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La Mare Au Diable

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La Mare Au Diable
Название: La Mare Au Diable
Автор: Sand George
Дата добавления: 16 январь 2020
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La Mare Au Diable читать книгу онлайн

La Mare Au Diable - читать бесплатно онлайн , автор Sand George

La Mare au Diable est un lieu maudit o? souffle l'angoisse. Pr?s d'elle se d?roule toute l'histoire. Un paysan, veuf avec ses enfants, cherche femme. Qui ?pousera-t-il? celle qu'on lui a promise, ou une pauvre paysanne, harcel?e par son patron? Cette petite Marie est l'?me d'un paysage de r?ve, et l'embl?me de l'enfance ?ternelle. Un roman d'amour, mais travers? par le cri des chiens fous, la nu?e sanglotante des oiseaux, le fossoyeur ?pileptique. La voix de la terre s'y accorde avec celle de l'Ame enfantine: George Sand y parle avec force du sol natal et des premiers souvenirs.

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Le chanvreur

– Cela ne sera point; vous nous faites dégoût et point du tout pitié. M’est avis que vous êtes ivres, que vous n’avez besoin de rien et que vous voulez entrer chez nous pour nous voler notre feu et nos filles.

Le fossoyeur

– Puisque vous ne voulez entendre à aucune bonne raison, nous allons entrer chez vous par force.

Le chanvreur

– Essayez, si vous voulez. Nous sommes assez bien renfermés pour ne pas vous craindre. Et puisque vous êtes insolents, nous ne vous répondrons pas davantage.

Là-dessus le chanvreur ferma à grand bruit l’huis de la lucarne et redescendit dans la chambre au-dessous, par une échelle. Puis il reprit la fiancée par la main et, les jeunes gens des deux sexes se joignant à eux, tous se mirent à danser et à crier joyeusement tandis que les matrones chantaient d’une voix perçante et poussaient de grands éclats de rire en signe de mépris et de bravade contre ceux du dehors qui tentaient l’assaut.

Les assiégeants, de leur coté, faisaient rage: ils déchargeaient leurs pistolets dans les portes, faisaient gronder les chiens, frappaient de grand coups sur les murs, secouaient les volets, poussaient des cris effroyables; enfin, c’était un vacarme à ne pas s’entendre, une poussière et une fumée à ne se point voir

Pourtant cette attaque était simulée: le moment n’était pas venu de violer l’étiquette. Si l’on parvenait, en rôdant, à trouver un passage non gardé, une ouverture quelconque, on pouvait chercher à s’introduire par surprise, et alors, si le porteur de la broche arrivait à mettre son rôti au feu, la prise de possession du foyer ainsi constatée, la comédie finissait et le fiancé était vainqueur.

Mais les issues de la maison n’étaient pas assez nombreuses pour qu’on eût négligé les précautions d’usage et nul ne se fût arrogé le droit d’employer la violence avant le moment fixé pour la lutte.

Quand on fut las de sauter et de crier, le chanvreur songea à capituler. Il remonta à sa lucarne, l’ouvrit avec précaution et salua les assiégeants désappointés par un éclat de rire.

– Eh bien, mes gars, dit-il, vous voilà bien penauds! Vous pensiez que rien n’était plus facile que d’entrer céans et vous voyez que notre défense est bonne. Mais nous commençons à avoir pitié de vous, si vous voulez vous soumettre et accepter nos conditions.

Le fossoyeur

– Parlez, mes braves gens; dites ce qu’il faut faire pour approcher de votre foyer.

Le chanvreur

– Il faut chanter, mes amis, mais chanter une chanson que nous ne connaissions pas, et à laquelle nous ne puissions pas répondre par une meilleure.

– Qu’à cela ne tienne! répondit le fossoyeur, et il entonna d’une voix puissante:

Voilà six mois que c’était le printemps,

– Me promenais sur l’herbette naissante, répondit le chanvreur d’une voix un peu enrouée, mais terrible. Vous moquez-vous, mes pauvres gens, de nous chanter une pareille vieillerie? Vous voyez bien que nous vous arrêtons au premier mot!

– C’était la fille d’un prince…

– Qui voulait se marier, répondit le chanvreur. Passez, passez à une autre! nous connaissons celle-là un peu trop.

Le fossoyeur

– Voulez-vous celle-ci? En revenant de Nantes…

Le chanvreur

– J’étais bien fatigué, voyez! J’étais bien fatigué. Celle-là est du temps de ma grand’mère. Voyons-en une autre!

Le fossoyeur

– L’autre jour en me promenant…

Le chanvreur

– Le long de ce bois charmant! En voilà une qui est bête! Nos petits enfants ne voudraient pas se donner la peine de vous répondre! Quoi! voilà tout ce que vous savez?

Le fossoyeur

– Oh! nous vous en dirons tant que vous finirez par rester court.

Il se passa bien une heure à combattre ainsi. Comme les deux antagonistes étaient les deux plus forts du pays sur la chanson, et que leur répertoire semblait inépuisable, cela eût pu durer toute la nuit, d’autant plus que le chanvreur mit un peu de malice à laisser chanter certaines complaintes en dix, vingt ou trente couplets, feignant, par son silence, de se déclarer vaincu. Alors on triomphait dans le camp du fiancé, on chantait en chœur à pleine voix et on croyait que, cette fois, la partie adverse ferait défaut; mais, à la moitié du couplet final, on entendait la voix, rude et enrhumée du vieux chanvreur beugler les derniers vers; après quoi il s’écriait:

– Vous n’aviez pas besoin de vous fatiguer à en dire une si longue, mes enfants! Nous la savions sur le bout du doigt!

