Le Chevalier De Maison-Rouge
Le Chevalier De Maison-Rouge читать книгу онлайн
Un des livres consacr?s par Dumas ? la R?volution Fran?aise. L'action se passe en 1793. Le jacobin Maurice Lindey, officier dans la garde civique, sauve des investigations d'une patrouille une jeune et belle inconnue, qui garde l'anonymat. Prisonni?re au Temple, o? r?gne le cordonnier Simon, ge?lier du dauphin, Marie-Antoinette re?oit un billet lui annon?ant que le chevalier de Maison-Rouge pr?pare son enl?vement…
Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала
– Y a-t-il des témoins? demanda le président.
– Il y en a un, répondit l’huissier.
– Appelez le témoin.
– Maximilien-Jean Lorin! glapit l’huissier.
– Lorin! s’écria Maurice. Oh! mon Dieu, qu’est-il donc arrivé?
Cette scène se passait le jour même de l’arrestation de Lorin, et Maurice ignorait cette arrestation.
– Lorin! murmura Geneviève en regardant autour d’elle avec une douloureuse inquiétude.
– Pourquoi le témoin ne répond-il pas à l’appel? demanda le président.
– Citoyen président, dit Fouquier-Tinville, sur une dénonciation récente, le témoin a été arrêté à son domicile; on va l’amener à l’instant.
Maurice tressaillit.
– Il y avait un autre témoin plus important, continua Fouquier; mais celui-là, on n’a pas pu le trouver encore.
Dixmer se retourna en souriant vers Maurice: peut-être la même idée qui avait passé dans la tête de l’amant passait-elle à son tour dans la tête du mari.
Geneviève pâlit et s’affaissa sur elle-même en poussant un gémissement.
En ce moment, Lorin entra suivi de deux gendarmes.
Après lui, et par la même porte, apparut Simon, qui vint s’asseoir dans le prétoire en habitué de la localité.
– Vos nom et prénoms? demanda le président.
– Maximilien-Jean Lorin.
– Votre état?
– Homme libre.
– Tu ne le seras pas longtemps, dit Simon en lui montrant le poing.
– Êtes-vous parent de la prévenue?
– Non; mais j’ai l’honneur d’être de ses amis.
– Saviez-vous qu’elle conspirât l’enlèvement de la reine?
– Comment voulez-vous que je susse cela?
– Elle pouvait vous l’avoir confié.
– À moi, membre de la section des Thermopyles?… Allons donc!
– On vous a vu cependant quelquefois avec elle.
– On a dû m’y voir souvent même.
– Vous la connaissiez pour une aristocrate?
– Je la connaissais pour la femme d’un maître tanneur.
– Son mari n’exerçait pas en réalité l’état sous lequel il se cachait.
– Ah! cela, je l’ignore; son mari n’est pas de mes amis.
– Parlez-nous de ce mari.
– Oh! très volontiers! c’est un vilain homme…
– Monsieur Lorin, dit Geneviève, par pitié…
Lorin continua impassiblement:
– Qui a sacrifié sa pauvre femme que vous avez devant les yeux pour satisfaire, non pas même à ses opinions politiques, mais à ses haines personnelles. Pouah! je le mets presque aussi bas que Simon.
Dixmer devint livide. Simon voulut parler; mais, d’un geste, le président lui imposa silence.
– Vous paraissez connaître parfaitement cette histoire, citoyen Lorin, dit Fouquier; contez-nous-la.
– Pardon, citoyen Fouquier, dit Lorin en se levant, j’ai dit tout ce que j’en savais.
Il salua et se rassit.
– Citoyen Lorin, continua l’accusateur, il est de ton devoir d’éclairer le tribunal.
– Qu’il s’éclaire avec ce que je viens de dire. Quant à cette pauvre femme, je le répète, elle n’a fait qu’obéir à la violence… Eh! tenez, regardez-la seulement, est-elle taillée en conspiratrice? On l’a forcée de faire ce qu’elle a fait, voilà tout.
– Tu le crois?
– J’en suis sûr.
– Au nom de la loi, dit Fouquier, je requiers que le témoin Lorin soit traduit devant le tribunal comme prévenu de complicité avec cette femme.
Maurice poussa un gémissement.
Geneviève cacha son visage dans ses deux mains.
Simon s’écria, dans un transport de joie:
– Citoyen accusateur, tu viens de sauver la patrie!
Quant à Lorin, sans rien répondre, il enjamba la balustrade, pour venir s’asseoir près de Geneviève; il lui prit la main, et, la baisant respectueusement:
– Bonjour, citoyenne, dit-il avec un flegme qui électrisa l’assemblée. Comment vous portez-vous?
Et il se rassit sur le banc des accusés.
LII Suite du précédent
Toute cette scène avait passé comme une vision fantasmagorique devant Maurice, appuyé sur la poignée de son sabre, qui ne le quittait pas; il voyait tomber un à un ses amis dans le gouffre qui ne rend pas ses victimes, et cette image mortelle était pour lui si frappante, qu’il se demandait pourquoi lui, le compagnon de ces infortunés, se cramponnait encore au bord du précipice, et ne se laissait point aller au vertige qui l’entraînait avec eux.
En enjambant la balustrade, Lorin avait vu la figure sombre et railleuse de Dixmer.
Lorsqu’il se fut placé près d’elle, comme nous l’avons dit, Geneviève se pencha à son oreille.
– Oh! mon Dieu! dit-elle, savez-vous que Maurice est là?
– Où donc?
– Ne regardez pas tout de suite; votre regard pourrait le perdre.
– Soyez tranquille.
– Derrière nous, près de la porte. Quelle douleur pour lui si nous sommes condamnés!
Lorin regarda la jeune femme avec une tendre compassion.
– Nous le serons, dit-il, je vous conjure de ne pas en douter. La déception serait trop cruelle si vous aviez l’imprudence d’espérer.
– Oh! mon Dieu! dit Geneviève. Pauvre ami qui restera seul sur la terre!
Lorin se retourna alors vers Maurice, et Geneviève, n’y pouvant résister, jeta de son côté un regard rapide sur le jeune homme. Maurice avait les yeux fixés sur eux, et il appuyait une main sur son cœur.
– Il y a un moyen de vous sauver, dit Lorin.
– Sûr? demanda Geneviève, dont les yeux étincelèrent de joie.
– Oh! de celui-là, j’en réponds.
– Si vous me sauviez, Lorin, comme je vous bénirais!
– Mais ce moyen…, reprit le jeune homme.
Geneviève lut son hésitation dans ses yeux.