Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
Les souliers du mort (Ботинки мертвеца) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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Vers onze heures du matin, le policier qui était sorti à pied, arrivait rue Richer. Il s’introduisit dans le couloir de l’immeuble, et gagnait l’escalier, lorsqu’il s’entendit appeler :
— Monsieur Juve ! Monsieur Juve !
Le policier se retourna, c’était la concierge. La brave femme avait l’air toute bouleversée.
— Ah, s’écria-t-elle en apercevant l’inspecteur de la Sûreté, je crois bien Monsieur Juve, que je vais en devenir folle. Savez-vous ce qui est arrivé ?
— Ma foi non, fit le policier.
La concierge tonna :
— Eh bien, c’est Baraban, ce M. Baraban, ce brave et digne homme, mon locataire est rentré ! Voilà-t’y pas les morts qui reviennent maintenant ! Ah, monsieur Juve, j’en ai z’eu les sangs retournés, même que j’ai été obligée d’absorber trois vulnéraires pour me remettre.
La bonne femme sentait l’alcool à plein nez, ce qui détermina chez Juve cette question :
— Il y a longtemps, interrogea-t-il, que vous avez absorbé ce cordial ?
La concierge désignait, sur la table de sa loge, une fiole à moitié vide :
— Mais dix minutes à peine, monsieur Juve, dix minutes seulement. Mon locataire n’est rentré que ce matin.
— Ah bah, fit Juve, votre locataire n’est rentré que ce matin. Vous ne l’avez donc pas vu hier, hier après-midi ?
— Ah bien sûr que non, monsieur Juve, fit la concierge, sans quoi j’aurais eu le temps de me remettre comme de bien entendu, et telle que vous me voyez, je suis encore sous le coup de la surprise et de l’émotion.
— Décidément, songea Juve, j’ai bien fait de venir. Les mystères sont loin d’être éclaircis.
La concierge, cependant, l’avait quitté pour aller répondre à une foule de commères qui s’introduisaient dans sa loge, envahissaient le couloir de la maison. Le quartier venait d’être mis au courant, les journaux du matin avaient annoncé le retour de Baraban. On venait aux renseignements.
Juve grimpa l’escalier, sonna à la porte de l’appartement du fameux personnage.
Quelques instants après Juve se trouvait en présence de M. Baraban.
Le vieillard était tiré à quatre épingles. Il avait une rose à la boutonnière de sa jaquette et portait, sur sa chevelure blanche, très abondante, un chapeau haut de forme, crânement incliné sur l’oreille.
Un instant, il parut interdit en apercevant ce visiteur, et eut un brusque recul en arrière. Mais immédiatement après, le personnage se ressaisissait, il ajustait son lorgnon sur son nez et proféra d’une voix cordiale, un peu chantante :
— Tiens par exemple, quelle bonne surprise ! Comment allez-vous, mon cher ami ?
Sans attendre de réponse, il pirouetta sur ses talons, alla à la fenêtre de son petit salon, fit tomber une jalousie, ce qui atténuait la lumière :
— C’est à cause des mouches, s’écria-t-il. Mon appartement est exposé au midi, et ces sales bêtes l’envahissent chaque fois qu’elles le peuvent.
Il revenait vers Juve, lui tapait amicalement sur l’épaule :
— Je vous demande pardon, je suis horriblement pressé. Je descends.
Juve était demeuré silencieux, abasourdi par cet accueil. Baraban ne le connaissait guère, il l’avait juste aperçu la veille. Que signifiait cette réception ?
— Il est peut-être fou, pensa Juve. En tout cas, c’est un drôle d’énergumène.
Le policier allait poser une question, son interlocuteur ne lui en laissait pas le temps, il l’entraînait sur le palier de l’escalier. Puis, dans la demi-obscurité qui régnait, il s’approcha de Juve, le dévisageant curieusement :
— C’est drôle, fit-il, je vous connais très bien, et je ne vous remets pas en ce moment. Quel est donc votre nom ? Vous ne m’en voulez pas de vous le demander, n’est-il pas vrai ? Je vois tellement de monde, et il m’est arrivé depuis quelques heures, de si singulières aventures, que j’en suis tout abasourdi.
Juve se nomma.
Baraban levait les bras au ciel :
— C’est bien ce que je me disais, fit-il. Vous étiez à Vernon hier soir ?
