Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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– Et pourquoi? demanda le jeune garçon.
– Pourquoi, Robert? répondit Paganel. N’as-tu donc jamais entendu dire que la terre était plus rapprochée du soleil pendant l’hiver?
– Si, Monsieur Paganel.
– Et que le froid de l’hiver n’est dû qu’à l’obliquité des rayons solaires?
– Parfaitement.
– Eh bien, mon garçon, c’est pour cette raison même qu’il fait plus chaud dans l’hémisphère austral.
– Je ne comprends pas, répondit Robert, qui ouvrait de grands yeux.
– Réfléchis donc, reprit Paganel, quand nous sommes en hiver, là-bas, en Europe, quelle est la saison qui règne ici, en Australie, aux antipodes?
– L’été, dit Robert.
– Eh bien, puisque précisément à cette époque la terre se trouve plus rapprochée du soleil… Comprends-tu?
– Je comprends…
– Que l’été des régions australes est plus chaud par suite de cette proximité que l’été des régions boréales.
– En effet, Monsieur Paganel.
– Donc, quand on dit que le soleil est plus près de la terre «en hiver», ce n’est vrai que pour nous autres, qui habitons la partie boréale du globe.
– Voilà une chose à laquelle je n’avais pas songé, répondit Robert.
– Et maintenant, va, mon garçon, et ne l’oublie plus.»
Robert reçut de bonne grâce sa petite leçon de cosmographie, et finit par apprendre que la température moyenne de la province de Victoria atteignait soixante-quatorze degrés fahrenheit (plus 23° 33 centigrades).
Le soir, la troupe campa à cinq milles au delà du lac Lonsdale, entre le mont Drummond qui se dressait au nord, et le mont Dryden dont le médiocre sommet écornait l’horizon du sud.
Le lendemain, à onze heures, le chariot atteignit les bords de la Wimerra, sur le cent quarante-troisième méridien.
La rivière, large d’un demi-mille, s’en allait par nappes limpides entre deux hautes rangées de gommiers et d’acacias. Quelques magnifiques myrtacées, le «metrosideros speciosa» entre autres, élevaient à une quinzaine de pieds leurs branches longues et pleurantes, agrémentées de fleurs rouges. Mille oiseaux, des loriots, des pinsons, des pigeons aux ailes d’or, sans parler des perroquets babillards, voletaient dans les vertes ramilles. Au-dessous, à la surface des eaux, s’ébattait un couple de cygnes noirs, timides et inabordables. Ce «rara avis» des rivières australiennes se perdit bientôt dans les méandres de la Wimerra, qui arrosait capricieusement cette campagne attrayante.
Cependant, le chariot s’était arrêté sur un tapis de gazon dont les franges pendaient sur les eaux rapides. Là, ni radeau, ni pont. Il fallait passer pourtant. Ayrton s’occupa de chercher un gué praticable. La rivière, un quart de mille en amont, lui parut moins profonde, et ce fut en cet endroit qu’il résolut d’atteindre l’autre rive. Divers sondages n’accusèrent que trois pieds d’eau. Le chariot pouvait donc s’engager sur ce haut-fond sans courir de grands risques.
«Il n’existe aucun autre moyen de franchir cette rivière? demanda Glenarvan au quartier-maître.
– Non, mylord, répondit Ayrton, mais ce passage ne me semble pas dangereux. Nous nous en tirerons.
– Lady Glenarvan et miss Grant doivent-elles quitter le chariot!
– Aucunement. Mes bœufs ont le pied sûr, et je me charge de les maintenir dans la bonne voie.
– Allez, Ayrton, répondit Glenarvan, je me fie à vous.»
Les cavaliers entourèrent le lourd véhicule, et l’on entra résolument dans la rivière. Les chariots, ordinairement, quand ils tentent ces passages à gué, sont entourés d’un chapelet de tonnes vides qui les soutient à la surface des eaux. Mais ici cette ceinture natatoire manquait; il fallait donc se confier à la sagacité des bœufs tenus en main par le prudent Ayrton. Celui-ci, de son siège, dirigeait l’attelage; le major et les deux matelots fendaient le rapide courant à quelques toises en tête.
Glenarvan et John Mangles, de chaque côté du chariot, se tenaient prêts à secourir les voyageuses, Paganel et Robert fermaient la ligne.
Tout alla bien jusqu’au milieu de la Wimerra. Mais alors, le creux s’accusa davantage, et l’eau monta au-dessus des jantes. Les bœufs, rejetés hors du gué, pouvaient perdre pied et entraîner avec eux l’oscillante machine. Ayrton se dévoua courageusement; il se mit à l’eau, et, s’accrochant aux cornes des bœufs, il parvint à les remettre en droit chemin.
En ce moment, un heurt impossible à prévoir eut lieu; un craquement se fit; le chariot s’inclina sous un angle inquiétant; l’eau gagna les pieds des voyageuses; tout l’appareil commença à dériver, en dépit de Glenarvan et de John Mangles, cramponnés aux ridelles. Ce fut un moment plein d’anxiété.
Fort heureusement, un vigoureux coup de collier rapprocha le véhicule de la rive opposée. La rivière offrit aux pieds des bœufs et des chevaux une pente remontante, et bientôt hommes et bêtes se trouvèrent en sûreté sur l’autre bord, non moins satisfaits que trempés.
Seulement l’avant-train du chariot avait été brisé par le choc, et le cheval de Glenarvan se trouvait déferré des pieds de devant.
Cet accident demandait une réparation prompte. On se regardait donc d’un air assez embarrassé, quand Ayrton proposa d’aller à la station de Black-Point, située à vingt milles au nord, et d’en ramener un maréchal ferrant.
«Allez, allez, mon brave Ayrton, lui dit Glenarvan. Que vous faut-il de temps pour faire ce trajet et revenir au campement?
– Quinze heures peut-être, répondit Ayrton, mais pas plus.
– Partez donc, et, en attendant votre retour, nous camperons au bord de la Wimerra.»
Quelques minutes après, le quartier-maître, monté sur le cheval de Wilson, disparaissait derrière un épais rideau de mimosas.