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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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Le gain est péniblement acquis que ce dur métier rapporte!

Sam Machell raconta en peu de mots son histoire, tandis que le troupeau continuait sa marche entre les bouquets de mimosas. Lady Helena, Mary Grant, les cavaliers avaient mis pied à terre, et, assis à l’ombre d’un vaste gommier, ils écoutaient le récit du stockeeper.

Sam Machell était parti depuis sept mois. Il faisait environ dix milles par jour, et son interminable voyage devait durer trois mois encore. Il avait avec lui, pour l’aider dans cette laborieuse tâche, vingt chiens et trente hommes, dont cinq noirs fort habiles à retrouver les traces des bêtes égarées.

Six chariots suivaient l’armée. Les conducteurs, armés de stockwhipps, fouets dont le manche a dix-huit pouces et la lanière neuf pieds de longueur, circulaient entre les rangs, rétablissant çà et là l’ordre souvent troublé, tandis que la cavalerie légère des chiens voltigeait sur les ailes.

Les voyageurs admirèrent la discipline établie dans le troupeau. Les diverses races marchaient séparément, car bœufs et moutons sauvages s’entendent assez mal; les premiers ne consentent jamais à paître où les seconds ont passé. De là, nécessité de placer les bœufs en tête, et ceux-ci, divisés en deux bataillons, allaient en avant.

Suivaient cinq régiments de moutons commandés par vingt conducteurs, et le peloton des chevaux marchait à l’arrière-garde.

Sam Machell fit remarquer à ses auditeurs que les guides de l’armée n’étaient ni des chiens ni des hommes, mais bien des bœufs, des «leaders» intelligents, dont leurs congénères reconnaissaient la supériorité. Ils s’avançaient au premier rang, avec une gravité parfaite, prenant la bonne route par instinct, et très convaincus de leur droit à être traités avec égards. Aussi les ménageait-on, car le troupeau leur obéissait sans conteste. Leur convenait-il de s’arrêter, il fallait céder à ce bon plaisir, et vainement essayait-on de se remettre en marche après une halte, s’ils ne donnaient eux-mêmes le signal du départ.

Quelques détails ajoutés par le stockeeper complétèrent l’histoire de cette expédition, digne d’être écrite, sinon commandée, par Xénophon lui-même. Tant que l’armée marchait en plaine, c’était bien. Peu d’embarras, peu de fatigues. Les bêtes paissaient sur la route, se désaltéraient aux nombreux creeks des pâturages, dormaient la nuit, voyageaient le jour, et se rassemblaient docilement à la voix des chiens. Mais dans les grandes forêts du continent, à travers les taillis d’eucalyptus et de mimosas, les difficultés croissaient. Pelotons, bataillons et régiments se mélangeaient ou s’écartaient, et il fallait un temps considérable pour les réunir. Que par malheur un leader vînt à s’égarer, on devait le retrouver à tout prix sous peine d’une débandade générale, et les noirs employaient souvent plusieurs jours à ces difficiles recherches. Que les grandes pluies vinssent à tomber, les bêtes paresseuses refusaient d’avancer, et par les violents orages une panique désordonnée s’emparait de ces animaux fous de terreur.

Cependant, à force d’énergie et d’activité, le stockeeper triomphait de ces difficultés sans cesse renaissantes. Il marchait; les milles s’ajoutaient aux milles; les plaines, les bois, les montagnes restaient en arrière. Mais où il fallait joindre à tant de qualités cette qualité supérieure, qui s’appelle la patience, – une patience à toute épreuve, une patience que non seulement des heures, non seulement des jours, mais des semaines ne doivent pas abattre, – c’était au passage des rivières. Là, le stockeeper se voyait retenu devant un cours d’eau, sur ses bords non pas infranchissables, mais infranchis. L’obstacle venait uniquement de l’entêtement du troupeau qui se refusait à passer. Les bœufs, après avoir humé l’eau, revenaient sur leurs pas. Les moutons fuyaient dans toutes les directions plutôt que d’affronter l’élément liquide. On attendait la nuit pour entraîner la troupe à la rivière, cela ne réussissait pas. On y jetait les béliers de force, les brebis ne se décidaient pas à les suivre. On essayait de prendre le troupeau par la soif en le privant d’eau pendant plusieurs jours, le troupeau se passait de boire et ne s’aventurait pas davantage. On transportait les agneaux sur l’autre rive, dans l’espoir que les mères viendraient à leurs cris; les agneaux bêlaient, et les mères ne bougeaient pas de la rive opposée. Cela durait quelquefois tout un mois, et le stockeeper ne savait plus que faire de son armée bêlante, hennissante et beuglante. Puis, un beau jour, sans raison, par caprice, on ne sait pourquoi ni comment, un détachement franchissait la rivière, et alors c’était une autre difficulté d’empêcher le troupeau de s’y jeter en désordre. La confusion se mettait dans les rangs, et beaucoup d’animaux se noyaient dans les rapides.

Tels furent les détails donnés par Sam Machell.

Pendant son récit, une grande partie du troupeau avait défilé en bon ordre. Il était temps qu’il allât rejoindre la tête de son armée et choisir les meilleurs pâturages. Il prit donc congé de lord Glenarvan, enfourcha un excellent cheval indigène qu’un de ses hommes tenait en laisse, et reçut les adieux de tous avec de cordiales poignées de main.

Quelques instants plus tard, il avait disparu dans le tourbillon de poussière.

Le chariot reprit en sens inverse sa marche un moment interrompue, et ne s’arrêta que le soir au pied du mont Talbot.

Paganel fit alors observer judicieusement qu’on était au 25 décembre, le jour de Noël, le Christmas tant fêté des familles anglaises. Mais le stewart ne l’avait pas oublié, et un souper succulent, servi sous la tente, lui valut les compliments sincères des convives. Il faut le dire, Mr Olbinett s’était véritablement surpassé. Sa réserve avait fourni un contingent de mets européens qui se rencontrent rarement dans les déserts de l’Australie. Un jambon de renne, des tranches de bœuf salé, du saumon fumé, un gâteau d’orge et d’avoine, du thé à discrétion, du wisky en abondance, quelques bouteilles de porto, composèrent ce repas étonnant. On se serait cru dans la grande salle à manger de Malcolm-Castle, au milieu des Highlands, en pleine écosse.

Certes, rien ne manquait à ce festin, depuis la soupe au gingembre jusqu’au minced-pies du dessert.

Cependant, Paganel crut devoir y joindre les fruits d’un oranger sauvage qui croissait au pied des collines. C’était le «moccaly» des indigènes; ses oranges faisaient un fruit assez insipide, mais ses pépins écrasés emportaient la bouche comme du piment de Cayenne. Le géographe s’obstina à les manger si consciencieusement par amour de la science, qu’il se mit le palais en feu, et ne put répondre aux questions dont le major l’accabla sur les particularités des déserts australiens.

La journée du lendemain, 26 décembre, n’offrit aucun incident utile à relater. On rencontra les sources du Norton-Creek, et plus tard la Mackensie-river à demi desséchée. Le temps se tenait au beau avec une chaleur très supportable; le vent soufflait du sud, et rafraîchissait l’atmosphère comme eût fait le vent du nord dans l’hémisphère boréal: ce que fit remarquer Paganel à son ami Robert Grant.

«Circonstance heureuse, ajouta-t-il, car la chaleur est plus forte en moyenne dans l’hémisphère austral que dans l’hémisphère boréal.

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