Justine Ou Les Malheurs De La Vertu

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Justine Ou Les Malheurs De La Vertu
Название: Justine Ou Les Malheurs De La Vertu
Дата добавления: 16 январь 2020
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Justine Ou Les Malheurs De La Vertu - читать бесплатно онлайн , автор de Sade Marquis Alphonse Francois

Rejetant la douce nature rousseauiste, Sade d?voile le mal qui est en nous et dans la vie. La vertueuse Justine fait la confidence de ses malheurs et demeure jusque dans les plus scabreux d?tails l'incarnation de la vertu. Apologie du crime, de la libert? des corps comme des esprits, de la cruaut? 'extr?me sensibilit? des organes connue seulement des ?tres d?licats', l'oeuvre du marquis de Sade ?tonne ou scandalise. C'est aussi une oeuvre d'une po?sie d?lirante et pleine d'humour noir.

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Aussitôt un cercle se forme, on me place au milieu, et là, pendant plus de deux heures, je suis examinée, considérée, touchée par ces quatre moines, éprouvant tour à tour de chacun ou des éloges, ou des critiques.

Vous me permettrez, madame, dit notre belle prisonnière en rougissant, de vous déguiser une partie des détails obscènes de cette odieuse cérémonie; que votre imagination se représente tout ce que la débauche peut en tel cas dicter à des scélérats; qu'elle les voie successivement passer de mes compagnes à moi, comparer, rapprocher, confronter, discourir, et elle n'aura vraisemblablement encore qu'une faible idée de ce qui s'exécuta, dans ces premières orgies, bien légères sans doute, en comparaison de toutes les horreurs que j'allais bientôt éprouver.

– Allons, dit Sévérino dont les désirs prodigieusement exaltés ne peuvent plus se contenir, et qui dans cet affreux état donne l'idée d'un tigre prêt à dévorer sa victime, que chacun de nous lui fasse éprouver sa jouissance favorite.

Et l'infâme, me plaçant sur un canapé dans l'attitude propice à ses exécrables projets, me faisant tenir par deux de ses moines, essaie de se satisfaire avec moi de cette façon criminelle et perverse qui ne nous fait ressembler au sexe que nous ne possédons pas, qu'en dégradant celui que nous avons. Mais, ou cet impudique est trop fortement proportionné, ou la nature se révolte en moi au seul soupçon de ces plaisirs: il ne peut vaincre les obstacles; à peine se présente-t-il, qu'il est aussitôt repoussé… Il écarte, il presse, il déchire, tous ses efforts sont superflus; la fureur de ce monstre se porte sur l'autel où ne peuvent atteindre ses vœux; il le frappe, il le pince, il le mord; de nouvelles épreuves naissent du sein de ces brutalités; les chairs ramollies se prêtent, le sentier s'entrouvre, le bélier pénètre; je pousse des cris épouvantables; bientôt la masse entière est engloutie, et la couleuvre, lançant aussitôt un venin qui lui ravit ses forces, cède enfin, en pleurant de rage, aux mouvements que je fais pour m'en dégager. Je n'avais de ma vie tant souffert.

Clément s'avance; il est armé de verges; ses perfides desseins éclatent dans ses yeux:

– C'est moi, dit-il à Sévérino, c'est moi qui vais vous venger, mon père; c'est moi qui vais corriger cette pécore de ses résistances à vos plaisirs.

Il n'a pas besoin que personne me tienne; un de ses bras m'enlace et me comprime sur un de ses genoux qui, repoussant mon ventre, lui expose plus à découvert ce qui va servir ses caprices. D'abord il essaie ses coups, il semble qu'il n'ait dessein que de préluder; bientôt, enflammé de luxure, le cruel frappe autant qu'il a de forces: rien n'est exempt de sa férocité; depuis le milieu des reins jusqu'aux gras des jambes, tout est parcouru par ce traître; osant mêler l'amour à ces moments cruels, sa bouche se colle sur la mienne et veut respirer les soupirs que les douleurs m'arrachent… Mes larmes coulent, il les dévore, tour à tour il baise, menace, mais il continue de frapper; pendant qu'il opère, une des femmes l'excite; à genoux devant lui, de chacune de ses mains elle y travaille diversement; mieux elle y réussit, plus les coups qui m'atteignent ont de violence; je suis prête à être déchirée que rien n'annonce encore la fin de mes maux: on a beau s'épuiser de toutes parts, il est nul; cette fin que j'attends ne sera l'ouvrage que de son délire; une nouvelle cruauté le décide: ma gorge est à la merci de ce brutal, elle l'irrite, il y porte les dents, l'anthropophage la mord: cet excès détermine la crise, l'encens s'échappe. Des cris affreux, d'effroyables blasphèmes en ont caractérisé les élans, et le moine énervé m'abandonne à Jérôme.

– Je ne serai pas pour votre vertu plus dangereux que Clément, me dit ce libertin en caressant l'autel ensanglanté où vient de sacrifier ce moine, mais je veux baiser ces sillons; je suis si digne de les entrouvrir aussi, que je leur dois un peu d'honneur; je veux bien plus, continua ce vieux satyre en introduisant un de ses doigts où Sévérino s'est placé, je veux que la poule ponde, et je veux dévorer son œuf… existe-t-il?… Oui, parbleu!… Oh! mon enfant, qu'il est douillet!…

Sa bouche remplace les doigts… On me dit ce qu'il faut faire, j'exécute avec dégoût. Dans la situation où je suis, hélas! m'est-il permis de refuser! l'indigne est content… il avale, puis, me faisant mettre à genoux devant lui, il se colle à moi dans cette posture; son ignominieuse passion s'assouvit dans un lieu qui m'interdit toute plainte. Pendant qu'il agit ainsi, la grosse femme le fouette, une autre, placée à hauteur de sa bouche, y remplit le même devoir auquel je viens d'être soumise.

