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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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En ce moment, les chasseurs redescendirent des cimes de l’ombu. Paganel portait prudemment des œufs d’hirondelle noire, et un chapelet de moineaux qu’il devait présenter plus tard sous le nom de mauviettes. Robert avait adroitement abattu plusieurs paires «d’hilgueros», petits oiseaux verts et jaunes, excellents à manger, et fort demandés sur le marché de Montevideo.

Paganel, qui connaissait cinquante et une manières de préparer les œufs, dut se borner cette fois à les faire durcir sous les cendres chaudes.

Néanmoins, le repas fut aussi varié que délicat.

La viande sèche, les œufs durs, les mojarras grillés, les moineaux et les hilgueros rôtis composèrent un de ces festins dont le souvenir est impérissable.

La conversation fut très gaie. On complimenta fort Paganel en sa double qualité de chasseur et de cuisinier. Le savant accepta ces congratulations avec la modestie qui sied au vrai mérite. Puis, il se livra à des considérations curieuses sur ce magnifique ombu qui l’abritait de son feuillage, et dont, selon lui, les profondeurs étaient immenses.

«Robert et moi, ajouta-t-il plaisamment, nous nous croyions en pleine forêt pendant la chasse. J’ai cru un moment que nous allions nous perdre. Je ne pouvais plus retrouver mon chemin! Le soleil déclinait à l’horizon! Je cherchais en vain la trace de mes pas. La faim se faisait cruellement sentir! Déjà les sombres taillis retentissaient du rugissement des bêtes féroces… C’est-à-dire, non! Il n’y a pas de bêtes féroces, et je le regrette!

– Comment! dit Glenarvan, vous regrettez les bêtes féroces?

– Oui! Certes.

– Cependant, quand on a tout à craindre de leur férocité…

– La férocité n’existe pas… Scientifiquement parlant, répondit le savant.

– Ah! Pour le coup, Paganel, dit le major, vous ne me ferez jamais admettre l’utilité des bêtes féroces! à quoi servent-elles?

– Major! s’écria Paganel, mais elles servent à faire des classifications, des ordres, des familles, des genres, des sous-genres, des espèces…

– Bel avantage! dit Mac Nabbs. Je m’en passerais bien! Si j’avais été l’un des compagnons de Noé au moment du déluge, j’aurais certainement empêché cet imprudent patriarche de mettre dans l’arche des couples de lions, de tigres, de panthères, d’ours et autres animaux aussi malfaisants qu’inutiles.

– Vous auriez fait cela? demanda Paganel.

– Je l’aurais fait.

– Eh bien! Vous auriez eu tort au point de vue zoologique!

– Non pas au point de vue humain, répondit le major.

– C’est révoltant! reprit Paganel, et pour mon compte, au contraire, j’aurais précisément conservé les mégatheriums, les ptérodactyles, et tous les êtres antédiluviens dont nous sommes si malheureusement privés…

– Je vous dis, moi, que Noé a mal agi, repartit le major, et qu’il a mérité jusqu’à la fin des siècles la malédiction des savants!»

Les auditeurs de Paganel et du major ne pouvaient s’empêcher de rire en voyant les deux amis se disputer sur le dos du vieux Noé. Le major, contrairement à tous ses principes, lui qui de sa vie n’avait discuté avec personne, était chaque jour aux prises avec Paganel. Il faut croire que le savant l’excitait particulièrement. Glenarvan, suivant son habitude, intervint dans le débat et dit:

«Qu’il soit regrettable ou non, au point de vue scientifique comme au point de vue humain, d’être privé d’animaux féroces, il faut nous résigner aujourd’hui à leur absence. Paganel ne pouvait espérer en rencontrer dans cette forêt aérienne.

– Pourquoi pas? répondit le savant.

– Des bêtes fauves sur un arbre? dit Tom Austin.

– Eh! Sans doute! Le tigre d’Amérique, le jaguar, lorsqu’il est trop vivement pressé par les chasseurs, se réfugie sur les arbres! Un de ces animaux, surpris par l’inondation, aurait parfaitement pu chercher asile entre les branches de l’ombu.

– Enfin, vous n’en avez pas rencontré, je suppose? dit le major.

– Non, répondit Paganel, bien que nous ayons battu tout le bois. C’est fâcheux, car ç’eût été là une chasse superbe. Un féroce carnassier que ce jaguar! D’un seul coup de patte, il tord le cou à un cheval! Quand il a goûté de la chair humaine, il y revient avec sensualité. Ce qu’il aime le mieux, c’est l’indien, puis le nègre, puis le mulâtre, puis le blanc.

– Enchanté de ne venir qu’au quatrième rang! répondit Mac Nabbs.

– Bon! Cela prouve tout simplement que vous êtes fade! riposta Paganel d’un air de dédain!

– Enchanté d’être fade! riposta le major.

– Eh bien, c’est humiliant! répondit l’intraitable Paganel. Le blanc se proclame le premier des hommes! Il paraît que ce n’est pas l’avis de messieurs les jaguars!

– Quoi qu’il en soit, mon brave Paganel, dit Glenarvan, attendu qu’il n’y a parmi nous ni indiens, ni nègres, ni mulâtres, je me réjouis de l’absence de vos chers jaguars. Notre situation n’est pas tellement agréable…

– Comment! Agréable, s’écria Paganel, en sautant sur ce mot qui pouvait donner un nouveau cours à la conversation, vous vous plaignez de votre sort, Glenarvan?

– Sans doute, répondit Glenarvan. Est-ce que vous êtes à votre aise dans ces branches incommodes et peu capitonnées?

– Je n’ai jamais été mieux, même dans mon cabinet. Nous menons la vie des oiseaux, nous chantons, nous voltigeons! Je commence à croire que les hommes sont destinés à vivre sur les arbres.

– Il ne leur manque que des ailes! dit le major.

– Ils s’en feront quelque jour!

– En attendant, répondit Glenarvan, permettez-moi, mon cher ami, de préférer à cette demeure aérienne le sable d’un parc, le parquet d’une maison ou le pont d’un navire!

– Glenarvan, répondit Paganel, il faut accepter les choses comme elles viennent! Bonnes, tant mieux. Mauvaises, on n’y prend garde. Je vois que vous regrettez le confortable de Malcolm-Castle!

– Non, mais…

– Je suis certain que Robert est parfaitement heureux, se hâta de dire Paganel, pour assurer au moins un partisan à ses théories.

– Oui, Monsieur Paganel! s’écria Robert d’un ton joyeux.

– C’est de son âge, répondit Glenarvan.

– Et du mien! riposta le savant. Moins on a d’aises, moins on a de besoins. Moins on a de besoins, plus on est heureux.

– Allons, dit le major, voilà Paganel qui va faire une sortie contre les richesses et les lambris dorés.

– Non, Mac Nabbs, répondit le savant, mais si vous le voulez bien, je vais vous raconter, à ce propos, une petite histoire arabe qui me revient à l’esprit.

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