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La main coupee (Отрезанная рука)

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La main coupee (Отрезанная рука)
Название: La main coupee (Отрезанная рука)
Дата добавления: 15 январь 2020
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La main coupee (Отрезанная рука) - читать бесплатно онлайн , автор Аллен Марсель

продолжение серии книг про Фантомаса

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— Hélène, gémit Fandor dont la conscience était à la torture, Hélène, puis-je faire autrement ? vous qui êtes droite, noble, sincère, ne mépriseriez-vous pas Jérôme Fandor et Juve si l’un ou l’autre accédait à votre désir ?

— Jérôme Fandor, reprit sur le même ton, de sa voix grave et convaincante, la fille de Fantômas, puis-je faire autrement ? et que penseriez-vous d’une fille, d’un enfant qui trahirait son père ?

Il y eut un silence : ces deux êtres si sincères, si touchants l’un et l’autre, courbaient le front sous les coups brutaux de la Destinée.

Ils demeurèrent longtemps silencieux, immobiles, puis lentement la fille de Fantômas appuya sur le bouton électrique : un domestique apparut.

— Reconduisez monsieur, fit-elle.

Fandor, comme s’il sortait d’un rêve la considéra un instant, abasourdi de son calme imperturbable.

— Vous reverrai-je ?

— Dans une heure, je serai partie d’ici. Ne cherchez pas à me rejoindre. Vous ne me retrouveriez pas.

Fandor, ému, silencieux, ne quittait pas Hélène des yeux, puis, il se rapprocha d’elle et à voix très basse :

— Vous ne dites pas la vérité, je sais que je vous retrouverai, mais dites-moi quand ? où ? je veux le savoir.

— Qui sait, dit Hélène.

Puis, jugeant que l’entretien avait assez duré, trop duré peut-être, elle s’inclina cérémonieusement devant Fandor :

— Adieu, monsieur.

— Adieu, mademoiselle Denise.

***

Dans le modeste appartement qu’ils occupaient à l’hôtel de la Bonne Chance, Juve et Fandor demeuraient prostrés l’un en face de l’autre, assis dans des fauteuils.

Juve avait les traits tirés, semblait d’une humeur massacrante, Fandor se rongeait les ongles jusqu’au sang.

— C’est plus que de la sottise, grognait Juve, c’est de l’incohérence, presque de la trahison.

— Juve, vous employez des mots qui ne traduisent pas votre pensée.

— Prends-les comme tu voudras, répliqua le policier, lorsqu’on tient à sa merci quelqu’un comme la fille de Fantômas, on ne se laisse pas berner par un regard de ses beaux yeux, on l’empoigne, on l’amène de gré ou de force. La gaillarde est très forte. Elle t’a roulé.

Fandor n’avouait pas qu’au sortir de la maison Héberlauf il avait éprouvé un instant, lui aussi, la crainte d’être dupé par la fille de Fantômas.

Mais il s’était ravisé aussitôt, il connaissait le caractère intransigeant, net, catégorique et profondément honnête de l’enfant du bandit et il savait que ses grands yeux ne mentaient pas.

Fandor répondit :

— Je ne suis ni une brute, ni un malotru, Juve, mais j’étais chez elle, je ne pouvais rien.

— Il fallait l’empoigner tout de même, on se serait expliqué ensuite.

— Juve, vous raisonnez comme un argousin.

— Toi, Fandor, tu te conduis comme un imbécile.

Les deux hommes, un instant, se regardèrent avec des yeux chargés de colère, puis le silence reprit. Il plana longtemps sur eux, sans que les deux amis fassent quoi que ce soit pour le rompre. La rage, en effet, bouillonnait dans leur cœur.

— Juve, appela enfin Fandor.

— Quoi ?

Le journaliste poursuivit perfidement :

— Rien ne vous empêche, si le cœur vous en dit, de courir après la fille de Fantômas, de vous lancer à sa poursuite, de faire arrêter l’officier. Vous avez eu toute la nuit et la matinée pour vous en préoccuper. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?

Juve blêmit :

— Si je ne l’ai pas fait, c’est parce que je ne l’ai pas voulu. Libre à moi d’occuper mon temps comme il me plaît.

— Libre à vous, surtout, Juve, interrompit Fandor, de courtiser la dame de pique.

— Cela vaut peut-être mieux que de se laisser berner par la dame de cœur.