Une ou deux fois pourtant le chanvreur fit la grimace, fronça le sourcil et se retourna d’un air désappointé vers les matrones attentives. Le fossoyeur chantait quelque chose de si vieux, que son adversaire l’avait oublié, ou peut-être qu’il ne l’avait jamais su; mais aussitôt les bonnes commères nasillaient, d’une voix aigre comme celle de la mouette, le refrain victorieux; et le fossoyeur, sommé de se rendre, passait à d’autres essais.

Il eût trop long d’attendre de quel côté resterait la victoire à condition qu’on offrirait à celle-ci un présent digne d’elle.

Alors commença le chant des livrées sur un air solennel comme un chant d’église.

Les hommes du dehors dirent en basse-taille à l’unisson:

Ouvrez la porte, ouvrez,

Marie, ma mignonne,

J’ons de beaux cadeaux à vous présenter

Hélas! ma mie, laissez-nous entrer

À quoi les femmes répondirent de l’intérieur, et en fausset, d’un ton dolent:

Mon père est en chagrin, ma mère en grand tristesse,

Et moi je suis fille de trop grand merci

Pour ouvrir ma porte à cette heures ici.

Les hommes reprirent le premier couplet jusqu’au quatrième vers, qu’ils modifièrent de la sorte:

J’ons un beau cadeau à vous présenter.

Mais au nom de la fiancée, les femmes répondirent de même que la première fois.

Pendant vingt couplets, au moins, les hommes énumérèrent tous les cadeaux de la livrée, mentionnant toujours un objet nouveau dans le dernier vers: un beau devanteau (tablier), de beaux rubans, un habit de drap, de la dentelle, une croix d’or, et jusqu’à un cent d’épingles pour compléter la modeste corbeille de la mariée. Le refus des matrones était irrévocable; mais enfin les garçons se décidèrent à parler d’un beau mari à leur présenter, et elles répondirent en s’adressant à la mariée, en lui chantant avec les hommes:

Ouvrez la porte, ouvrez,

Marie, ma mignonne,

C’est un beau mari qui vient vous chercher,

Allons ma mie, laissons les entrer.

III. Le mariage

Aussitôt le chanvreur tira la cheville de bois qui fermait la porte à l’intérieur: c’était encore, à cette époque, la seule serrure connue dans la plupart des habitations de notre hameau. La bande du fiancé fit irruption dans la demeure de la fiancée, mais non sans combat; car les garçons cantonnés dans la maison, même le vieux chanvreur et les vieilles commères se mirent en devoir de garder le foyer. Le porteur de la broche, soutenu par les siens, devait arriver à planter le rôti dans l’âtre. Ce fut une véritable bataille, quoiqu’on s’abstint de se frapper et qu’il n’y eût point de colère dans cette lutte. Mais on se poussait et on se pressait si étroitement, et il y avait tant d’amour-propre en jeu dans cet essai de forces musculaires, que les résultats pouvaient être plus sérieux qu’ils ne le paraissaient à travers les rires et les chansons. Le pauvre vieux chanvreur, qui se débattait comme un lion, fut collé à la muraille et serré par la foule, jusqu’à perdre la respiration. Plus d’un champion renversé fut foulé aux pieds involontairement, plus d’une main cramponnée à la broche fut ensanglantée. Ces jeux sont dangereux et les accidents ont été assez graves dans les derniers temps pour que nos paysans aient résolu de laisser tomber en désuétude la cérémonie des livrées. Je crois que nous avons vu la dernière à la noce de Françoise Meillant, et encore la lutte ne fut-elle que simulée.

Cette lutte fut encore assez passionnée à la noce de Germain. Il y avait une question de point d’honneur de part et d’autre à envahir et à défendre le foyer de la Guillette. L ’énorme broche de fer fut tordue comme une vis sous les vigoureux poignets qui se la disputaient. Un coup de pistolet mit le feu à une petite provision de chanvre en poupées, placée sur une claie, au plafond. Cet incident fit diversion et, tandis que les uns s’empressaient d’étouffer ce germe d’incendie, le fossoyeur, qui était grimpé au grenier sans qu’on s’en aperçut, descendit par la cheminée et saisit la broche au moment où le bouvier, qui la défendait auprès de l’âtre, l’élevait au-dessus de sa tête pour empêcher qu’elle ne lui fût arrachée. Quelque temps avant la prise d’assaut, les matrones avaient eu le soin déteindre le feu, de crainte qu’en se débattant auprès, quelqu’un ne vînt à y tomber et à se brûler. Le facétieux fossoyeur, d’accord avec le bouvier, s’empara donc du trophée sans difficulté et le jeta en travers sur les landiers. C’en était fait! il n’était plus permis d’y toucher. Il sauta au milieu de la chambre et alluma un reste de paille, qui entourait la broche, pour faire le simulacre de la cuisson du rôti, car l’oie était en pièces et jonchait le plancher de ses membres épars.

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