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La Reine Margot Tome I

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La Reine Margot Tome I
Название: La Reine Margot Tome I
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 261
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La Reine Margot Tome I читать книгу онлайн

La Reine Margot Tome I - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Sur fond de guerres sanglantes, de Saint Barth?l?my ainsi que de la lutte entre Catherine de M?dicis et Henri de Navarre, la premi?re ?pouse de ce dernier, Marguerite de Valois, appel?e la reine Margot, entretient des intrigues amoureuses notoires et violentes… Roman historique qui reste avant tout un roman, ce livre nous fait sentir l'atmosph?re de cette ?poque et appr?hender l'histoire de notre pays!

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– Ah! mon cher René! s’écria Marguerite en reconnaissant le parfumeur de Catherine… c’est vous… vous sortez de chez ma mère… savez-vous ce qu’est devenu mon mari?

– Sa Majesté le roi de Navarre n’est point mon ami, madame… vous devez vous en souvenir. On dit même, ajouta-t-il avec une contraction qui ressemblait plus à un grincement qu’à un sourire, on dit même qu’il ose m’accuser d’avoir, de complicité avec madame Catherine, empoisonné sa mère.

– Non! non! s’écria Marguerite, ne croyez pas cela, mon bon René!

– Oh! peu m’importe, madame! dit le parfumeur; ni le roi de Navarre ni les siens ne sont plus guère à craindre en ce moment.

Et il tourna le dos à Marguerite.

– Oh! monsieur de Tavannes, monsieur de Tavannes!

s’écria Marguerite, un mot, un seul, je vous prie! Tavannes qui passait, s’arrêta.

– Où est Henri de Navarre? dit Marguerite.

– Ma foi! dit-il tout haut, je crois qu’il court la ville avec MM. d’Alençon et Condé. Puis, si bas que Marguerite seule put l’entendre:

– Belle Majesté, dit-il, si vous voulez voir celui pour être à la place duquel je donnerais ma vie, allez frapper au cabinet des Armes du roi.

– Oh! merci, Tavannes! dit Marguerite, qui, de tout ce que lui avait dit Tavannes, n’avait entendu que l’indication principale; merci, j’y vais.

Et elle prit sa course tout en murmurant:

– Oh! après ce que je lui ai promis, après la façon dont il s’est conduit envers moi quand cet ingrat Henri s’était caché dans le cabinet, je ne puis le laisser périr!

Et elle vint heurter à la porte des appartements du roi; mais ils étaient ceints intérieurement par deux compagnies des gardes.

– On n’entre point chez le roi, dit l’officier en s’avançant vivement.

– Mais moi? dit Marguerite.

– L’ordre est général.

– Moi, la reine de Navarre! moi, sa sœur!

– Ma consigne n’admet point d’exception, madame; recevez donc mes excuses. Et l’officier referma la porte.

– Oh! il est perdu, s’écria Marguerite alarmée par la vue de toutes ces figures sinistres, qui, lorsqu’elles ne respiraient pas la vengeance, exprimaient l’inflexibilité. – Oui, oui, je comprends tout… on s’est servi de moi comme d’un appât… je suis le piège où l’on prend et égorge les huguenots… Oh! j’entrerai, dussé-je me faire tuer.

Et Marguerite courait comme une folle par les corridors et par les galeries, lorsque tout à coup passant devant une petite porte, elle entendit un chant doux, presque lugubre, tant il était monotone. C’était un psaume calviniste que chantait une voix tremblante dans la pièce voisine.

– La nourrice du roi mon frère, la bonne Madelon… elle est là! s’écria Marguerite en se frappant le front, éclairée par une pensée subite; elle est là!… Dieu des chrétiens, aide-moi!

Et Marguerite, pleine d’espérance, heurta doucement à la petite porte.

