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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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Thalcave, en avant, battait les buissons. Il effrayait ainsi les «cholinas», vipères de la plus dangereuse espèce, dont la morsure tue un bœuf en moins d’une heure. L’agile Thaouka bondissait au-dessus des broussailles et aidait son maître à frayer un passage aux chevaux qui le suivaient.

Le voyage, sur ces plaines unies et droites, s’accomplissait donc facilement et rapidement.

Aucun changement ne se produisait dans la nature de la prairie; pas une pierre, pas un caillou, même à cent milles à la ronde. Jamais pareille monotonie ne se rencontra, ni si obstinément prolongée. De paysages, d’incidents, de surprises naturelles, il n’y avait pas l’ombre! Il fallait être un Paganel, un de ces enthousiastes savants qui voient là où il n’y a rien à voir, pour prendre intérêt aux détails de la route. À quel propos? Il n’aurait pu le dire. Un buisson tout au plus! Un brin d’herbe peut-être. Cela lui suffisait pour exciter sa faconde inépuisable, et instruire Robert, qui se plaisait à l’écouter.

Pendant cette journée du 29 octobre, la plaine se déroula devant les voyageurs avec son uniformité infinie. Vers deux heures, de longues traces d’animaux se rencontrèrent sous les pieds des chevaux. C’étaient les ossements d’un innombrable troupeau de bœufs, amoncelés et blanchis. Ces débris ne s’allongeaient pas en ligne sinueuse, telle que la laissent après eux des animaux à bout de forces et tombant peu à peu sur la route.

Aussi, personne ne savait comment expliquer cette réunion de squelettes dans un espace relativement restreint, et Paganel, quoi qu’il fît, pas plus que les autres. Il interrogea donc Thalcave, qui ne fut point embarrassé de lui répondre.

Un «pas possible!» du savant et un signe très affirmatif du patagon intriguèrent fort leurs compagnons.

«Qu’est-ce donc? demandèrent-ils.

– Le feu du ciel, répondit le géographe.

– Quoi! La foudre aurait produit un tel désastre! dit Tom Austin; un troupeau de cinq cents têtes étendu sur le sol!

– Thalcave l’affirme, et Thalcave ne se trompe pas. Je le crois, d’ailleurs, car les orages des pampas se signalent, entre tous, par leurs fureurs.

Puissions-nous ne pas les éprouver un jour!

– Il fait bien chaud, dit Wilson.

– Le thermomètre, répondit Paganel, doit marquer trente degrés à l’ombre.

– Cela ne m’étonne pas, dit Glenarvan, je sens l’électricité qui me pénètre. Espérons que cette température ne se maintiendra pas.

– Oh! Oh! fit Paganel, il ne faut pas compter sur un changement de temps, puisque l’horizon est libre de toute brume.

– Tant pis, répondit Glenarvan, car nos chevaux sont très affectés par la chaleur. Tu n’as pas trop chaud, mon garçon? Ajouta-t-il en s’adressant à Robert.

– Non, mylord, répondit le petit bonhomme. J’aime la chaleur, c’est une bonne chose.

– L’hiver surtout», fit observer judicieusement le major, en lançant vers le ciel la fumée de son cigare.

Le soir, on s’arrêta près d’un «rancho» abandonné, un entrelacement de branchages mastiqués de boue et recouverts de chaume; cette cabane attenait à une enceinte de pieux à demi pourris, qui suffit, cependant, à protéger les chevaux pendant la nuit contre les attaques des renards. Non qu’ils eussent rien à redouter personnellement de la part de ces animaux, mais les malignes bêtes rongent leurs licous, et les chevaux en profitent pour s’échapper.

À quelques pas du rancho était creusé un trou qui servait de cuisine et contenait des cendres refroidies. À l’intérieur, il y avait un banc, un grabat de cuir de bœuf, une marmite, une broche et une bouilloire à maté. Le maté est une boisson fort en usage dans l’Amérique du sud. C’est le thé des indiens. Il consiste en une infusion de feuilles séchées au feu, et on l’aspire comme les boissons américaines au moyen d’un tube de paille. À la demande de Paganel, Thalcave prépara quelques tasses de ce breuvage, qui accompagna fort avantageusement les comestibles ordinaires et fut déclaré excellent.

Le lendemain, 30 octobre, le soleil se leva dans une brume ardente et versa sur le sol ses rayons les plus chauds. La température de cette journée devait être excessive, en effet, et malheureusement la plaine n’offrait aucun abri. Cependant, on reprit courageusement la route de l’est. Plusieurs fois se rencontrèrent d’immenses troupeaux qui, n’ayant pas la force de paître sous cette chaleur accablante, restaient paresseusement étendus. De gardiens, de bergers, pour mieux dire, il n’était pas question. Des chiens habitués à téter les brebis, quand la soif les aiguillonne, surveillaient seuls ces nombreuses agglomérations de vaches, de taureaux et de bœufs. Ces animaux sont d’ailleurs d’humeur douce, et n’ont pas cette horreur instinctive du rouge qui distingue leurs congénères européens.

«Cela vient sans doute de ce qu’ils paissent l’herbe d’une république!» dit Paganel, enchanté de sa plaisanterie, un peu trop française peut-être.

Vers le milieu de la journée, quelques changements se produisirent dans la pampa, qui ne pouvaient échapper à des yeux fatigués de sa monotonie. Les graminées devinrent plus rares. Elles firent place à de maigres bardanes, et à des chardons gigantesques, hauts de neuf pieds, qui eussent fait le bonheur de tous les ânes de la terre. Des chanares rabougris et autres arbrisseaux épineux d’un vert sombre, plantes chères aux terrains desséchés, poussaient çà et là. Jusqu’alors une certaine humidité conservée dans l’argile de la prairie entretenait les pâturages; le tapis d’herbe était épais et luxueux; mais alors, sa moquette, usée par places, arrachée en maint endroit, laissait voir la trame et étalait aux regards la misère du sol. Ces symptômes d’une croissante sécheresse ne pouvaient être méconnus, et Thalcave les fit remarquer.

«Je ne suis pas fâché de ce changement, dit Tom Austin; toujours de l’herbe, toujours de l’herbe, cela devient écœurant à la longue.

– Oui, mais toujours de l’herbe, toujours de l’eau, répondit le major.

– Oh! Nous ne sommes pas à court, dit Wilson, et nous trouverons bien quelque rivière sur notre route.»

Si Paganel avait entendu cette réponse, il n’eût pas manqué de dire que les rivières étaient rares entre le Colorado et les sierras de la province argentine; mais en ce moment il expliquait à Glenarvan un fait sur lequel celui-ci venait d’attirer son attention.

Depuis quelque temps, l’atmosphère semblait être imprégnée d’une odeur de fumée. Cependant, nul feu n’était visible à l’horizon; nulle fumée ne trahissait un incendie éloigné. On ne pouvait donc assigner à ce phénomène une cause naturelle. Bientôt cette odeur d’herbe brûlée devint si forte qu’elle étonna les voyageurs, moins Paganel et Thalcave. Le géographe, que l’explication d’un fait quelconque ne pouvait embarrasser, fit à ses amis la réponse suivante:

«Nous ne voyons pas le feu, dit-il, et nous sentons la fumée. Or, pas de fumée sans feu, et le proverbe est vrai en Amérique comme en Europe. Il y a donc un feu quelque part. Seulement, ces pampas sont si unies que rien n’y gêne les courants de l’atmosphère, et l’on y sent souvent l’odeur d’herbes qui brûlent à une distance de près de soixante-quinze milles.

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