Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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– Ah! Le capitaine Baudin? dit le major.
– Oui! Pourquoi cette exclamation? demanda Paganel.
– Oh! Rien. Continuez, mon cher Paganel.
– Je continue donc en ajoutant aux noms de ces navigateurs celui du capitaine King, qui, de 1817 à 1822, compléta la reconnaissance des côtes intertropicales de la Nouvelle Hollande.
– Cela fait vingt-quatre noms, dit Robert.
– Bon, répondit Paganel, j’ai déjà la moitié de la carabine du major. Et maintenant que j’en ai fini avec les marins, passons aux voyageurs.
– Très bien, Monsieur Paganel, dit lady Helena. Il faut avouer que vous avez une mémoire étonnante.
– Ce qui est fort singulier, ajouta Glenarvan, chez un homme si…
– Si distrait, se hâta de dire Paganel. Oh! je n’ai que la mémoire des dates et des faits. Voilà tout.
– Vingt-quatre, répéta Robert.
– Eh bien, vingt-cinq, le lieutenant Daws. C’était en 1789, un an après l’établissement de la colonie à Port-Jackson. On avait fait le tour du nouveau continent; mais ce qu’il renfermait, personne n’eût pu le dire. Une longue rangée de montagnes parallèles au rivage oriental semblait interdire tout accès à l’intérieur. Le lieutenant Daws, après neuf journées de marche, dut rebrousser chemin et revenir à Port-Jackson. Pendant la même année, le capitaine Tench essaya de franchir cette haute chaîne, et ne put y parvenir. Ces deux insuccès détournèrent pendant trois ans les voyageurs de reprendre cette tâche difficile. En 1792, le colonel Paterson, un hardi explorateur africain cependant, échoua dans la même tentative. L’année suivante, un simple quartier-maître de la marine anglaise, le courageux Hawkins, dépassa de vingt milles la ligne que ses devanciers n’avaient pu franchir. Pendant dix-huit ans, je n’ai que deux noms à citer, ceux du célèbre marin Bass et de M Bareiller, un ingénieur de la colonie, qui ne furent pas plus heureux que leurs prédécesseurs, et j’arrive à l’année 1813 où un passage fut enfin découvert à l’ouest de Sydney. Le gouverneur Macquarie s’y hasarda en 1815, et la ville de Bathurst fut fondée au delà des montagnes bleues. À partir de ce moment, Throsby en 1819, Oxley qui traversa trois cents milles de pays, Howel et Hune dont le point de départ fut précisément Twofold-Bay, où passe le trente-septième parallèle, et le capitaine Sturt, qui, en 1829 et 1830, reconnut les cours du Darling et du Murray, enrichirent la géographie de faits nouveaux et aidèrent au développement des colonies.
– Trente-six, dit Robert.
– Parfait! J’ai de l’avance, répondit Paganel. Je cite pour mémoire Eyre et Leichardt, qui pat une portion du pays en 1840 et 1841; Sturt, en 1845; les frères Grégory et Helpmann, en 1846, dans l’Australie occidentale; Kennedy, en 1847, sur le fleuve Victoria, et, en 1848, dans l’Australie du nord; Grégory, en 1852; Austin, en 1854; les Grégory, de 1855 à 1858, dans le nord-ouest du continent; Babbage, du lac Torrens au lac Eyre, et j’arrive enfin à un voyageur célèbre dans les fastes australiens, à Stuart, qui traça trois fois ses audacieux itinéraires à travers le continent. Sa première expédition à l’intérieur est de 1860. Plus tard, si vous le voulez, je vous raconterai comment l’Australie fut quatre fois traversée du sud au nord. Aujourd’hui, je me borne à achever cette longue nomenclature, et, de 1860 à 1862, j’ajouterai aux noms de tant de hardis pionniers de la science ceux des frères Dempster, de Clarkson et Harper, ceux de Burke et Wills, ceux de Neilson, de Walker, Landsborough, Mackinlay, Howit…
– Cinquante-six! s’écria Robert.
– Bon! Major, reprit Paganel, je vais vous faire bonne mesure, car je ne vous ai cité ni Duperrey, ni Bougainville, ni Fitz-Roy, ni De Wickam, ni Stokes…
– Assez, fit le major, accablé sous le nombre.
– Ni Pérou, ni Quoy, reprit Paganel, lancé comme un express, ni Bennett, ni Cuningham, ni Nutchell, ni Tiers…
– Grâce!…
– Ni Dixon, ni Strelesky, ni Reid, ni Wilkes, ni Mitchell…
– Arrêtez, Paganel, dit Glenarvan, qui riait de bon cœur, n’accablez pas l’infortuné Mac Nabbs. Soyez généreux! Il s’avoue vaincu.
– Et sa carabine? demanda le géographe d’un air triomphant.
– Elle est à vous, Paganel, répondit le major, et je la regrette bien. Mais vous avez une mémoire à gagner tout un musée d’artillerie.
– Il est certainement impossible, dit lady Helena, de mieux connaître son Australie. Ni le plus petit nom, ni le plus petit fait…
– Oh! le plus petit fait! dit le major en secouant la tête.
– Hein! Qu’est-ce, Mac Nabbs? s’écria Paganel.
– Je dis que les incidents relatifs à la découverte de l’Australie ne vous sont peut-être pas tous connus.
– Par exemple! fit Paganel avec un suprême mouvement de fierté.
– Et si je vous en cite un que vous ne sachiez pas, me rendrez-vous ma carabine? demanda Mac Nabbs.
– À l’instant, major.
– Marché conclu?
– Marché conclu.
– Bien. Savez-vous, Paganel, pourquoi l’Australie n’appartient pas à la France?
– Mais, il me semble…
– Ou, tout au moins, quelle raison en donnent les anglais?
– Non, major, répondit Paganel d’un air vexé.
– C’est tout simplement parce que le capitaine Baudin, qui n’était pourtant pas timide, eut tellement peur en 1802 du croassement des grenouilles australiennes, qu’il leva l’ancre au plus vite et s’enfuit pour ne jamais revenir.
– Quoi! s’écria le savant, dit-on cela en Angleterre? Mais c’est une mauvaise plaisanterie!
– Très mauvaise, je l’avoue, répondit le major, mais elle est historique dans le royaume-uni.
– C’est une indignité! s’écria le patriotique géographe. Et cela se répète sérieusement?
– Je suis forcé d’en convenir, mon cher Paganel, répondit Glenarvan au milieu d’un éclat de rire général. Comment! Vous ignoriez cette particularité?
– Absolument. Mais je proteste! d’ailleurs, les anglais nous appellent «mangeurs de grenouilles!» Or, généralement, on n’a pas peur de ce que l’on mange.
– Cela ne se dit pas moins, Paganel», répondit le major en souriant modestement.
Et voilà comment cette fameuse carabine de Purdey Moore et Dikson resta la propriété du major Mac Nabbs.