En effet, après l’avis qui lui avait été donné par Marguerite, après son entretien avec René, après sa sortie de chez la reine mère, à laquelle, comme un bon génie, avait voulu s’opposer la pauvre petite Phébé, Henri de Navarre avait rencontré quelques gentilshommes catholiques qui, sous prétexte de lui faire honneur, l’avaient reconduit chez lui, où l’attendaient une vingtaine de huguenots, lesquels s’étaient réunis chez le jeune prince, et, une fois réunis, ne voulaient plus le quitter, tant depuis quelques heures le pressentiment de cette nuit fatale avait plané sur le Louvre. Ils étaient donc restés ainsi sans qu’on eût tenté de les troubler. Enfin, au premier coup de la cloche de Saint-Germain-l’Auxerrois, qui retentit dans tous ces cœurs comme un glas funèbre, Tavannes entra, et, au milieu d’un silence de mort, annonça à Henri que le roi Charles IX voulait lui parler.

Il n’y avait point de résistance à tenter, personne n’en eut même la pensée. On entendait les plafonds, les galeries et les corridors du Louvre craquer sous les pieds des soldats réunis tant dans les cours que dans les appartements, au nombre de près de deux mille. Henri, après avoir pris congé de ses amis, qu’il ne devait plus revoir, suivit donc Tavannes, qui le conduisit dans une petite galerie contiguë au logis du roi, où il le laissa seul, sans armes et le cœur gonflé de toutes les défiances.

Le roi de Navarre compta ainsi, minute par minute, deux mortelles heures, écoutant avec une terreur croissante le bruit du tocsin et le retentissement des arquebusades; voyant, par un guichet vitré, passer, à la lueur de l’incendie, au flamboiement des torches, les fuyards et les assassins; ne comprenant rien à ces clameurs de meurtre et à ces cris de détresse; ne pouvant soupçonner enfin, malgré la connaissance qu’il avait de Charles IX, de la reine mère et du duc de Guise, l’horrible drame qui s’accomplissait en ce moment.

Henri n’avait pas le courage physique; il avait mieux que cela, il avait la puissance morale: craignant le danger, il l’affrontait en souriant, mais le danger du champ de bataille, le danger en plein air et en plein jour, le danger aux yeux de tous, qu’accompagnaient la stridente harmonie des trompettes et la voix sourde et vibrante des tambours… Mais là, il était sans armes, seul, enfermé, perdu dans une demi-obscurité, suffisante à peine pour voir l’ennemi qui pouvait se glisser jusqu’à lui et le fer qui le voulait percer. Ces deux heures furent donc pour lui les deux heures peut-être les plus cruelles de sa vie.

Au plus fort du tumulte, et comme Henri commençait à comprendre que, selon toute probabilité, il s’agissait d’un massacre organisé, un capitaine vint chercher le prince et le conduisit, par un corridor, à l’appartement du roi. À leur approche la porte s’ouvrit, derrière eux la porte se referma, le tout comme par enchantement, puis le capitaine introduisit Henri près de Charles IX, alors dans son cabinet des Armes.

Lorsqu’ils entrèrent, le roi était assis dans un grand fauteuil, ses deux mains posées sur les deux bras de son siège et la tête retombant sur sa poitrine. Au bruit que firent les nouveaux venus, Charles IX releva son front, sur lequel Henri vit couler la sueur par grosses gouttes.

– Bonsoir, Henriot, dit brutalement le jeune roi. Vous, La Chastre, laissez-nous. Le capitaine obéit. Il se fit un moment de sombre silence. Pendant ce moment, Henri regarda autour de lui avec inquiétude et vit qu’il était seul avec le roi. Charles IX se leva tout à coup.

– Par la mordieu! dit-il en retroussant d’un geste rapide ses cheveux blonds et en essuyant son front en même temps, vous êtes content de vous voir près de moi, n’est-ce pas, Henriot?

– Mais sans doute, Sire, répondit le roi de Navarre, et c’est toujours avec bonheur que je me trouve auprès de Votre Majesté.

– Plus content que d’être là-bas, hein? reprit Charles IX, continuant à suivre sa pauvre pensée plutôt qu’il ne répondait au compliment de Henri.

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