans se cabrer, sans hennir violemment, que le cheval de Thalcave se résigna à garder le pas; il fallut non pas tant la vigueur de son maître pour l’y contraindre que ses paroles. Thalcave causait véritablement avec son cheval, et Thaouka, s’il ne lui répondait pas, le comprenait du moins. Il faut croire que le patagon lui donna d’excellentes raisons, car, après avoir pendant quelque temps «discuté», Thaouka se rendit à ses arguments et obéit, non sans ronger son frein.
Mais si Thaouka comprit Thalcave, Thalcave n’avait pas moins compris Thaouka. L’intelligent animal, servi par des organes supérieurs, sentait quelque humidité dans l’air; il l’aspirait avec frénésie, agitant et faisant claquer sa langue, comme si elle eût trempé dans un bienfaisant liquide. Le patagon ne pouvait s’y méprendre: l’eau n’était pas loin.
Il encouragea donc ses compagnons en interprétant les impatiences de Thaouka, que les deux autres chevaux ne tardèrent pas à comprendre. Ils firent un dernier effort, et galopèrent à la suite de l’indien. Vers trois heures, une ligne blanche apparut dans un pli de terrain. Elle tremblotait sous les rayons du soleil.
«L’eau! dit Glenarvan.
– L’eau! oui, l’eau!» s’écria Robert.
Ils n’avaient plus besoin d’exciter leurs montures; les pauvres bêtes, sentant leurs forces ranimées, s’emportèrent avec une irrésistible violence. En quelques minutes, elles eurent atteint le rio de Guamini, et, toutes harnachées, se précipitèrent jusqu’au poitrail dans ses eaux bienfaisantes.
Leurs maîtres les imitèrent, un peu malgré eux, et prirent un bain involontaire, dont ils ne songèrent pas à se plaindre.
«Ah! Que c’est bon! disait Robert, se désaltérant en plein rio.
– Modère-toi, mon garçon», répondait Glenarvan, qui ne prêchait pas d’exemple.
On n’entendait plus que le bruit de rapides lampées.
Pour son compte, Thalcave but tranquillement, sans se presser, à petites gorgées, mais «long comme un lazo», suivant l’expression patagone. Il n’en finissait pas, et l’on pouvait craindre que le rio n’y passât tout entier.
«Enfin, dit Glenarvan, nos amis ne seront pas déçus dans leur espérance; ils sont assurés, en arrivant à la Guamini, de trouver une eau limpide et abondante, si Thalcave en laisse, toutefois!
– Mais ne pourrait-on pas aller au-devant d’eux? demanda Robert. On leur épargnerait quelques heures d’inquiétudes et de souffrances.
– Sans doute, mon garçon, mais comment transporter cette eau? Les outres sont restées entre les mains de Wilson. Non, il vaut mieux attendre comme c’est convenu. En calculant le temps nécessaire, et en comptant sur des chevaux qui ne marchent qu’au pas, nos amis seront ici dans la nuit. Préparons-leur donc bon gîte et bon repas.»
Thalcave n’avait pas attendu la proposition de Glenarvan pour chercher un lieu de campement. Il avait fort heureusement trouvé sur les bords du rio une «ramada», sorte d’enceinte destinée à parquer les troupeaux et fermée sur trois côtés. L’emplacement était excellent pour s’y établir, du moment qu’on ne craignait pas de dormir à la belle étoile, et c’était le moindre souci des compagnons de Thalcave.
Aussi ne cherchèrent-ils pas mieux, et ils s’étendirent en plein soleil pour sécher leurs vêtements imprégnés d’eau.