Justine Ou Les Malheurs De La Vertu

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Justine Ou Les Malheurs De La Vertu
Название: Justine Ou Les Malheurs De La Vertu
Дата добавления: 16 январь 2020
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Justine Ou Les Malheurs De La Vertu - читать бесплатно онлайн , автор de Sade Marquis Alphonse Francois

Rejetant la douce nature rousseauiste, Sade d?voile le mal qui est en nous et dans la vie. La vertueuse Justine fait la confidence de ses malheurs et demeure jusque dans les plus scabreux d?tails l'incarnation de la vertu. Apologie du crime, de la libert? des corps comme des esprits, de la cruaut? 'extr?me sensibilit? des organes connue seulement des ?tres d?licats', l'oeuvre du marquis de Sade ?tonne ou scandalise. C'est aussi une oeuvre d'une po?sie d?lirante et pleine d'humour noir.

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– Ah! ah! de l'espionnage et de la séduction, poursuivit Rodin; tous les vices les plus dangereux dans une domestique! montons, montons, il faut juger cette affaire-là.

Rosalie et moi, traînées par ces deux scélérats, nous regagnons les appartements; les portes se ferment. La malheureuse fille de Rodin est attachée aux colonnes d'un lit, et toute la rage de ces furieux se tourne contre moi; je suis accablée des plus dures invectives, et les plus effrayants arrêts se prononcent; il ne s'agit de rien moins que de me disséquer toute vive, pour examiner les battements de mon cœur, et faire sur cette partie des observations impraticables sur un cadavre. Pendant ce temps on me déshabille, et je deviens la proie des attouchements les plus impudiques.

– Avant tout, dit Rombeau, je suis d'avis d'attaquer fortement la forteresse que tes bons procédés respectèrent… C'est qu'elle est superbe! admire donc le velouté, la blancheur de ses deux demi-lunes qui en défendent l'entrée, jamais vierge ne fut plus fraîche.

– Vierge! mais elle l'est presque, dit Rodin. Une seule fois, malgré elle, on l'a violée, et pas la moindre chose depuis. Cède-moi le poste un instant…

Et le cruel entremêle l'hommage de ces caresses dures et féroces qui dégradent l'idole au lieu de l'honorer. S'il y avait eu là des verges, j'étais cruellement traitée. On en parla, mais il ne s'en trouva point, on se contenta de ce que la main put faire; on me mit en feu… plus je me défendais, mieux j'étais contenue; quand je vis pourtant qu'on allait se décider à des choses plus sérieuses, je me précipitai aux pieds de mes bourreaux, je leur offris ma vie, et leur demandai l'honneur.

– Mais dès que tu n'es pas vierge, dit Rombeau, qu'importe? tu ne seras coupable de rien, nous allons te violer comme tu l'as déjà été, et dès lors pas le plus petit péché sur ta conscience; ce sera la force qui t'aura tout ravi…

Et l'infâme, en me consolant de cette cruelle manière, me plaçait déjà sur un canapé.

– Non, dit Rodin en arrêtant l'effervescence de son confrère dont j'étais toute prête à devenir victime, non, ne perdons pas nos forces avec cette créature, songe que nous ne pouvons remettre plus loin les opérations projetées sur Rosalie, et notre vigueur nous est nécessaire pour y procéder: punissons autrement cette malheureuse. – En disant cela, Rodin met un fer au feu. – Oui, continue-t-il, punissons-la mille fois davantage que si nous prenions sa vie, marquons-la, flétrissons-la: cet avilissement, joint à toutes les mauvaises affaires qu'elle a sur le corps, la fera pendre ou mourir de faim; elle souffrira du moins jusque-là, et notre vengeance plus prolongée en deviendra plus délicieuse.

Il dit: Rombeau me saisit, et l'abominable Rodin m'applique derrière l'épaule le fer ardent dont on marque les voleurs.

