Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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– En effet, vous avez raison, John. Rien n’indique dans le document que la catastrophe ait eu lieu plutôt sur les rivages de l’ouest que sur ceux de l’est. Nos recherches devront donc porter à ces deux points où l’Australie est coupée par le trente-septième parallèle.
– Ainsi, mylord, dit la jeune fille, il y a doute à cet égard?
– Oh! Non, miss, se hâta de répondre John Mangles, qui voulut dissiper cette appréhension de Mary Grant. Son honneur voudra bien remarquer que si le capitaine Grant eût atterri aux rivages est de l’Australie, il aurait presque aussitôt trouvé secours et assistance. Toute cette côte est anglaise, pour ainsi dire, et peuplée de colons. L’équipage du Britannia n’avait pas dix milles à faire pour rencontrer des compatriotes.
– Bien, capitaine John, répliqua Paganel. Je me range à votre opinion. À la côte orientale, à la baie Twofold, à la ville d’Eden, Harry Grant eût non seulement reçu asile dans une colonie anglaise, mais les moyens de transport ne lui auraient pas manqué pour retourner en Europe.
– Ainsi, dit lady Helena, les naufragés n’ont pu trouver les mêmes ressources sur cette partie de l’Australie vers laquelle le Duncan nous mène?
– Non, madame, répondit Paganel, la côte est déserte. Nulle voie de communication ne la relie à Melbourne ou Adélaïde. Si le Britannia s’est perdu sur les récifs qui la bordent, tout secours lui a manqué, comme s’il se fût brisé sur les plages inhospitalières de l’Afrique.
– Mais alors, demanda Mary Grant, qu’est devenu mon père, depuis deux ans?
– Ma chère Mary, répondit Paganel, vous tenez pour certain, n’est-il pas vrai, que le capitaine Grant a gagné la terre australienne après son naufrage?
– Oui, Monsieur Paganel, répondit la jeune fille.
– Eh bien, une fois sur ce continent, qu’est devenu le capitaine Grant? Les hypothèses ici ne sont pas nombreuses. Elles se réduisent à trois. Ou Harry Grant et ses compagnons ont atteint les colonies anglaises, ou ils sont tombés aux mains des indigènes, ou enfin ils se sont perdus dans les immenses solitudes de l’Australie.»
Paganel se tut, et chercha dans les yeux de ses auditeurs une approbation de son système.
«Continuez, Paganel, dit lord Glenarvan.
– Je continue, répondit Paganel; et d’abord, je repousse la première hypothèse. Harry Grant n’a pu arriver aux colonies anglaises, car son salut était assuré, et depuis longtemps déjà il serait auprès de ses enfants dans sa bonne ville de Dundee.
– Pauvre père! Murmura Mary Grant, depuis deux ans séparé de nous!
– Laisse parler Monsieur Paganel, ma sœur, dit Robert, il finira par nous apprendre…
– Hélas! Non, mon garçon! Tout ce que je puis affirmer, c’est que le capitaine Grant est prisonnier des australiens, ou…
– Mais ces indigènes, demanda vivement lady Glenarvan, sont-ils?…
– Rassurez-vous, madame, répondit le savant, qui comprit la pensée de lady Helena, ces indigènes sont sauvages, abrutis, au dernier échelon de l’intelligence humaine, mais de mœurs douces, et non sanguinaires comme leurs voisins de la Nouvelle Zélande. S’ils ont fait prisonniers les naufragés du Britannia, ils n’ont jamais menacé leur existence, vous pouvez m’en croire. Tous les voyageurs sont unanimes sur ce point que les australiens ont horreur de verser le sang, et maintes fois ils ont trouvé en eux de fidèles alliés pour repousser l’attaque des bandes de convicts, bien autrement cruels.
– Vous entendez ce que dit Monsieur Paganel, reprit lady Helena en s’adressant à Mary Grant. Si votre père est entre les mains des indigènes, ce que fait pressentir d’ailleurs le document, nous le retrouverons.
– Et s’il est perdu dans cet immense pays? répondit la jeune fille dont les regards interrogeaient Paganel.
– Eh bien! s’écria le géographe d’un ton confiant, nous le retrouverons encore! N’est-ce pas, mes amis?
– Sans doute, répondit Glenarvan, qui voulut donner à la conversation une moins triste allure. Je n’admets pas qu’on se perde…
– Ni moi non plus, répliqua Paganel.
– Est-ce grand, l’Australie? demanda Robert.
– L’Australie, mon garçon, a quelque chose comme sept cent soixante-quinze millions d’hectares, autant dire les quatre cinquièmes de l’Europe.
– Tant que cela? dit le major.
– Oui, Mac Nabbs, à un yard près. Croyez-vous qu’un pareil pays ait le droit de prendre la qualification de «continent» que le document lui donne?
– Certes, Paganel.
– J’ajouterai, reprit le savant, que l’on cite peu de voyageurs qui se soient perdus dans cette vaste contrée. Je crois même que Leichardt est le seul dont le sort soit ignoré, et encore j’avais été informé à la société de géographie, quelque temps avant mon départ, que Mac Intyre croyait avoir retrouvé ses traces.
– Est-ce que l’Australie n’a pas été parcourue dans toutes ses parties? demanda lady Glenarvan.
– Non, madame, répondit Paganel, tant s’en faut! Ce continent n’est pas mieux connu que l’intérieur de l’Afrique, et, cependant, ce n’est pas faute de voyageurs entreprenants. De 1606 jusqu’en 1862, plus de cinquante, à l’intérieur et sur les côtes, ont travaillé à la reconnaissance de l’Australie.
– Oh! cinquante, dit le major d’un air de doute.
– Oui! Mac Nabbs, tout autant. J’entends parler des marins qui ont délimité les rivages australiens au milieu des dangers d’une navigation inconnue, et des voyageurs qui se sont lancés à travers ce continent.
– Néanmoins, cinquante, c’est beaucoup dire, répliqua le major.
– Et j’irai plus loin, Mac Nabbs, reprit le géographe, toujours excité par la contradiction.
– Allez plus loin, Paganel.
– Si vous m’en défiez, je vous citerai ces cinquante noms sans hésiter.
– Oh! fit tranquillement le major. Voilà bien les savants! Ils ne doutent de rien.
– Major, dit Paganel, pariez-vous votre carabine de Purdey Moore et Dickson contre ma longue-vue de Secretan?
– Pourquoi pas, Paganel, si cela vous fait plaisir? répondit Mac Nabbs.
– Bon! Major, s’écria le savant, voilà une carabine avec laquelle vous ne tuerez plus guère de chamois ou de renards, à moins que je ne vous la prête, ce que je ferai toujours avec plaisir!
– Paganel, répondit sérieusement le major, quand vous aurez besoin de ma longue-vue, elle sera toujours à votre disposition.
– Commençons donc, répliqua Paganel. Mesdames et messieurs, vous composez la galerie qui nous juge. Toi, Robert, tu marqueras les points.»