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Fernande

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Fernande
Название: Fernande
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Fernande читать книгу онлайн

Fernande - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

La baronne de Barth?le attend son vieil ami et amant le comte de Montgiroux, pair de France. Son fils Maurice, mari? ? la ni?ce du comte, se meurt de fi?vre c?r?brale. Sur la suggestion du m?decin de Maurice, la baronne a accept? de faire venir ? son ch?teau Mme Ducoudray qui pourrait apaiser la fi?vre du mourant. ? son arriv?e, la dame apprend le but de sa visite, sauver Maurice – Maurice, pr?nom qui ne lui est pas inconnu. Le comte d?couvre lui que Mme Ducoudray n'autre que Fernande,la courtisane qu’il a pris pour ma?tresse. Arrive ensuite Mme de Neuilly, parente de la baronne, veuve envieuse qui reconna?t en Fernande une ancienne pensionnaire d’orphelinat et qui voudrait bien savoir comment elle s'y est pris pour faire ce riche mariage avec M. Ducoudray. Elle r?v?le que Fernande est de sang noble, fille de la famille de Mormant. Par son entremise, Fernande apprend ? son tour que Maurice est en fait le fils du baron…

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Quant à madame de Barthèle, c’était le caractère le plus opposé à celui du comte de Montgiroux qui se pût voir; et peut-être la longue intimité qui les avait unis ne s’était-elle conservée si intacte que par cette loi incompréhensible des contrastes, à laquelle on ne croirait point si l’on ne heurtait à chaque pas dans le monde ses résultats de tous les jours. Un mariage de convenance l’avait unie, déjà âgée de vingt-deux ans, c’est-à-dire majeure et libre de sa volonté, à M. de Barthèle; mais, une heure avant la signature du contrat, elle avait demandé un entretien à son futur époux, et, après lui avoir désigné près d’elle un fauteuil préparé à cet effet:

– Monsieur, lui avait-elle dit, nos procureurs respectifs vont nous marier pour terminer un ennuyeux procès. Vous n’avez pas pour moi le moindre amour; je n’ai pas pour vous le moindre entraînement. C’est une transaction que nous allons signer, excellente pour vous, car vous y gagnez l’administration de soixante mille livres de rente. Mes parents ont désiré cette union, et j’ai montré le plus grand respect pour les ordres de mes parents, comme on a l’habitude de le faire dans notre famille. Mais je dois vous prévenir d’une chose, c’est que, depuis longtemps, j’aime le comte de Montgiroux, et que, le comte de Montgiroux m’aime. Une vieille haine de famille, que toutes mes instances n’ont pu vaincre, a seule porté obstacle à mon mariage avec lui. Je vous déclare donc, monsieur, car ne pouvant vous offrir mon amour, ne voulant pas réclamer le vôtre, je tiens au moins à mériter votre estime; je vous déclare donc, monsieur, que rien au monde ne pourra rompre une intimité qui dure déjà depuis un an, intimité commencée par le sentiment le plus irrésistible, intimité que ce sentiment doit continuer en dépit de votre tyrannie, si vous prétendez l’exercer, ou par votre bienveillance, si vous ne voulez pas que le désagrément d’une rupture ait lieu aujourd’hui, ou que le scandale d’une séparation ait lieu demain. Vous avez encore une heure pour réfléchir; voyez, monsieur, choisissez.

M. de Barthèle était un homme de l’ancienne roche, élevé dans les traditions faciles du XVIIIème siècle; il n’ignorait rien à l’égard du comte de Montgiroux. Au lieu d’en vouloir à mademoiselle de Valgenceuse, – tel était le nom de fille de la baronne – il lui avait, au contraire, su un gré infini de sa franchise, et, la remerciant en excellents termes de la liberté dans laquelle elle le mettait, il lui avait avoué que, de son côté, il avait un engagement qu’il lui coûterait fort de rompre. Toutes choses, comme dans Candide, avaient donc été pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, et deux chambres parfaitement séparées avaient révélé aux parents, assez inquiets des suites de cette alliance, que l’accord le plus parfait régnait entre les nouveaux époux.

Or, comme les soins attentifs de M. le comte de Montgiroux pour la baronne de Barthèle ne pouvaient porter ombrage qu’au mari, et qu’on ne s’apercevait pas que le mari y trouvât à redire, le monde imita l’insouciance du mari et fut de l’avis des amants, car le monde sait toujours ce qui se passe, qu’on ait ou qu’on n’ait pas intérêt à lui cacher son secret.