– Qu'elle ose paraître à présent, la catin, continue ce monstre, qu'elle l'ose, et en montrant cette lettre ignominieuse, je légitimerai suffisamment les raisons qui me l'ont fait renvoyer avec tant de secret et de promptitude.

On me panse, on me rhabille, on me fortifie de quelques gouttes de liqueur, et profitant de l'obscurité de la nuit, les deux amis me conduisent au bord de la forêt et m'y abandonnent cruellement, après m'avoir fait entrevoir encore le danger d'une récrimination, si j'ose l'entreprendre dans l'état d'avilissement où je me trouve.

Toute autre que moi se fût peu souciée de cette menace; dès qu'il m'était possible de prouver que le traitement que je venais de souffrir n'était l'ouvrage d'aucun tribunal, qu'avais-je à craindre? Mais ma faiblesse, ma timidité naturelle, l'effroi de mes malheurs de Paris et de ceux du château de Bressac, tout m'étourdit, tout m'effraya; je ne pensai qu'à fuir; bien plus affectée de la douleur d'abandonner une innocente victime aux mains de ces deux scélérats prêts à l'immoler sans doute, que touchée de mes propres maux. Plus irritée, plus affligée que physiquement maltraitée, je me mis en marche dès le même instant; mais ne m'orientant point, ne demandant rien, je ne fis que tourner autour de Paris, et le quatrième jour de mon voyage, je ne me trouvai qu'à Lieursaint. Sachant que cette route pouvait me conduire vers les provinces méridionales, je résolus alors de la suivre, et de gagner ainsi, comme je le pourrais, ces pays éloignés, m'imaginant que la paix et le repos si cruellement refusés pour moi dans ma patrie m'attendaient peut-être au bout de la France. Fatale erreur! que de chagrins il me restait à éprouver encore!

Quelles qu'eussent été mes peines jusques alors, au moins mon innocence me restait. Uniquement victime des attentats de quelques monstres, à peu de chose près néanmoins je pouvais me croire encore dans la classe des filles honnêtes. Au fait, je n'avais été vraiment souillée que par un viol fait depuis cinq ans, dont les traces étaient refermées… un viol consommé dans un instant où mes sens engourdis ne m'avaient pas même laissé la faculté de le sentir. Qu'avais-je d'ailleurs à me reprocher? Rien, oh! rien sans doute, et mon cœur était pur; j'en étais trop glorieuse, ma présomption devait être punie, et les outrages qui m'attendaient allaient devenir tels, qu'il ne me serait bientôt plus possible, quelque peu que j'y participasse, de former au fond de mon cœur les mêmes sujets de consolation.

J'avais toute ma fortune sur moi cette fois-ci: c'est-à-dire environ cent écus, somme résultative de ce que j'avais sauvé de chez Bressac et de ce que j'avais gagné chez Rodin. Dans l'excès de mon malheur, je me trouvais encore heureuse de ce qu'on ne m'avait point enlevé ces secours; je me flattais qu'avec la frugalité, la tempérance, l'économie auxquelles j'étais accoutumée, cet argent me suffirait au moins jusqu'à ce que je fusse en situation de pouvoir trouver quelque place. L'exécration qu'on venait de me faire ne paraissait point, j'imaginais pouvoir la déguiser toujours et cette flétrissure ne m'empêcherait pas de gagner ma vie. J'avais vingt-deux ans, une bonne santé, une figure dont, pour mon malheur, on ne faisait que trop d'éloges; quelques vertus qui, quoiqu'elles m'eussent toujours nui, me consolaient pourtant, comme je viens de vous le dire, et me faisaient espérer qu'enfin le ciel leur accorderait sinon des récompenses, au moins quelque cessation aux maux qu'elles m'avaient attirés. Pleine d'espoir et de courage, je poursuivis ma route jusqu'à Sens, où je me reposai quelques jours. Une semaine me remit entièrement; peut-être eussé-je trouvé quelque place dans cette ville, mais pénétrée de la nécessité de m'éloigner, je me remis en marche avec le dessein de chercher fortune en Dauphiné; j'avais beaucoup entendu parler de ce pays, je m'y figurais trouver le bonheur. Nous allons voir comme j'y réussis.

