Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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– Oui! J’ai une bonne bête qui ne demande pas mieux que d’aller en avant. Voulez-vous… Mylord?… Je vous en prie.
– Viens donc, mon garçon, dit Glenarvan, enchanté de ne pas se séparer de Robert. À nous trois, ajouta-t-il, nous serons bien maladroits si nous ne découvrons pas quelque aiguade fraîche et limpide.
– Eh bien, et moi? dit Paganel.
– Oh! Vous, mon cher Paganel, répondit le major, vous resterez avec le détachement de réserve. Vous connaissez trop bien le trente-septième parallèle, et la rivière Guamini et la pampa tout entière pour nous abandonner. Ni Mulrady, ni Wilson, ni moi, nous ne sommes capables de rejoindre Thalcave à son rendez-vous, tandis que nous marcherons avec confiance sous la bannière du brave Jacques Paganel.
– Je me résigne, répondit le géographe, très flatté d’obtenir un commandement supérieur.
– Mais pas de distractions! Ajouta le major. N’allez pas nous conduire où nous n’avons que faire, et nous ramener, par exemple, sur les bords de l’océan Pacifique!
– Vous le mériteriez, major insupportable, répondit en riant Paganel. Cependant, dites-moi, mon cher Glenarvan, comment comprendrez-vous le langage de Thalcave?
– Je suppose, répondit Glenarvan, que le patagon et moi nous n’aurons pas besoin de causer. D’ailleurs, avec quelques mots espagnols que je possède, je parviendrais bien dans une circonstance pressante à lui exprimer ma pensée et à comprendre la sienne.
– Allez donc, mon digne ami, répondit Paganel.
– Soupons d’abord, dit Glenarvan, et dormons, s’il se peut, jusqu’à l’heure du départ.»
On soupa sans boire, ce qui parut peu rafraîchissant, et l’on dormit, faute de mieux. Paganel rêva de torrents, de cascades, de rivières, de fleuves, d’étangs, de ruisseaux, voire même de carafes pleines, en un mot, de tout ce qui contient habituellement une eau potable. Ce fut un vrai cauchemar.
Le lendemain, à six heures, les chevaux de Thalcave, de Glenarvan et de Robert Grant furent sellés; on leur fit boire la dernière ration d’eau, et ils l’avalèrent avec plus d’envie que de satisfaction, car elle était très nauséabonde. Puis les trois cavaliers se mirent en selle.
«Au revoir, dirent le major, Austin, Wilson et Mulrady.
– Et surtout, tâchez de ne pas revenir!» ajouta Paganel.
Bientôt, le patagon, Glenarvan et Robert perdirent de vue, non sans un certain serrement de cœur, le détachement confié à la sagacité du géographe.
Le «desertio de las Salinas», qu’ils traversaient alors, est une plaine argileuse, couverte d’arbustes rabougris hauts de dix pieds, de petites mimosées que les indiens appellent «curra-mammel», et de «jumes», arbustes buissonneux, riches en soude.
Çà et là, de larges plaques de sel réverbéraient les rayons solaires avec une étonnante intensité.
L’œil eût aisément confondu ces «barreros» avec des surfaces glacées par un froid violent; mais l’ardeur du soleil avait vite fait de le détromper.
Néanmoins, ce contraste d’un sol aride et brûlé avec ces nappes étincelantes donnait à ce désert une physionomie très particulière qui intéressait le regard.
À quatre-vingts milles dans le sud, au contraire, cette sierra Ventana, vers laquelle le dessèchement possible de la Guamini forcerait peut-être les voyageurs de descendre, présentait un aspect différent. Ce pays, reconnu en 1835 par le capitaine Fitz-Roy, qui commandait alors l’expédition du Beagle, est d’une fertilité superbe. Là poussent avec une vigueur sans égale les meilleurs pâturages du territoire indien; le versant nord-ouest des sierras s’y revêt d’une herbe luxuriante, et descend au milieu de forêts riches en essences diverses; là se voient «l’algarrobo», sorte de caroubier, dont le fruit séché et réduit en poussière sert à confectionner un pain assez estimé des indiens; le «quebracho blanc», aux branches longues et flexibles qui pleurent à la manière du saule européen; le «quebracho rouge», d’un bois indestructible; le «naudubay», qui prend feu avec une extrême facilité, et cause souvent de terribles incendies; le «viraro», dont les fleurs violettes s’étagent en forme de pyramide, et enfin le «timbo», qui élève jusqu’à quatre-vingts pieds dans les airs son immense parasol, sous lequel des troupeaux entiers peuvent s’abriter contre les rayons du soleil. Les argentins ont tenté souvent de coloniser ce riche pays, sans réussir à vaincre l’hostilité des indiens.
Certes, on devait croire que des rios abondants descendaient des croupes de la sierra, pour fournir l’eau nécessaire à tant de fertilité, et, en effet, les sécheresses les plus grandes n’ont jamais vaporisé ces rivières; mais, pour les atteindre, il fallait faire une pointe de cent trente milles dans le sud. Thalcave avait donc raison de se diriger d’abord vers la Guamini, qui, sans l’écarter de sa route, se trouvait à une distance beaucoup plus rapprochée.
Les trois chevaux galopaient avec entrain. Ces excellentes bêtes sentaient d’instinct sans doute où les menaient leurs maîtres. Thaouka, surtout, montrait une vaillance que ni les fatigues ni les besoins ne pouvaient diminuer; il franchissait comme un oiseau les canadas desséchées et les buissons de curra-mammel, en poussant des hennissements de bon augure. Les chevaux de Glenarvan et de Robert, d’un pas plus lourd, mais entraînés par son exemple, le suivaient courageusement. Thalcave, immobile sur sa selle, donnait à ses compagnons, l’exemple que Thaouka donnait aux siens.
Le patagon tournait souvent la tête pour considérer Robert Grant.
En voyant le jeune garçon, ferme et bien assis, les reins souples, les épaules effacées, les jambes tombant naturellement, les genoux fixés à la selle, il témoignait sa satisfaction par un cri encourageant. En vérité, Robert Grant devenait un excellent cavalier et méritait les compliments de l’indien.
«Bravo, Robert, disait Glenarvan, Thalcave a l’air de te féliciter! Il t’applaudit, mon garçon.
– Et à quel propos, mylord?
– À propos de la bonne façon dont tu montes à cheval.
– Oh! je me tiens solidement, et voilà tout, répondit Robert, qui rougit de plaisir à s’entendre complimenter.
– C’est le principal, Robert, répondit Glenarvan, mais tu es trop modeste, et, je te le prédis, tu ne peux manquer de devenir un sportsman accompli.
– Bon, fit Robert en riant, et papa qui veut faire de moi un marin, que dira-t-il?
– L’un n’empêche pas l’autre. Si tous les cavaliers ne font pas de bons marins, tous les marins sont capables de faire de bons cavaliers. À chevaucher sur les vergues on apprend à se tenir solidement. Quant à savoir rassembler son cheval, à exécuter les mouvements obliques ou circulaires, cela vient tout seul, car rien n’est plus naturel.
– Pauvre père! répondit Robert, ah! Que de grâces il vous rendra, mylord, quand vous l’aurez sauvé!