Le Chevalier De Maison-Rouge
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Un des livres consacr?s par Dumas ? la R?volution Fran?aise. L'action se passe en 1793. Le jacobin Maurice Lindey, officier dans la garde civique, sauve des investigations d'une patrouille une jeune et belle inconnue, qui garde l'anonymat. Prisonni?re au Temple, o? r?gne le cordonnier Simon, ge?lier du dauphin, Marie-Antoinette re?oit un billet lui annon?ant que le chevalier de Maison-Rouge pr?pare son enl?vement…
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Elle se reprit:
– … Comme nous avons souffert depuis deux jours!
– Oui, dit Maurice, nous voilà tous; rassurez-vous donc et ne vous faites plus de terreurs pareilles. Il y a surtout un nom, voyez-vous, qu’il faudrait vous déshabituer de prononcer, attendu qu’en ce moment il n’est pas en odeur de sainteté.
– Et lequel? demanda vivement Geneviève.
– C’est celui du chevalier de Maison-Rouge.
– J’ai nommé le chevalier de Maison-Rouge, moi? dit Geneviève épouvantée.
– Sans doute, répondit Dixmer avec un rire forcé; mais, vous comprenez, Maurice, il n’y a rien là d’étonnant, puisqu’on dit publiquement qu’il était complice de la fille Tison, et que c’est lui qui a dirigé la tentative d’enlèvement qui, par bonheur, a échoué hier.
– Je ne dis pas qu’il y a quelque chose d’étonnant à cela, répondit Maurice; je dis seulement qu’il n’a qu’à se bien cacher.
– Qui? demanda Dixmer.
– Le chevalier de Maison-Rouge, parbleu! La Commune le cherche, et ses limiers ont le nez fin.
– Pourvu qu’on l’arrête, dit Morand, avant qu’il accomplisse quelque nouvelle entreprise qui réussira mieux que la dernière.
– En tout cas, dit Maurice, ce ne sera pas en faveur de la reine.
– Et pourquoi cela? demanda Morand.
– Parce que la reine est désormais à l’abri de ses coups de main.
– Et où est-elle donc? demanda Dixmer.
– À la Conciergerie, répondit Maurice; on l’y a transférée cette nuit.
Dixmer, Morand et Geneviève poussèrent un cri que Maurice prit pour une exclamation de surprise.
– Ainsi, vous voyez, continua-t-il, adieu les plans du chevalier de la reine! La Conciergerie est plus sûre que le Temple.
Morand et Dixmer échangèrent un regard qui échappa à Maurice.
– Ah! mon Dieu! s’écria-t-il, voilà encore madame Dixmer qui pâlit.
– Geneviève, dit Dixmer à sa femme, il faut te mettre au lit, mon enfant; tu souffres.
Maurice comprit qu’on le congédiait; il baisa la main de Geneviève et sortit.
Morand sortit avec lui et l’accompagna jusqu’à la vieille rue Saint-Jacques.
Là, il le quitta pour aller dire quelques mots à une espèce de domestique qui tenait un cheval tout sellé.
Maurice était si préoccupé, qu’il ne demanda pas même à Morand, auquel d’ailleurs il n’avait pas adressé un mot depuis qu’ils étaient sortis ensemble de la maison, qui était cet homme et que faisait là ce cheval.
Il prit la rue des Fossés-Saint-Victor et gagna les quais.
– C’est étrange, se disait-il tout en marchant. Est-ce mon esprit qui s’affaiblit? sont-ce les événements qui prennent de la gravité? mais tout m’apparaît grossi comme à travers un microscope.
Et, pour retrouver un peu de calme, Maurice présenta son front à la brise du soir, et s’appuya sur le parapet du pont.
XXIX La patrouille
Comme il achevait en lui-même cette réflexion, tout en regardant l’eau couler avec cette attention mélancolique dont on retrouve les symptômes chez tout Parisien pur, Maurice, appuyé au parapet du pont, entendit une petite troupe qui venait à lui d’un pas égal, comme pourrait être celui d’une patrouille.
Il se retourna; c’était une compagnie de la garde nationale qui arrivait par l’autre extrémité. Au milieu de l’obscurité, Maurice crut reconnaître Lorin. C’était lui, en effet. Dès qu’il l’aperçut, il courut à lui les bras ouverts:
– Enfin, s’écria Lorin, c’est toi. Morbleu! ce n’est pas sans peine que l’on te rejoint;
Mais, puisque je retrouve un ami si fidèle,
Ma fortune va prendre une face nouvelle.
» Cette fois, tu ne te plaindras pas, j’espère; je te donne du Racine au lieu de te donner du Lorin.
– Que viens-tu donc faire par ici en patrouille? demanda Maurice que tout inquiétait.
– Je suis chef d’expédition, mon ami; il s’agit de rétablir sur sa base primitive notre réputation ébranlée.
Puis, se retournant vers sa compagnie:
– Portez armes! présentez armes! haut les armes! dit-il. Là, mes enfants, il ne fait pas encore nuit assez noire. Causez de vos petites affaires, nous allons causer des nôtres.
Puis, revenant à Maurice:
– J’ai appris aujourd’hui à la section deux grandes nouvelles, continua Lorin.
– Lesquelles?
– La première, c’est que nous commençons à être suspects, toi et moi.
– Je le sais. Après?
– Ah! tu le sais?
– Oui.
– La seconde, c’est que toute la conspiration à l’œillet a été conduite par le chevalier de Maison-Rouge.
– Je le sais encore.
– Mais ce que tu ne sais pas, c’est que la conspiration de l’œillet rouge et celle du souterrain ne faisaient qu’une seule conspiration.
– Je le sais encore.
– Alors passons à une troisième nouvelle; tu ne la sais pas, celle-là, j’en suis sûr. Nous allons prendre ce soir le chevalier de Maison-Rouge.
– Prendre le chevalier de Maison-Rouge?
– Oui.
– Tu t’es donc fait gendarme?
– Non; mais je suis patriote. Un patriote se doit à sa patrie. Or, ma patrie est abominablement ravagée par ce chevalier de Maison-Rouge, qui fait complots sur complots. Or, la patrie m’ordonne, à moi qui suis un patriote, de la débarrasser du susdit chevalier de Maison-Rouge qui la gêne horriblement, et j’obéis à la patrie.
– C’est égal, dit Maurice, il est singulier que tu te charges d’une pareille commission.
– Je ne m’en suis pas chargé, on m’en a chargé; mais, d’ailleurs, je dois dire que je l’eusse briguée, la commission. Il nous faut un coup éclatant pour nous réhabiliter, attendu que notre réhabilitation, c’est non seulement la sécurité de notre existence, mais encore le droit de mettre à la première occasion six pouces de lame dans le ventre de cet affreux Simon.
– Mais comment a-t-on su que c’était le chevalier de Maison-Rouge qui était à la tête de la conspiration du souterrain?
– Ce n’est pas encore bien sûr, mais on le présume.
– Ah! vous procédez par induction?