Dans aucune circonstance de ma vie, les sentiments de religion ne m'avaient abandonnée. Méprisant les vains sophismes des esprits forts, les croyant tous émanés du libertinage bien plus que d'une ferme persuasion, je leur opposais ma conscience et mon cœur, et trouvais au moyen de l'un et de l'autre tout ce qu'il fallait pour y répondre. Souvent forcée par mes malheurs de négliger mes devoirs de piété, je réparais ces torts aussitôt que j'en trouvais l'occasion.

Je venais de partir d'Auxerre le 7 d'août, je n'en oublierai jamais l'époque; j'avais fait environ deux lieues, et la chaleur commençant à m'incommoder, je montai sur une petite éminence couverte d'un bouquet de bois, peu éloignée de la route, avec le dessein de m'y rafraîchir et d'y sommeiller une couple d'heures, à moins de frais que dans une auberge, et plus en sûreté que sur le grand chemin; je m'établis au pied d'un chêne, et après un déjeuner frugal, je me livre aux douceurs du sommeil. J'en avais joui longtemps avec tranquillité, lorsque mes yeux se rouvrant je me plais à contempler le paysage qui se présente à moi dans le lointain. Du milieu d'une forêt, qui s'étendait à droite, je crus voir à près de trois ou quatre lieues de moi un petit clocher s'élever modestement dans l'air… Aimable solitude, me dis-je, que ton séjour me fait envie! tu dois être l'asile de quelques douces et vertueuses recluses qui ne s'occupent que de Dieu… que de leurs devoirs; ou de quelques saints ermites uniquement consacrés à la religion… Éloignées de cette société pernicieuse où le crime veillant sans cesse autour de l'innocence la dégrade et l'anéantit… ah! toutes les vertus doivent habiter là, j'en suis sûre, et quand les crimes de l'homme les exilent de dessus la terre, c'est là, c'est dans cette retraite solitaire qu'elles vont s'ensevelir au sein des êtres fortunés qui les chérissent et les cultivent chaque jour.

J'étais anéantie dans ces pensées, lorsqu'une fille de mon âge, gardant des moutons sur ce plateau, s'offrit tout à coup à ma vue; je l'interroge sur cette habitation, elle me dit que ce que je vois est un couvent de Bénédictins, occupé par quatre solitaires dont rien n'égale la religion, la continence et la sobriété. «On y va, me dit cette jeune fille, une fois par an en pèlerinage près d'une Vierge miraculeuse, dont les gens pieux obtiennent tout ce qu'ils veulent.» Singulièrement émue du désir d'aller aussitôt implorer quelques secours aux pieds de cette sainte Mère de Dieu, je demande à cette fille si elle veut y venir prier avec moi; elle me répond que cela est impossible, que sa mère l'attend; mais que la route est aisée. Elle me l'indique, elle m'assure que le supérieur de cette maison, le plus respectable et le plus saint des hommes, me recevra parfaitement bien, et m'offrira tous les secours qui pourront m'être nécessaires.

– On le nomme dom Sévérino, continua cette fille; il est Italien, proche parent du Pape qui le comble de bienfaits; il est doux, honnête, serviable, âgé de cinquante-cinq ans, dont il a passé plus des deux tiers en France… Vous en serez contente, mademoiselle, continua la bergère; allez vous édifier dans cette sainte solitude, et vous n'en reviendrez que meilleure.

Ce récit enflammant encore davantage mon zèle, il me devint impossible de résister au désir violent que j'éprouvais d'aller visiter cette sainte église et d'y réparer par quelques actes pieux les négligences dont j'étais coupable. Quelque besoin que j'aie moi-même de charités, je donne un écu à cette fille, et me voilà dans la route de Sainte-Marie-des-Bois: tel était le nom du couvent vers lequel je dirigeai mes pas.

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