Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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Lady Helena, Mary Grant, deux sœurs de charité, ne le quittèrent pas. Jamais malade ne fut si bien soigné, et par des mains plus compatissantes.
Le jour parut. La pluie avait cessé. De gros nuages roulaient encore dans les profondeurs du ciel. Le sol était jonché des débris de branches. La glaise, détrempée par des torrents d’eau, avait encore cédé.
Les abords du chariot devenaient difficiles, mais il ne pouvait s’enliser plus profondément.
John Mangles, Paganel et Glenarvan allèrent dès le point du jour faire une reconnaissance autour du campement. Ils remontèrent le sentier encore taché de sang. Ils ne virent aucun vestige de Ben Joyce ni de sa bande.
Ils poussèrent jusqu’à l’endroit où l’attaque avait eu lieu. Là, deux cadavres gisaient à terre, frappés des balles de Mulrady. L’un était le cadavre du maréchal ferrant de Black-Point. Sa figure, décomposée par la mort, faisait horreur.
Glenarvan ne porta plus loin ses investigations. La prudence lui défendait de s’éloigner. Il revint donc au chariot, très absorbé par la gravité de la situation.
«on ne peut songer à envoyer un autre messager à Melbourne, dit-il.
– Cependant, il le faut, mylord, répondit John Mangles, et je tenterai de passer là où mon matelot n’a pu réussir.
– Non, John. Tu n’as même pas un cheval pour te porter pendant ces deux cents milles!»
En effet, le cheval de Mulrady, le seul qui restât, n’avait pas reparu. était-il tombé sous les coups des meurtriers? Courait-il égaré à travers ce désert?
Les convicts ne s’en étaient-ils pas emparés?
«Quoi qu’il arrive, reprit Glenarvan, nous ne nous séparerons plus. Attendons huit jours, quinze jours, que les eaux de la Snowy reprennent leur niveau normal. Nous gagnerons alors la baie Twofold à petites journées et de là nous expédierons au Duncan par une voie plus sûre l’ordre de rallier la côte.
– C’est le seul parti à prendre, répondit Paganel.
– Donc, mes amis, reprit Glenarvan, plus de séparation. Un homme risque trop à s’aventurer seul dans ce désert infesté de bandits. Et maintenant, que Dieu sauve notre pauvre matelot, et nous protège nous-mêmes!»
Glenarvan avait deux fois raison: d’abord d’interdire toute tentative isolée, ensuite d’attendre patiemment sur les bords de la Snowy un passage praticable. Trente-cinq milles à peine le séparaient de Delegete, la première ville-frontière de la Nouvelle Galles du sud, où il trouverait des moyens de transport pour gagner la baie Twofold.
De là, il télégraphierait à Melbourne les ordres relatifs au Duncan.
Ces mesures étaient sages, mais on les prenait tardivement. Si Glenarvan n’eût pas envoyé Mulrady sur la route de Lucknow, que de malheurs auraient été évités, sans parler de l’assassinat du matelot!
En revenant au campement, il trouva ses compagnons moins affectés. Ils semblaient avoir repris espoir.
«Il va mieux! Il va mieux! s’écria Robert en courant au-devant de lord Glenarvan.
– Mulrady?…
– Oui! Edward, répondit lady Helena. Une réaction s’est opérée. Le major est plus rassuré. Notre matelot vivra.
– Où est Mac Nabbs? demanda Glenarvan.
– Près de lui. Mulrady a voulu l’entretenir. Il ne faut pas les troubler.»
Effectivement, depuis une heure, le blessé était sorti de son assoupissement, et la fièvre avait diminué.
Mais le premier soin de Mulrady, en reprenant le souvenir et la parole fut de demander lord Glenarvan, ou, à son défaut, le major. Mac Nabbs, le voyant si faible, voulait lui interdire toute conversation; mais Mulrady insista avec une telle énergie que le major dut se rendre.
Or, l’entretien durait déjà depuis quelques minutes, quand Glenarvan revint. Il n’y avait plus qu’à attendre le rapport de Mac Nabbs.
Bientôt, les rideaux du chariot s’agitèrent et le major parut. Il rejoignit ses amis au pied d’un gommier, où la tente avait été dressée. Son visage, si froid d’ordinaire, accusait une grave préoccupation.
Lorsque ses regards s’arrêtèrent sur lady Helena, sur la jeune fille, ils exprimèrent une douloureuse tristesse.
Glenarvan l’interrogea, et voici en substance ce que le major venait d’apprendre.
En quittant le campement, Mulrady suivit un des sentiers indiqués par Paganel. Il se hâtait, autant du moins que le permettait l’obscurité de la nuit.
D’après son estime, il avait franchi une distance de deux milles environ, quand plusieurs hommes, – cinq, croit-il, – se jetèrent à la tête de son cheval. L’animal se cabra. Mulrady saisit son revolver et fit feu. Il lui parut que deux des assaillants tombaient. À la lueur de la détonation, il reconnut Ben Joyce. Mais ce fut tout. Il n’eut pas le temps de décharger entièrement son arme. Un coup violent lui fut porté au côté droit, et le renversa.
Cependant, il n’avait pas encore perdu connaissance.
Les meurtriers le croyaient mort. Il sentit qu’on le fouillait. Puis, ces paroles furent prononcées:
«J’ai la lettre, dit un des convicts. – donne, répondit Ben Joyce, et maintenant le Duncan est à nous!»
À cet endroit du récit de Mac Nabbs, Glenarvan ne put retenir un cri.
Mac Nabbs continua:
«À présent, vous autres, reprit Ben Joyce, attrapez le cheval. Dans deux jours, je serai à bord du Duncan; dans six, à la baie Twofold. C’est là le rendez-vous. La troupe du mylord sera encore embourbée dans les marais de la Snowy. Passez la rivière au pont de Kemple-Pier, gagnez la côte, et attendez-moi. Je trouverai bien le moyen de vous introduire à bord. Une fois l’équipage à la mer, avec un navire comme le Duncan, nous serons les maîtres de l’océan Indien. – hurrah pour Ben Joyce!»
S’écrièrent les convicts. Le cheval de Mulrady fut amené, et Ben Joyce disparut au galop par la route de Lucknow, pendant que la bande gagnait au sud-est la Snowy-river. Mulrady, quoique grièvement blessé, eut la force de se traîner jusqu’à trois cents pas du campement où nous l’avons recueilli presque mort.
Voilà, dit Mac Nabbs, l’histoire de Mulrady. Vous comprenez maintenant pourquoi le courageux matelot tenait tant à parler.»
Cette révélation terrifia Glenarvan et les siens.
«Pirates! Pirates! s’écria Glenarvan. Mon équipage massacré! Mon Duncan aux mains de ces bandits!
– Oui! Car Ben Joyce surprendra le navire, répondit le major, et alors…
– Eh bien! Il faut que nous arrivions à la côte avant ces misérables! dit Paganel.