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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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Il n’attendit pas longtemps. Un cri étrange, un mélange d’aboiements et de hurlements retentit dans la pampa. La détonation de la carabine lui répondit, et fut suivie de cent clameurs épouvantables.

Glenarvan et Robert, subitement réveillés, se relevèrent.

«Qu’y a-t-il? demanda le jeune Grant.

– Des indiens? dit Glenarvan.

– Non, répondit Thalcave, des «aguaras.»

Robert regarda Glenarvan.

«Des aguaras? dit-il.

– Oui, répondit Glenarvan, les loups rouges de la pampa.»

Tous deux saisirent leurs armes et rejoignirent l’indien. Celui-ci leur montra la plaine, d’où s’élevait un formidable concert de hurlements.

Robert fit involontairement un pas en arrière.

«Tu n’as pas peur des loups, mon garçon? Lui dit Glenarvan.

– Non, mylord, répondit Robert d’une voix ferme. Auprès de vous, d’ailleurs, je n’ai peur de rien.

– Tant mieux. Ces aguaras sont des bêtes assez peu redoutables, et, n’était leur nombre, je ne m’en préoccuperais même pas.

– Qu’importe! répondit Robert. Nous sommes bien armés, qu’ils y viennent!

– Et ils seront bien reçus!»

En parlant ainsi, Glenarvan voulait rassurer l’enfant; mais il ne songeait pas sans une secrète terreur à cette légion de carnassiers déchaînés dans la nuit. Peut-être étaient-ils là par centaines, et trois hommes, si bien armés qu’ils fussent, ne pouvaient lutter avec avantage contre un tel nombre d’animaux.

Lorsque le patagon prononça le mot «aguara», Glenarvan reconnut aussitôt le nom donné au loup rouge par les indiens de la pampa. Ce carnassier, le «canis-jubatus» des naturalistes, a la taille d’un grand chien et la tête d’un renard; son pelage est rouge cannelle, et sur son dos flotte une crinière noire qui lui court tout le long de l’échine. Cet animal est très leste et très vigoureux; il habite généralement les endroits marécageux et poursuit à la nage les bêtes aquatiques; la nuit le chasse de sa tanière, où il dort pendant le jour; on le redoute particulièrement dans les estancias où s’élèvent les troupeaux, car, pour peu que la faim l’aiguillonne, il s’en prend au gros bétail et commet des ravages considérables. Isolé, l’aguara n’est pas à craindre; mais il en est autrement d’un grand nombre de ces animaux affamés, et mieux vaudrait avoir affaire à quelque couguar ou jaguar que l’on peut attaquer face à face.

Or, aux hurlements dont retentissait la pampa, à la multitude des ombres qui bondissaient dans la plaine, Glenarvan ne pouvait se méprendre sur la quantité de loups rouges rassemblés au bord de la Guamini; ces animaux avaient senti là une proie sûre, chair de cheval ou chair humaine, et nul d’entre eux ne regagnerait son gîte sans en avoir eu sa part. La situation était donc très alarmante.

Cependant le cercle des loups se restreignit peu à peu. Les chevaux réveillés donnèrent des signes de la plus vive terreur. Seul, Thaouka frappait du pied, cherchant à rompre son licol et prêt à s’élancer au dehors. Son maître ne parvenait à le calmer qu’en faisant entendre un sifflement continu.

Glenarvan et Robert s’étaient postés de manière à défendre l’entrée de la ramada. Leurs carabines armées, ils allaient faire feu sur le premier rang des aguaras, quand Thalcave releva de la main leur arme déjà mise en joue.

«Que veut Thalcave? dit Robert.

– Il nous défend de tirer! répondit Glenarvan.

– Pourquoi?

– Peut-être ne juge-t-il pas le moment opportun!»

Ce n’était pas ce motif qui faisait agir l’indien, mais une raison plus grave, et Glenarvan la comprit, quand Thalcave, soulevant sa poudrière et la retournant, montra qu’elle était à peu près vide.

«Eh bien? dit Robert.

– Eh bien, il faut ménager nos munitions. Notre chasse aujourd’hui nous a coûté cher, et nous sommes à court de plomb et de poudre. Il ne nous reste pas vingt coups à tirer!»

L’enfant ne répondit rien.

«Tu n’as pas peur, Robert?

– Non, mylord.

– Bien, mon garçon.»

En ce moment, une nouvelle détonation retentit.

Thalcave avait jeté à terre un ennemi trop audacieux; les loups, qui s’avançaient en rangs pressés, reculèrent et se massèrent à cent pas de l’enceinte.

Aussitôt, Glenarvan, sur un signe de l’indien, prit sa place; celui-ci, ramassant la litière, les herbes, en un mot toutes les matières combustibles, les entassa à l’entrée de la ramada, et y jeta un charbon encore incandescent.

Bientôt un rideau de flammes se tendit sur le fond noir du ciel, et, à travers ses déchirures, la plaine se montra vivement éclairée par de grands reflets mobiles. Glenarvan put juger alors de l’innombrable quantité d’animaux auxquels il fallait résister. Jamais tant de loups ne s’étaient vus ensemble, ni si excités par la convoitise. La barrière de feu que venait de leur opposer Thalcave avait redoublé leur colère en les arrêtant net.

Quelques-uns, cependant, s’avancèrent jusqu’au brasier même, et s’y brûlèrent les pattes.

De temps à autre, il fallait un nouveau coup de fusil pour arrêter cette horde hurlante, et, au bout d’une heure, une quinzaine de cadavres jonchaient déjà la prairie.

Les assiégés se trouvaient alors dans une situation relativement moins dangereuse; tant que dureraient les munitions, tant que la barrière de feu se dresserait à l’entrée de la ramada, l’envahissement n’était pas à craindre. Mais après, que faire, quand tous ces moyens de repousser la bande de loups manqueraient à la fois?

Glenarvan regarda Robert et sentit son cœur se gonfler. Il s’oublia, lui, pour ne songer qu’à ce pauvre enfant qui montrait un courage au-dessus de son âge. Robert était pâle, mais sa main n’abandonnait pas son arme, et il attendait de pied ferme l’assaut des loups irrités.

Cependant Glenarvan, après avoir froidement envisagé la situation, résolut d’en finir.

«Dans une heure, dit-il, nous n’aurons plus ni poudre, ni plomb, ni feu. Eh bien, il ne faut pas attendre à ce moment pour prendre un parti.»

Il retourna donc vers Thalcave, et rassemblant les quelques mots d’espagnol que lui fournit sa mémoire, il commença avec l’indien une conversation souvent interrompue par les coups de feu.

Ce ne fut pas sans peine que ces deux hommes parvinrent à se comprendre. Glenarvan, fort heureusement, connaissait les mœurs du loup rouge. Sans cette circonstance, il n’aurait su interpréter les mots et les gestes du patagon.

Néanmoins, un quart d’heure se passa avant qu’il pût transmettre à Robert la réponse de Thalcave.

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