Au bout d’un an de mariage, madame de Barthèle accoucha d’un garçon. – M. de Barthèle reçut les compliments qu’on lui adressait, en homme enchanté d’avoir un héritier de son nom. Il redoubla d’attentions pour sa femme et fit élever l’enfant sous ses yeux, ne voulant point qu’il quittât la maison natale, et qu’il allât perdre dans un collège ce vernis d’aristocratie que conservent toujours chez un jeune homme l’éducation à domicile et la présence des parents. Maurice avait donc été élevé avec un soin tout particulier, et comme on élevait les gentilshommes d’autrefois, par un gouverneur et sous les yeux de M. et de madame de Barthèle.

Enfin, après quinze années d’une union si parfaite qu’elle n’avait jamais subi la moindre altération et qu’on la citait dans le monde comme un modèle, madame de Barthèle, par la mort de son mari, était entrée dans le paradis du veuvage, sans avoir eu à subir, comme on le disait à cette époque, le purgatoire de l’hyménée. Elle avait fort convenablement pleuré son mari, qu’elle regrettait comme on regrette un ami sincère. Ce fut alors qu’une de ses parentes, madame de Neuilly, qui avait éternellement jalousé le bonheur de sa cousine, lui avait suggéré l’idée de se remarier en secondes noces, avec le comte de Montgiroux; idée que le pair de France avait si philosophiquement repoussée. La situation était ainsi restée ce que le passé l’avait faite, sauf les atteintes inévitables de l’âge. L’avenir, ce temps de l’espérance, avait de jour en jour amené des rides, mais pas de déception. Les cheveux de M. de Montgiroux avaient grisonné, mais il avait un coiffeur qui les lui teignait avec art. La taille de madame de Barthèle avait épaissi, mais elle avait une couturière qui l’habillait à merveille. Bref, chaque année avait amené douze mois de plus sans doute; mais, s’ils avaient vieilli pour les autres, les deux amants n’avaient pas vieilli pour eux mêmes, et c’était le principal.

Bientôt ces liens du cœur s’étaient encore resserrés d’un lien de famille. Maurice avait atteint sa vingt-quatrième année, et Clotilde sa dix-septième. Les deux jeunes gens, élevés ensemble, paraissaient avoir une grande affection l’un pour l’autre: un projet de mariage était arrêté entre eux depuis longtemps. Ni l’un ni l’autre, lorsqu’on leur fit part de ce projet, n’y apporta d’opposition. La chose était convenable sous tous les rapports, elle réunissait les deux fortunes. Les amis communs reçurent donc, un beau matin, une lettre de faire part qui leur annonçait le mariage de M. Charles-Maurice de Barthèle avec mademoiselle Clotilde de Montgiroux.

Les jeunes gens partirent pour l’Italie, dont ils visitèrent les principales villes; puis, à leur retour, il fut convenu qu’on passerait l’hiver dans l’hôtel de la rue de Varennes, qui venait à Maurice du fait de M. de Barthèle, et l’été au château de Fontenay-aux-Roses, que Clotilde tenait de la succession du vicomte de Montgiroux, son père, frère cadet du comte de Montgiroux.

CHAPITRE II

C’était au château de Fontenay-aux-Roses que Clotilde avait été élevée; mais celui qui eût vu en 1835 cette élégante propriété, et qui l’eût comparée à ce qu’elle était trois ans auparavant, ne l’eût certes pas reconnue, et, si le vicomte de Montgiroux fût revenu à la vie, il eût eu grand’peine à retrouver dans la moderne villa le moindre vestige de son ancienne demeure. Le parterre, symétriquement dessiné et entouré de petites charmilles de buis nain, avait fait place à une vaste pelouse, au bout de laquelle on voyait glisser, sur une eau bien pure, deux beaux cygnes argentés. Les hautes murailles dont les espaliers fournissaient autrefois à l’office d’admirables fruits, n’interceptaient plus la vue de la campagne, et avaient cessé d’emprisonner les habitants; mais, à leur place, des sauts de loups et des haies vives défendaient un ravissant jardin, où, du reste, les maraudeurs n’auraient eu que des fleurs à cueillir. Sans doute on n’était plus chez soi, comme le disaient encore quelquefois, en visitant les jeunes mariés, les vieux amateurs de la clôture patriarcale et des habitations françaises dans l’acception du XVIIIème siècle; mais, en revanche, on était aussi chez les autres, puisque l’œil, ne rencontrant plus de barrière, s’étendait du jardin sur les prés, et des prés sur les champs. Des massifs de verdure pour masquer les lieux découverts, des corbeilles de fleurs pour animer les endroits arides, plus de berceaux factices, mais des points de vue admirablement ménagés, une entente parfaite du site, dessiné par un paysagiste, voilà ce que l’art du jardinage moderne avait, en dépit des partisans de Le Nôtre, créé sous la direction de Maurice de Barthèle, qui avait impitoyablement sacrifié l’abricot, la pêche et le brugnon à la vue de la tour de Montlhéry, qui se détachait à cette heure sur le fond bleu de la plaine, et à l’aspect des maisons blanches éparses dans la verte vallée.

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