Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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– J’en conviens, répondit le géographe.
– Et cependant, nous nous sommes trompés, dit le major.
– Nous nous sommes trompés, répéta Paganel. Mais pour se tromper, Mac Nabbs, il ne faut qu’être homme, tandis qu’il est fou celui qui persiste dans son erreur.
– Attendez, Paganel, répondit le major, ne vous animez pas. Je ne veux point dire que nos recherches doivent se prolonger en Amérique.
– Alors que demandez-vous? dit Glenarvan.
– Un aveu, rien de plus, l’aveu que l’Australie paraît être maintenant le théâtre du naufrage du Britannia aussi évidemment que l’Amérique le semblait naguère.
– Nous l’avouons volontiers, répondit Paganel.
– J’en prends acte, reprit le major, et j’en profite pour engager votre imagination à se défier de ces évidences successives et contradictoires. Qui sait si, après l’Australie, un autre pays ne nous offrira pas les mêmes certitudes, et si, ces nouvelles recherches vainement faites, il ne semblera pas «évident» qu’elles doivent être recommencées ailleurs?»
Glenarvan et Paganel se regardèrent. Les observations du major les frappaient par leur justesse.
«Je désire donc, reprit Mac Nabbs, qu’une dernière épreuve soit faite avant de faire route pour l’Australie. Voici les documents, voici des cartes. Examinons successivement tous les points par lesquels passe le trente-septième parallèle, et voyons si quelque autre pays ne se rencontrerait pas, dont le document donnerait l’indication précise.
– Rien de plus facile et de moins long, répondit Paganel, car, heureusement, les terres n’abondent pas sous cette latitude.
– Voyons», dit le major, en déployant un planisphère anglais, dressé suivant la projection de Mercator, et qui offrait à l’œil tout l’ensemble du globe terrestre.
La carte fut placée devant lady Helena, et chacun se plaça de façon à suivre la démonstration de Paganel.
«Ainsi que je vous l’ai déjà appris, dit le géographe, après avoir traversé l’Amérique Du Sud, le trente-septième degré de latitude rencontre les îles Tristan d’Acunha. Or, je soutiens que pas un des mots du document ne peut se rapporter à ces îles.»
Les documents scrupuleusement examinés, on dut reconnaître que Paganel avait raison.
Tristan d’Acunha fut rejeté à l’unanimité.
«Continuons, reprit le géographe. En sortant de l’Atlantique, nous passons à deux degrés au-dessous du cap de Bonne-Espérance, et nous pénétrons dans la mer des Indes. Un seul groupe d’îles se trouve sur notre route, le groupe des îles Amsterdam. Soumettons-les au même examen que Tristan d’Acunha.»
Après un contrôle attentif, les îles Amsterdam furent évincées à leur tour. Aucun mot, entier ou non, français, anglais ou allemand, ne s’appliquait à ce groupe de l’océan Indien.
«Nous arrivons maintenant à l’Australie, reprit Paganel; le trente-septième parallèle rencontre ce continent au cap Bernouilli; il en sort par la baie Twofold. Vous conviendrez comme moi, et sans forcer les textes, que le mot anglais stra et le mot français austral peuvent s’appliquer à l’Australie. La chose est assez évidente pour que je n’insiste pas.»
Chacun approuva la conclusion de Paganel. Ce système réunissait toutes les probabilités en sa faveur.
«Allons au delà, dit le major.
– Allons, répondit le géographe, le voyage est facile. En quittant la baie Twofold, on traverse le bras de mer qui s’étend à l’est de l’Australie et on rencontre la Nouvelle Zélande. Tout d’abord, je vous rappellerai que le mot contin du document français indique un «continent» d’une façon irréfragable. Le capitaine Grant ne peut donc avoir trouvé refuge sur la Nouvelle Zélande qui n’est qu’une île. Quoi qu’il en soit, examinez, comparez, retournez les mots, et voyez si, par impossible, ils pourraient convenir à cette nouvelle contrée.
– En aucune façon, répondit John Mangles, qui fit une minutieuse observation des documents et du planisphère.
– Non, dirent les auditeurs de Paganel et le major lui-même, non, il ne peut s’agir de la Nouvelle Zélande.
– Maintenant, reprit le géographe, sur tout cet immense espace qui sépare cette grande île de la côte américaine, le trente-septième parallèle ne traverse qu’un îlot aride et désert.
– Qui se nomme?… Demanda le major.
– Voyez la carte. C’est Maria-Thérésa, nom dont je ne trouve aucune trace dans les trois documents.
– Aucune, répondit Glenarvan.
– Je vous laisse donc, mes amis, à décider si toutes les probabilités, pour ne pas dire les certitudes, ne sont point en faveur du continent australien?
– Évidemment, répondirent à l’unanimité les passagers et le capitaine du Duncan.
– John, dit alors Glenarvan, vous avez des vivres et du charbon en suffisante quantité?
– Oui, votre honneur, je me suis amplement approvisionné à Talcahuano, et, d’ailleurs, la ville du Cap nous permettra de renouveler très facilement notre combustible.
– Eh bien, alors, donnez la route…
– Encore une observation, dit le major, interrompant son ami.
– Faites, Mac Nabbs.
– Quelles que soient les garanties de succès que nous offre l’Australie, ne serait-il pas à propos de relâcher un jour ou deux aux îles Tristan d’Acunha et Amsterdam? Elles sont situées sur notre parcours, et ne s’éloignent aucunement de notre route. Nous saurons alors si le Britannia n’y a pas laissé trace de son naufrage.
– L’incrédule major, s’écria Paganel, il y tient!
– Je tiens surtout à ne pas revenir sur nos pas, si l’Australie, par hasard, ne réalise pas les espérances qu’elle fait concevoir.
– La précaution me paraît bonne, répondit Glenarvan.
– Et ce n’est pas moi qui vous dissuaderai de la prendre, répliqua Paganel. Au contraire.
– Alors, John, dit Glenarvan, faites mettre le cap sur Tristan d’Acunha.
– À l’instant, votre honneur», répondit le capitaine, et il remonta sur le pont, tandis que Robert et Mary Grant adressaient les plus vives paroles de reconnaissance à lord Glenarvan.
Bientôt le Duncan, s’éloignant de la côte américaine et courant dans l’est, fendit de sa rapide étrave les flots de l’océan Atlantique.