— Oui, commença Juve.
Mais Baraban l’avait pris par le bras, l’entraînait dans l’escalier, le contraignant à descendre avec lui :
— Quel dommage mon cher ami, disait le joyeux vieillard, que vous ne soyez pas resté à la réception qui m’a été faite par toute la population hier soir chez les Ricard. C’était d’un charmant, d’un exquis, d’un délicieux ! Je ne connaissais pas Vernon, la ville est coquette, les femmes y sont ravissantes, et les hommes des plus aimables. C’est égal, croyez-vous que c’en est une aventure, et que mes pauvres petits neveux, cette gentille Alice, cet excellent Fernand, ont eu du fil à retordre à mon sujet avec les gaffes de la police. Cela ne vous vexe pas au moins que je dise du mal des gens de la Sûreté ?
— Mon Dieu ! proféra Juve, pour ma part, je n’ai jamais cru à un assassinat, mais bien à une fugue !
— Là ! s’écria l’oncle Baraban en secouant les mains du policier, je l’aurais juré sur la tête des enfants que je n’ai jamais eus. Vous êtes un type épatant, vous ! Ça se devine tout de suite et vous avez du flair. Parbleu, vous vous êtes dit : « Qui donc aurait voulu assassiner l’oncle Baraban ? C’est une crème d’homme ce gros petit vieux bien propre ! Le cœur sur la main, et l’invitation facile, toujours le mot pour rire ! Et puis, ça se savait dans le quartier, les petites femmes et moi nous avons toujours fait bon ménage ! Ah, les petites femmes, il n’y a que ça ! Qu’est-ce que vous voulez, j’ai beau avoir des cheveux blancs, je suis incorrigible, oui, oui, incorrigible !
Juve, complètement ahuri par l’étourdissant verbiage de ce joyeux vieillard, ne pouvait pas placer un mot. On était désormais sur le pas de la porte. Baraban passa raide devant la loge de la concierge. D’un geste de mépris il la désigna au policier :
— La vilaine, fit-il, c’est elle qui est la cause de toutes mes histoires.
Cependant, la portière s’approchait. Elle balbutia, larmoyante :
— Monsieur Baraban, voyons… vous m’en voulez toujours ?
Solennel, le faux Baraban déclara :
— Tout est fini à jamais entre nous, madame, et je déménage au prochain terme.
Cependant, Baraban s’était avancé dans la rue, une clameur s’élevait.
C’étaient les commères du quartier qui proféraient leur enthousiasme et leur surprise à la vue du vieillard, et Juve, qui le suivait difficilement dans la foule, entendait à son sujet les commentaires les plus bizarres :
— Comme il est changé, on ne le reconnaîtrait pas, disait la fruitière, juchée sur un escabeau sur le pas de sa porte, cependant que deux voisines protestaient :
— Moi, je le reconnais ! Toujours le même, ce Baraban, et vêtu comme un prince. On voit bien que c’est un homme à femmes.
Baraban, cependant, s’éloignait, écartait d’un geste digne les importuns. Quelques audacieux avaient demandé :
— Qu’est-ce qu’il vous est donc arrivé, Monsieur Baraban ?
— Si vous voulez le savoir, lisez les journaux, il y a vingt-cinq colonnes sur mon histoire, on ne parle que de moi.
Juve avait rejoint Baraban.
— Tiens, fit celui-ci d’un air étonné, vous voilà, cher monsieur ? Qu’y a-t-il pour votre service ?
Juve était accoutumé aux plus extraordinaires originalités. Toutefois, en dépit de son flegme, il ne put demeurer impassible :
— Ah ça, déclara-t-il, mais vous avez toujours l’air de tomber de la lune, Monsieur Baraban ! Il me semble pourtant que vous devriez vous souvenir que j’étais avec vous, il y a deux minutes ?
D’un air très naturel, Baraban répondit :
— Mais certainement, mais certainement. Toutefois, je croyais que nous nous étions quittés.
Il se penchait à l’oreille de Juve :
— Je vais retrouver une petite femme. Un petit bijou délicieux, quelque chose d’exquis. Alors, vous comprenez…
Juve fronça le sourcil :
— Est-ce que cet animal se moque de moi ? pensait-il, ou bien alors est-il complètement loufoque ?
Juve, toutefois paya d’audace :