La Reine Margot Tome I

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La Reine Margot Tome I
Название: La Reine Margot Tome I
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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La Reine Margot Tome I - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Sur fond de guerres sanglantes, de Saint Barth?l?my ainsi que de la lutte entre Catherine de M?dicis et Henri de Navarre, la premi?re ?pouse de ce dernier, Marguerite de Valois, appel?e la reine Margot, entretient des intrigues amoureuses notoires et violentes… Roman historique qui reste avant tout un roman, ce livre nous fait sentir l'atmosph?re de cette ?poque et appr?hender l'histoire de notre pays!

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– Oui, sans doute. Je ne connaissais point le prince de Béarn lorsqu’on me l’a proposé pour époux.

– Et depuis que vous le connaissez, ne m’avez-vous pas affirmé que vous n’éprouviez aucun amour pour lui?

– Je vous l’ai dit, il est vrai.

– Votre opinion n’était-elle pas que ce mariage devait faire votre malheur?

– Mon cher François, dit Marguerite, quand un mariage n’est pas la suprême félicité, c’est presque toujours la suprême douleur.

– Eh bien, ma chère Marguerite! comme je vous le disais, j’attends.

– Mais qu’attendez-vous, dites?

– Que vous témoigniez votre joie.

– De quoi donc ai-je à me réjouir?

– Mais de cette occasion inattendue qui se présente de reprendre votre liberté.

– Ma liberté! reprit Marguerite, qui voulait forcer le prince à aller jusqu’au bout de sa pensée.

– Sans doute, votre liberté; vous allez être séparée du roi de Navarre.

– Séparée! dit Marguerite en fixant ses yeux sur le jeune prince.

Le duc d’Alençon essaya de soutenir le regard de sa sœur; mais bientôt ses yeux s’écartèrent d’elle avec embarras.

– Séparée! répéta Marguerite; voyons cela, mon frère, car je suis bien aise que vous me mettiez à même d’approfondir la question; et comment compte-t-on nous séparer?

– Mais, murmura le duc, Henri est huguenot.

– Sans doute; mais il n’avait pas fait mystère de sa religion, et l’on savait cela quand on nous a mariés.

– Oui, mais depuis votre mariage, ma sœur, dit le duc, laissant malgré lui un rayon de joie illuminer son visage, qu’a fait Henri?

– Mais vous le savez mieux que personne, François, puisqu’il a passé ses journées presque toujours en votre compagnie, tantôt à la chasse, tantôt au mail, tantôt à la paume.

– Oui, ses journées, sans doute, reprit le duc, ses journées; mais ses nuits? Marguerite se tut, et ce fut à son tour de baisser les yeux.

– Ses nuits, continua le duc d’Alençon, ses nuits?

– Eh bien? demanda Marguerite, sentant qu’il fallait bien répondre quelque chose.

– Eh bien, il les a passées chez madame de Sauve.

– Comment le savez-vous? s’écria Marguerite.

– Je le sais parce que j’avais intérêt à le savoir, répondit le jeune prince en pâlissant et en déchiquetant la broderie de ses manches.

Marguerite commençait à comprendre ce que Catherine avait dit tout bas à Charles IX: mais elle fit semblant de demeurer dans son ignorance.

– Pourquoi me dites-vous cela, mon frère? répondit-elle avec un air de mélancolie parfaitement joué; est-ce pour me rappeler que personne ici ne m’aime et ne tient à moi: pas plus ceux que la nature m’a donnés pour protecteurs que celui que l’Église m’a donné pour époux?

– Vous êtes injuste, dit vivement le duc d’Alençon en rapprochant encore son fauteuil de celui de sa sœur, je vous aime et vous protège, moi.

– Mon frère, dit Marguerite en le regardant fixement, vous avez quelque chose à me dire de la part de la reine mère.

– Moi! vous vous trompez, ma sœur, je vous jure; qui peut vous faire croire cela?

– Ce qui peut me le faire croire, c’est que vous rompez l’amitié qui vous attachait à mon mari; c’est que vous abandonnez la cause du roi de Navarre.

– La cause du roi de Navarre! reprit le duc d’Alençon tout interdit.

– Oui, sans doute. Tenez, François, parlons franc. Vous en êtes convenu vingt fois, vous ne pouvez vous élever et même vous soutenir que l’un par l’autre. Cette alliance…

– Est devenue impossible, ma sœur, interrompit le duc d’Alençon.

– Et pourquoi cela?

– Parce que le roi a des desseins sur votre mari. Pardon! en disant votre mari, je me trompe: c’est sur Henri de Navarre que je voulais dire. Notre mère a deviné tout. Je m’alliais aux huguenots parce que je croyais les huguenots en faveur. Mais voilà qu’on tue les huguenots et que dans huit jours il n’en restera pas cinquante dans tout le royaume. Je tendais la main au roi de Navarre parce qu’il était… votre mari. Mais voilà qu’il n’est plus votre mari. Qu’avez-vous à dire à cela, vous qui êtes non seulement la plus belle femme de France, mais encore la plus forte tête du royaume?

– J’ai à dire, reprit Marguerite, que je connais notre frère Charles. Je l’ai vu hier dans un de ces accès de frénésie dont chacun abrège sa vie de dix ans; j’ai à dire que ces accès se renouvellent, par malheur, bien souvent maintenant, ce qui fait que, selon toute probabilité, notre frère Charles n’a pas longtemps à vivre; j’ai à dire enfin que le roi de Pologne vient de mourir et qu’il est fort question d’élire en sa place un prince de la maison de France; j’ai à dire enfin que, lorsque les circonstances se présentent ainsi, ce n’est point le moment d’abandonner des alliés qui, au moment du combat, peuvent nous soutenir avec le concours d’un peuple et l’appui d’un royaume.

– Et vous, s’écria le duc, ne me faites-vous pas une trahison bien plus grande de préférer un étranger à votre frère?

– Expliquez-vous, François; en quoi et comment vous ai-je trahi?

– Vous avez demandé hier au roi la vie du roi de Navarre?

– Eh bien? demanda Marguerite avec une feinte naïveté. Le duc se leva précipitamment, fit deux ou trois fois le tour de la chambre d’un air égaré, puis revint prendre la main de Marguerite. Cette main était raide et glacée.

– Adieu, ma sœur, dit-il; vous n’avez pas voulu me comprendre, ne vous en prenez donc qu’à vous des malheurs qui pourront vous arriver.

Marguerite pâlit, mais demeura immobile à sa place. Elle vit sortir le duc d’Alençon sans faire un signe pour le rappeler; mais à peine l’avait-elle perdu de vue dans le corridor qu’il revint sur ses pas.

– Écoutez, Marguerite, dit-il, j’ai oublié de vous dire une chose: c’est que demain, à pareille heure, le roi de Navarre sera mort.

Marguerite poussa un cri; car cette idée qu’elle était l’instrument d’un assassinat lui causait une épouvante qu’elle ne pouvait surmonter.

– Et vous n’empêcherez pas cette mort? dit-elle; vous ne sauverez pas votre meilleur et votre plus fidèle allié?

– Depuis hier, mon allié n’est plus le roi de Navarre.

– Et qui est-ce donc, alors?

– C’est M. de Guise. En détruisant les huguenots, on a fait M. de Guise roi des catholiques.

– Et c’est le fils de Henri II qui reconnaît pour son roi un duc de Lorraine!…

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