Les Noces secretes
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Le texte des Noces secr?tes est une petite merveille. Ce roman, et c’en est un en d?pit de sa taille – cinquante pages environ en format num?rique -, qui ne faiblit jamais quant au style, une « langue parfaite ? tous ?gards », en dira Maurice Druon ! est un hymne rare ? l’amour.Si l’amour, on le sait, a de bien nombreux visages, celui que nous vivrons avec les Noces secr?tes est d’une humanit? formidable. Nous y trouverons de la sensualit?, oui, de la passion inexorable, c’est certain, mais cela dans un entrelacs avec l’id?e la plus pure (toujours le feu), la plus haute de l’amour. Ici, avec les pieds dans la glaise et la t?te au vent, on touche peut-?tre ? une forme de mysticisme. L’?ternel Retour ? Ce ressentir sera le secret de chaque lecteur…Il s’agit bien l? du mariage ?tonnant de ces Noces secr?tes. G?rard Caramaro dans un ?tui de toute beaut? nous offre ? aimer non seulement une langue comme on ne peut en lire tous les jours, mais une aventure ?tonnante de deux mortels guid?s par un sentiment que l’on croit bien conna?tre. En cela, d’ailleurs, et outre le d?cor pour les amours de ces amants magnifiques, l’?uvre est arthurienne. Les Noces secr?tes sont dans le droit-fil du mythe de Tristan et Iseut.
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«Ami, si je sens bien les choses, ce premier contact citadin, toi aussi, t’horrifie. Nous avons vu néons, enseignes lumineuses, et nous préférons la lumière naturelle. Où est notre place ici? De quoi avons-nous besoin? Simplement de ne pas nous séparer, de rester bien près l’un de l’autre. Retournons à la chênaie et vivons-y, en sauvages amants. Les plus tendres sauvageons que forêt eut jamais abrités. Bâtis-nous belle et forte demeure. Moi, j’irai auprès de Marzin combiner quelque plan pour notre subsistance. Nous sommes, toi et moi, de cette nature, qui est notre milieu. Soyons arbre et rivière, couleuvre et roseau, que la forêt soit notre niche bienveillante. Ensemble le froid ne nous mordra pas, nous ne manquerons de rien. Si besoin, Marzin fera un intermédiaire entre le reste du monde et nous. Personne – tu connais la profondeur de la forêt aux environs des Sulèves! – ne connaîtra même notre existence en ces lieux.»
L’audace et la force de Lucile me confondaient. Comment… isolés ou presque de tout, saurions-nous survivre dans la chênaie… Tant d’années de confort petit nous ont si peu aguerris à vivre ainsi, et si proches de son ancien foyer! Folle, belle et si aimante Lucile… ton courage nous ouvre peut-être la voie, la seule pour ne pas dissoudre notre mariage – j’irai!
Je t’ai prise contre moi et t’embrasse et te serre, et nos rires à la consternation du badaud couvrent le grondement des automobiles, et nous dansons, tournoyons, sur cette place grise de béton et de vitrines offertes à l’ennui. Amour et folie ne firent jamais mauvais ménage.