Le Chevalier De Maison-Rouge
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Un des livres consacr?s par Dumas ? la R?volution Fran?aise. L'action se passe en 1793. Le jacobin Maurice Lindey, officier dans la garde civique, sauve des investigations d'une patrouille une jeune et belle inconnue, qui garde l'anonymat. Prisonni?re au Temple, o? r?gne le cordonnier Simon, ge?lier du dauphin, Marie-Antoinette re?oit un billet lui annon?ant que le chevalier de Maison-Rouge pr?pare son enl?vement…
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Un officier accourut. Simon lui parla, lui montrant, avec des yeux enflammés, l’intérieur de la cabine. L’officier cria à son tour:
– Aux armes!
– Black! Black! appela la reine en faisant quelques pas en avant.
Mais le chien ne lui répondit pas et continua d’aboyer avec fureur. Les gardes nationaux coururent aux armes, et se précipitèrent vers la cabine, tandis que les municipaux s’emparaient de la reine, de sa sœur et de sa fille, et forçaient les prisonnières à repasser le guichet, qui se referma derrière elles.
– Apprêtez vos armes! crièrent les municipaux aux sentinelles.
Et l’on entendit le bruit des fusils qu’on armait.
– C’est là, c’est là, sous la trappe, criait Simon. J’ai vu remuer la trappe, j’en suis sûr. D’ailleurs, le chien de l’Autrichienne, un bon petit chien qui n’était pas du complot, lui, a jappé contre les conspirateurs, qui sont probablement dans la cave. Eh! tenez, il jappe encore.
En effet, Black, animé par les cris de Simon, redoubla ses aboiements. L’officier saisit l’anneau de la trappe. Deux grenadiers des plus vigoureux, voyant qu’il ne pouvait venir à bout de la soulever, l’y aidèrent, mais sans plus de succès.
– Vous voyez bien qu’ils retiennent la trappe en dedans, dit Simon. Feu! à travers la trappe, mes amis! feu!
– Eh! cria madame Plumeau, vous allez casser mes bouteilles.
– Feu! répéta Simon, feu!
– Tais-toi, braillard! dit l’officier. Et vous, apportez des haches et entamez les planches. Maintenant, qu’un peloton se tienne prêt. Attention! et feu dans la trappe aussitôt qu’elle sera ouverte.
Un gémissement des ais et un soubresaut subit annoncèrent aux gardes nationaux qu’un mouvement intérieur venait de s’opérer. Bientôt après, on entendit un bruit souterrain qui ressemblait à une herse de fer qui se ferme.
– Courage! dit l’officier aux sapeurs qui accouraient.
La hache entama les planches. Vingt canons de fusil s’abaissèrent dans la direction de l’ouverture, qui s’élargissait de seconde en seconde. Mais, par l’ouverture, on ne vit personne. L’officier alluma une torche et la jeta dans la cave; la cave était vide.
On souleva la trappe, qui, cette fois, céda sans présenter la moindre résistance.
– Suivez-moi, s’écria l’officier en se précipitant bravement dans l’escalier.
– En avant! en avant! crièrent les gardes nationaux en s’élançant à la suite de leur officier.
– Ah! femme Plumeau, dit Tison, tu prêtes ta cave aux aristocrates!
Le mur était défoncé. Des pas nombreux avaient foulé le sol humide, et un conduit de trois pieds de large et de cinq pieds de haut, pareil au boyau d’une tranchée, s’enfonçait dans la direction de la rue de la Corderie.
L’officier s’aventura dans cette ouverture, décidé à poursuivre les aristocrates jusque dans les entrailles de la terre; mais, à peine eut-il fait trois ou quatre pas, qu’il fut arrêté par une grille de fer.
– Halte! dit-il à ceux qui le poussaient par derrière, on ne peut pas aller plus loin, il y a empêchement physique.
– Eh bien, dirent les municipaux, qui, après avoir renfermé les prisonnières, accouraient pour avoir des nouvelles, qu’y a-t-il? Voyons?
– Parbleu! dit l’officier en reparaissant, il y a conspiration; les aristocrates voulaient enlever la reine pendant sa promenade, et probablement qu’elle était de connivence avec eux.
– Peste! cria le municipal. Que l’on coure après le citoyen Santerre, et qu’on prévienne la Commune.
– Soldats, dit l’officier, restez dans cette cave, et tuez tout ce qui se présentera.
Et l’officier, après avoir donné cet ordre, remonta pour faire son rapport.
– Ah! ah! criait Simon en se frottant les mains. Ah! ah! dira-t-on encore que je suis fou? Brave Black! Black est un fameux patriote, Black a sauvé la République. Viens ici, Black, viens!
Et le brigand, qui avait fait les yeux doux au pauvre chien, lui lança, quand il fut proche de lui, un coup de pied qui l’envoya à vingt pas.
– Oh! je t’aime, Black! dit-il; tu feras couper le cou à ta maîtresse. Viens ici, Black, viens!
Mais, au lieu d’obéir, cette fois, Black reprit en criant le chemin du donjon.
XXVII Le muscadin
Il y avait deux heures, à peu près, que les événements que nous venons de raconter étaient accomplis.
Lorin se promenait dans la chambre de Maurice, tandis qu’Agésilas cirait les bottes de son maître dans l’antichambre; seulement, pour la plus grande commodité de la conversation, la porte était demeurée ouverte, et, dans le parcours qu’il accomplissait, Lorin s’arrêtait devant cette porte et adressait des questions à l’officieux.
– Et tu dis, citoyen Agésilas, que ton maître est parti ce matin?
– Oh! mon Dieu, oui.
– À son heure ordinaire?
– Dix minutes plus tôt, dix minutes plus tard, je ne saurais trop dire.
– Et tu ne l’as pas revu depuis?
– Non, citoyen.
Lorin reprit sa promenade et fit en silence trois à quatre tours, puis s’arrêtant de nouveau:
– Avait-il son sabre? demanda-t-il.
– Oh! quand il va à la section, il l’a toujours.
– Et tu es sûr que c’est à la section qu’il est allé?
– Il me l’a dit du moins.
– En ce cas, je vais le rejoindre, dit Lorin. Si nous nous croisions, tu lui diras que je suis venu et que je vais revenir.
– Attendez, dit Agésilas.
– Quoi?
– J’entends son pas dans l’escalier.
– Tu crois?
– J’en suis sûr.
En effet, presque au même instant, la porte de l’escalier s’ouvrit et Maurice entra.
Lorin jeta sur celui-ci un coup d’œil rapide, et voyant que rien en lui ne paraissait extraordinaire:
– Ah! te voilà enfin! dit Lorin; je t’attends depuis deux heures.
– Tant mieux, dit Maurice en souriant, cela t’aura donné du temps pour préparer les distiques et les quatrains.
– Ah! mon cher Maurice, dit l’improvisateur, je n’en fais plus.
– De distiques et de quatrains?
– Non.