Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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– Très judicieusement conclu, répondit Paganel, d’après cet axiome géométrographique, que deux îles semblables à une troisième se ressemblent entre elles. J’ajouterai que, comme Tristan d’Acunha, l’île Amsterdam est et a été également riche en phoques et en Robinsons.

– Il y a donc des Robinsons partout? demanda lady Helena.

– Ma foi, madame, répondit Paganel, je connais peu d’îles qui n’aient eu leur aventure en ce genre, et le hasard avait déjà réalisé bien avant lui le roman de votre immortel compatriote, Daniel de Foe.

– Monsieur Paganel, dit Mary Grant, voulez-vous me permettre de vous faire une question?

– Deux, ma chère miss, et je m’engage à y répondre.

– Eh bien, reprit la jeune fille, est-ce que vous vous effrayeriez beaucoup à l’idée d’être abandonné dans une île déserte?

– Moi! s’écria Paganel.

– Allons, mon ami, dit le major, n’allez pas avouer que c’est votre plus cher désir!

– Je ne prétends pas cela, répliqua le géographe, mais, enfin, l’aventure ne me déplairait pas trop. Je me referais une vie nouvelle. Je chasserais, je pêcherais, j’élirais domicile dans une grotte l’hiver, sur un arbre l’été; j’aurais des magasins pour mes récoltes; enfin je coloniserais mon île.

– À vous tout seul?

– À moi tout seul, s’il le fallait. D’ailleurs, est-on jamais seul au monde? Ne peut-on choisir des amis dans la race animale, apprivoiser un jeune chevreau, un perroquet éloquent, un singe aimable? Et si le hasard vous envoie un compagnon, comme le fidèle Vendredi, que faut-il de plus pour être heureux? Deux amis sur un rocher, voilà le bonheur! Supposez le major et moi…

– Merci, répondit le major, je n’ai aucun goût pour les rôles de Robinson, et je les jouerais fort mal.

– Cher Monsieur Paganel, répondit lady Helena, voilà encore votre imagination qui vous emporte dans les champs de la fantaisie. Mais je crois que la réalité est bien différente du rêve. Vous ne songez qu’à ces Robinsons imaginaires soigneusement jetés dans une île bien choisie, et que la nature traite en enfants gâtés! Vous ne voyez que le beau côté des choses!

– Quoi! Madame, vous ne pensez pas qu’on puisse être heureux dans une île déserte?

– Je ne le crois pas. L’homme est fait pour la société, non pour l’isolement. La solitude ne peut engendrer que le désespoir. C’est une question de temps. Que d’abord les soucis de la vie matérielle, les besoins de l’existence, distraient le malheureux à peine sauvé des flots, que les nécessités du présent lui dérobent les menaces de l’avenir, c’est possible. Mais ensuite, quand il se sent seul, loin de ses semblables, sans espérance de revoir son pays et ceux qu’il aime, que doit-il penser, que doit-il souffrir? Son îlot, c’est le monde entier. Toute l’humanité se renferme en lui, et, lorsque la mort arrive, mort effrayante dans cet abandon, il est là comme le dernier homme au dernier jour du monde. Croyez-moi, Monsieur Paganel, il vaut mieux ne pas être cet homme-là!»

Paganel se rendit, non sans regrets, aux arguments de lady Helena, et la conversation se prolongea ainsi sur les avantages et les désagréments de l’isolement, jusqu’au moment où le Duncan mouilla à un mille du rivage de l’île Amsterdam.

Ce groupe isolé dans l’océan Indien est formé de deux îles distinctes situées à trente-trois milles environ l’une de l’autre, et précisément sur le méridien de la péninsule indienne; au nord, est l’île Amsterdam ou Saint-Pierre; au sud, l’île Saint-Paul; mais il est bon de dire qu’elles ont été souvent confondues par les géographes et les navigateurs.

Ces îles furent découvertes en décembre 1796 par le hollandais Vlaming, puis reconnues par d’Entrecasteaux, qui menait alors l’espérance et la recherche à la découverte de La Pérouse.