– Ce n'est pas assez, dit l'infâme, il faut que dans chacune de mes mains… On ne saurait trop multiplier ces choses-là…

Les deux plus jolies filles s'approchent; elles obéissent voilà les excès où la satiété a conduit Jérôme. Quoi qu'il en soit, à force d'impuretés il est heureux, et ma bouche, au bout d'une demi-heure, reçoit enfin, avec une répugnance qu'il vous est facile de deviner, le dégoûtant hommage de ce vilain homme.

Antonin paraît.

– Voyons donc, dit-il, cette vertu si pure; endommagée par un seul assaut, à peine y doit-il paraître.

Ses armes sont braquées, il se servirait volontiers des épisodes de Clément. Je vous l'ai dit, la fustigation active lui plaît bien autant qu'à ce moine, mais comme il est pressé, l'état où son confrère m'a mise lui devient suffisant; il examine cet état, il en jouit, et me laissant dans la posture si favorite d'eux tous, il pelote un instant sur les deux demi-lunes qui défendent l'entrée; il ébranle en fureur les portiques du temple, il est bientôt au sanctuaire, l'assaut, quoique aussi violent que celui de Sévérino, fait dans un sentier moins étroit, n'est pourtant pas si rude à soutenir; le vigoureux athlète saisit mes deux hanches, et suppléant aux mouvements que je ne puis faire, il me secoue sur lui avec vivacité; on dirait, aux efforts redoublés de cet Hercule, que non content d'être maître de la place, il veut la réduire en poudre. D'aussi terribles attaques, aussi nouvelles pour moi, me font succomber; mais, sans inquiétude pour mes peines, le cruel vainqueur ne songe qu'à doubler ses plaisirs; tout l'environne, tout l'excite, tout concourt à ses voluptés; en face de lui, exhaussée sur mes reins, la fille de quinze ans, les jambes ouvertes, offre à sa bouche l'autel sur lequel il sacrifie chez moi; il y pompe à loisir ce suc précieux de la nature dont l'émission est à peine accordée par elle à ce jeune enfant; une des vieilles, à genoux devant les reins de mon vainqueur, les agite, et de sa langue impure animant ses désirs, elle en détermine l'extase, pendant que pour s'enflammer encore mieux, le débauché excite une femme de chacune de ses mains; il n'est pas un de ses sens qui ne soit chatouillé, pas un qui ne concoure à la perfection de son délire; il y touche, mais ma constante horreur pour toutes ces infamies m'empêche de le partager… Il y arrive seul, ses élans, ses cris, tout l'annonce, et je suis inondée, malgré moi, des preuves d'une flamme que je n'allume qu'en sixième; je retombe enfin sur le trône où je viens d'être immolée, n'éprouvant plus mon existence que par ma douleur et mes larmes… mon désespoir et mes remords.

Cependant dom Sévérino ordonne aux femmes de me faire manger, mais bien éloignée de me prêter à ces attentions, un accès de chagrin furieux vient assaillir mon âme. Moi qui mettais toute ma gloire, toute ma félicité dans ma vertu, moi qui me consolais de tous les maux de la fortune, pourvu que je fusse toujours sage, je ne puis tenir à l'horrible idée de me voir aussi cruellement flétrie par ceux de qui je devais attendre le plus de secours et de consolation: mes larmes coulent en abondance, mes cris font retentir la voûte; je me roule à terre, je meurtris mon sein, je m'arrache les cheveux, j'invoque mes bourreaux, et les supplie de me donner la mort… Le croirez-vous, madame, ce spectacle affreux les irrite encore plus.

– Ah! dit Sévérino, je ne jouis jamais d'une plus belle scène: voyez, mes amis, l'état où elle me met; il est inouï ce qu'obtiennent de moi les douleurs féminines.

– Reprenons-la, dit Clément, et pour lui apprendre à hurler de la sorte, que la coquine dans ce second assaut soit traitée plus cruellement.

A peine ce projet est-il conçu qu'il s'exécute; Sévérino s'avance, mais quoi qu'il en eût dit, ses désirs ayant besoin d'un degré d'irritation de plus, ce n'est qu'après avoir mis en usage les cruels moyens de Clément qu'il réussit à trouver les forces nécessaires à l'accomplissement de son nouveau crime. Quel excès de férocité, grand Dieu! Se pouvait-il que ces monstres la portassent au point de choisir l'instant d'une crise de douleur morale de la violence de celle que j'éprouvais, pour m'en faire subir une physique aussi barbare!

– Il serait injuste que je n'employasse pas, au principal, avec cette novice, ce qui nous sert si bien comme épisode, dit Clément en commençant d'agir, et je vous réponds que je ne la traiterai pas mieux que vous.

– Un instant, dit Antonin au supérieur qu'il voyait prêt à me ressaisir; pendant que votre zèle va s'exhaler dans les parties postérieures de cette belle fille, je peux, ce me semble, encenser le dieu contraire; nous la mettrons entre nous deux.

La posture s'arrange tellement, que je puis encore offrir ma bouche à Jérôme; on l'exige; Clément se place dans mes mains; je suis contrainte à l'exciter; toutes les prêtresses entourent ce groupe affreux; chacune prête aux acteurs ce qu'elle sait devoir l'exciter davantage; cependant, je supporte tout; le poids entier est sur moi seule; Sévérino donne le signal, les trois autres le suivent de près, et me voilà, pour la seconde fois, indignement souillée des preuves de la dégoûtante luxure de ces indignes coquins.

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