Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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– Bon! s’écria Paganel, vous avez doublé le cap Horn, et je n’étais pas là!
– Pendez-vous! dit le major.
– Égoïste! C’est pour avoir de ma corde, que vous me donnez ce conseil! répliqua le géographe.
– Voyons, mon cher Paganel, répondit Glenarvan, à moins d’être doué du don d’ubiquité, on ne saurait être partout. Or, puisque vous couriez la plaine des pampas, vous ne pouviez pas en même temps doubler le cap Horn.
– Cela ne m’empêche pas de le regretter», répliqua le savant.
Mais on ne le poussa pas davantage, et on le laissa sur cette réponse. John Mangles reprit alors la parole, et fit le récit de sa traversée. En prolongeant la côte américaine, il avait observé tous les archipels occidentaux sans trouver aucune trace du Britannia. Arrivé au cap Pilares, à l’entrée du détroit, et trouvant les vents debout, il donna dans le sud; le Duncan longea les îles de la Désolation, s’éleva jusqu’au soixante-septième degré de latitude australe, doubla le cap Horn, rangea la Terre de Feu, et, passant le détroit de Lemaire, il suivit les côtes de la Patagonie.
Là, il éprouva des coups de vent terribles à la hauteur du cap Corrientes, ceux-là mêmes qui assaillirent si violemment les voyageurs pendant l’orage. Mais le yacht se comporta bien, et depuis trois jours John Mangles courait des bordées au large, lorsque les détonations de la carabine lui signalèrent l’arrivée des voyageurs si impatiemment attendus. Quant à lady Glenarvan et à miss Grant, le capitaine du Duncan serait injuste en méconnaissant leur rare intrépidité. La tempête ne les effraya pas, et si elles manifestèrent quelques craintes, ce fut en songeant à leurs amis, qui erraient alors dans les plaines de la république Argentine.
Ainsi se termina le récit de John Mangles; il fut suivi des félicitations de lord Glenarvan. Puis, celui-ci, s’adressant à Mary Grant:
«Ma chère miss, dit-il, je vois que le capitaine John rend hommage à vos grandes qualités, et je suis heureux de penser que vous ne vous déplaisez point à bord de son navire!
– Comment pourrait-il en être autrement? répondit Mary, en regardant lady Helena, et peut-être aussi le jeune capitaine.
– Oh! Ma sœur vous aime bien, monsieur John, s’écria Robert, et moi, je vous aime aussi!
– Et je te le rends, mon cher enfant», répondit John Mangles, un peu déconcerté des paroles de Robert, qui amenèrent une légère rougeur au front de Mary Grant.
Puis, mettant la conversation sur un terrain moins brûlant, John Mangles ajouta:
«Puisque j’ai fini de raconter le voyage du Duncan, votre honneur voudra-t-il nous donner quelques détails sur sa traversée de l’Amérique et sur les exploits de notre jeune héros?»
Nul récit ne pouvait être plus agréable à lady Helena et à miss Grant. Aussi lord Glenarvan se hâta de satisfaire leur curiosité. Il reprit, incident par incident, tout son voyage d’un océan à l’autre. Le passage de la Cordillère Des Andes, le tremblement de terre, la disparition de Robert, l’enlèvement du condor, le coup de fusil de Thalcave, l’épisode des loups rouges, le dévouement du jeune garçon, le sergent Manuel, l’inondation, le refuge sur l’ombu, la foudre, l’incendie, les caïmans, la trombe, la nuit au bord de l’Atlantique, ces divers détails, gais ou terribles, vinrent tour à tour exciter la joie et l’effroi de ses auditeurs.
Mainte circonstance fut rapportée, qui valut à Robert les caresses de sa sœur et de lady Helena.
Jamais enfant ne se vit si bien embrassé, et par des amies plus enthousiastes.
Lorsque lord Glenarvan eut terminé son histoire, il ajouta ces paroles:
«Maintenant, mes amis, songeons au présent; le passé est passé, mais l’avenir est à nous; revenons au capitaine Harry Grant.»
Le déjeuner était terminé; les convives rentrèrent dans le salon particulier de lady Glenarvan; ils prirent place autour d’une table chargée de cartes et de plans, et la conversation s’engagea aussitôt.
«Ma chère Helena, dit lord Glenarvan, en montant à bord, je vous ai annoncé que si les naufragés du Britannia ne revenaient pas avec nous, nous avions plus que jamais l’espoir de les retrouver. De notre passage à travers l’Amérique est résultée cette conviction, je dirai mieux, cette certitude:
Que la catastrophe n’a eu lieu ni sur les côtes du Pacifique, ni sur les côtes de l’Atlantique. De là cette conséquence naturelle, que l’interprétation tirée du document était erronée en ce qui touche la Patagonie.
Fort heureusement, notre ami Paganel, illuminé par une soudaine inspiration, a découvert l’erreur. Il a démontré que nous suivions une voie fausse, et il a interprété le document de manière à ne plus laisser aucune hésitation dans notre esprit. Il s’agit du document écrit en français, et je prierai Paganel de l’expliquer ici, afin que personne ne conserve le moindre doute à cet égard.»
Le savant, mis en demeure de parler, s’exécuta aussitôt; il disserta sur les mots gonie et indi de la façon la plus convaincante; il fit sortir rigoureusement du mot austral le mot Australie; il démontra que le capitaine Grant, en quittant la côte du Pérou pour revenir en Europe, avait pu, sur un navire désemparé, être entraîné par les courants méridionaux du Pacifique jusqu’aux rivages australiens; enfin, ses ingénieuses hypothèses, ses plus fines déductions, obtinrent l’approbation complète de John Mangles lui-même, juge difficile en pareille matière, et qui ne se laissait pas entraîner à des écarts d’imagination.
Lorsque Paganel eut achevé sa dissertation, Glenarvan annonça que le Duncan allait faire immédiatement route pour l’Australie.
Cependant le major, avant que l’ordre ne fût donné de mettre cap à l’est, demanda à faire une simple observation.
«Parlez, Mac Nabbs, répondit Glenarvan.
– Mon but, dit le major, n’est point d’affaiblir les arguments de mon ami Paganel, encore moins de les réfuter; je les trouve sérieux, sagaces, dignes de toute notre attention, et ils doivent à juste titre former la base de nos recherches futures. Mais je désire qu’ils soient soumis à un dernier examen afin que leur valeur soit incontestable et incontestée.»
On ne savait où voulait en venir le prudent Mac Nabbs, et ses auditeurs l’écoutaient avec une certaine anxiété.
«Continuez, major, dit Paganel. Je suis prêt à répondre à toutes vos questions.
– Rien ne sera plus simple, dit le major. Quand, il y a cinq mois, dans le golfe de la Clyde, nous avons étudié les trois documents, leur interprétation nous a paru évidente. Nulle autre côte que la côte occidentale de la Patagonie ne pouvait avoir été le théâtre du naufrage. Nous n’avions même pas à ce sujet l’ombre d’un doute.
– Réflexion fort juste, répondit Glenarvan.
– Plus tard, reprit le major, lorsque Paganel, dans un moment de providentielle distraction, s’embarqua à notre bord, les documents lui furent soumis, et il approuva sans réserve nos recherches sur la côte américaine.