C’est de ce voyage que date la confusion des deux îles. Le marin Barrow, Beautemps-Beaupré dans l’atlas de d’Entrecasteaux, puis Horsburg, Pinkerton, et d’autres géographes, ont constamment décrit l’île Saint-Pierre pour l’île Saint-Paul, et réciproquement. En 1859, les officiers de la frégate autrichienne la Novara, dans son voyage de circumnavigation, évitèrent de commettre cette erreur, que Paganel tenait particulièrement à rectifier.

L’île Saint-Paul, située au sud de l’île Amsterdam, n’est qu’un îlot inhabité, formé d’une montagne conique qui doit être un ancien volcan.

L’île Amsterdam, au contraire, à laquelle la chaloupe conduisit les passagers du Duncan, peut avoir douze milles de circonférence. Elle est habitée par quelques exilés volontaires qui se sont faits à cette triste existence. Ce sont les gardiens de la pêcherie, qui appartient, ainsi que l’île, à un certain M Otovan, négociant de la réunion. Ce souverain, qui n’est pas encore reconnu par les grandes puissances européennes, se fait là une liste civile de soixante-quinze à quatre-vingt mille francs, en pêchant, salant et expédiant un «cheilodactylus», connu moins savamment sous le nom de morue de mer.

Du reste, cette île Amsterdam était destinée à devenir et à demeurer française. En effet, elle appartint tout d’abord, par droit de premier occupant, à M Camin, armateur de Saint-Denis, à Bourbon; puis elle fut cédée, en vertu d’un contrat international quelconque, à un polonais, qui la fit cultiver par des esclaves malgaches. Qui dit polonais dit français, si bien que de polonaise l’île redevint française entre les mains du sieur Otovan.

Lorsque le Duncan l’accosta, le 6 décembre 1864, sa population s’élevait à trois habitants, un français et deux mulâtres, tous les trois commis du négociant-propriétaire. Paganel put donc serrer la main à un compatriote dans la personne du respectable M Viot, alors très âgé. Ce «sage vieillard» fit avec beaucoup de politesse les honneurs de son île. C’était pour lui un heureux jour que celui où il recevait d’aimables étrangers.

Saint-Pierre n’est fréquenté que par des pêcheurs de phoques, de rares baleiniers, gens fort grossiers d’habitude, et qui n’ont pas beaucoup gagné à la fréquentation des chiens de mer.

M Viot présenta ses sujets, les deux mulâtres; ils formaient toute la population vivante de l’île, avec quelques sangliers baugés à l’intérieur et plusieurs milliers de pingouins naïfs. La petite maison où vivaient les trois insulaires était située au fond d’un port naturel du sud-ouest formé par l’écroulement d’une portion de la montagne.

Ce fut bien avant le règne d’Otovan Ier que l’île Saint-Pierre servit de refuge à des naufragés.

Paganel intéressa fort ses auditeurs en commençant son premier récit par ces mots: Histoire de deux écossais abandonnés dans l’île Amsterdam.

C’était en 1827. Le navire anglais Palmira, passant en vue de l’île, aperçut une fumée qui s’élevait dans les airs. Le capitaine s’approcha du rivage, et vit bientôt deux hommes qui faisaient des signaux de détresse. Il envoya son canot à terre, qui recueillit Jacques Paine, un garçon de vingt-deux ans, et Robert Proudfoot, âgé de quarante-huit ans. Ces deux infortunés étaient méconnaissables. Depuis dix-huit mois, presque sans aliments, presque sans eau douce, vivant de coquillages, pêchant avec un mauvais clou recourbé, attrapant de temps à autre quelque marcassin à la course, demeurant jusqu’à trois jours sans manger, veillant comme des vestales près d’un feu allumé de leur dernier morceau d’amadou, ne le laissant jamais s’éteindre et l’emportant dans leurs excursions comme un objet du plus haut prix, ils vécurent ainsi de misère, de privations, de souffrances. Paine et Proudfoot avaient été débarqués dans l’île par un schooner qui faisait la pêche des phoques. Suivant la coutume des pêcheurs, ils devaient pendant un mois s’approvisionner de peaux et d’huile, en attendant le retour du schooner. Le schooner ne reparut pas.

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