Juve, en effet, tandis que Fandor était allé voir la fille de Fantômas, était resté au Casino. D’abord, il avait joué à la roulette pour s’efforcer d’étudier les tricheries possibles, pour savoir si quelque nouvelle combinaison de son énigmatique adversaire n’allait pas lui permettre de découvrir les complots ourdis contre le Casino. Mais Juve, s’il avait été de bonne foi, aurait certainement reconnu que c’était là un prétexte. Juve avait joué parce qu’il devenait joueur. Parce qu’il était pris dans l’engrenage, parce que, malgré lui, lorsqu’il entendait le bruissement des pièces d’or sur les tapis verts des roulettes ou du trente et quarante, il éprouvait comme un vertige, comme un besoin, de tenter, lui aussi, la chance et cela, non pas uniquement par cupidité ou par avarice, par désir de gagner de l’argent, mais pour le plaisir, pour le charme, pour la jouissance du jeu en soi. Or, cette nuit-là, jusqu’à l’aube, Juve avait joué la petite fortune que le Casino lui avait octroyée généreusement la veille au soir, pour le récompenser de sa découverte du truquage de la roulette. Et voici que Juve avait tout perdu et c’est à peine s’il lui restait un peu de menue monnaie.

Après s’être invectivés durement, les deux hommes se regardèrent avec des yeux chargés de haine :

— Juve.

— Fandor.

— Retirez ce que vous venez de dire ?

— Retire toi-même, je ne commencerai pas.

Les deux amis qui, jusqu’alors avaient vécu dans une parfaite communion de pensée, se tournèrent le dos.

Juve prit son chapeau et, sans un regard pour Fandor, il quitta leur chambre.

Fandor s’habilla également pour sortir. Il descendit sur les pas de Juve, puis, lorsqu’ils furent parvenus dans la rue, tandis que l’un tournait à droite, l’autre tournait à gauche. Juve et Fandor étaient brouillés.

Si telle était la solution qu’avait rêvée Fantômas, – en admettant que ce fût lui l’auteur de tous ces mystérieux crimes, – il avait fait un coup de maître en attirant à Monaco, Juve et Fandor.

17 – À L’ENTRÉE DES COFFRES-FORTS

Par la route sinueuse qui mène au col de la Turbie, un couple cheminait lentement sous la morsure du soleil.

Ce couple, un homme et une femme, se tenait par le bras. Ils se serraient de près, ils échangeaient des mots tendres.

Parfois, ils arrêtaient leur ascension et se retournaient pour contempler derrière eux le superbe panorama du Rocher de Monaco dont les constructions pittoresques et variées s’étageaient en-dessous d’eux et derrière lequel, à l’horizon, s’étendait comme en nappe d’azur, les flots de la Méditerranée.

— Que c’est beau, comme l’on voudrait vivre ici, disait la femme, à quoi l’homme répondait, plus froid :

— Bah, c’est toujours la même chose, il n’est pas mauvais de voir du pays.

— Louis, interrogea alors la promeneuse, auriez-vous quelques soucis ?

— Je m’ennuie, voilà tout, répondit Louis Meynan, le caissier du Cercle de Monaco, j’en ai assez de cette existence.

Isabelle de Guerray eut un sourire de ravissement. Elle considéra avec une douceur attendrie le visage du jeune homme :

— Tout cela changera bientôt, mon ami, murmura-t-elle, lorsque nous serons mariés.

Puis elle ajoutait, câline :

— Nous irons où vous voudrez, où tu voudras, selon ton gré, l’un à l’autre, étroitement unis.

— Vous êtes bien poétique, aujourd’hui, ma chère Isabelle.

Et Isabelle, rappelée à l’ordre, se tut.

Elle avait cru réaliser son rêve : se marier, conquérir la respectabilité qui lui faisait envie. Ce rêve s’appelait Louis Meynan.

Mais tout à coup, les choses s’étaient gâtées. Si le caissier du Casino acceptait tacitement de vivre d’une fortune gagnée il ne voulait pas savoir comment, il s’affolait en revanche à l’idée que sa future épouse pût être compromise dans une affaire judiciaire. Or il y avait cette main de mort qui portait l’anneau offert à l’un des amants d’Isabelle.

La rupture avait failli se produire.

Isabelle de Guerray avait résolu d’en avoir le cœur net.

Précisément Louis Meynan était libre jusqu’à sept heures du soir. Ils s’expliqueraient au cours d’une promenade en tête à tête.

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