Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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Acte de prudence nécessaire, car une attaque des convicts était facile, possible par conséquent.
Les deux fidèles gardiens faisaient donc leur quart, et recevaient philosophiquement ces rafales que la nuit leur crachait au visage. Ils essayaient de percer du regard ces ténèbres propices aux embûches, car l’oreille ne pouvait rien percevoir au milieu des bruits de la tempête, hennissements du vent, cliquetis des branches, chutes des troncs d’arbres, et grondement des eaux déchaînées.
Cependant, quelques courtes accalmies suspendaient parfois la bourrasque. Le vent se taisait comme pour reprendre haleine. La Snowy gémissait seule à travers les roseaux immobiles et le rideau noir des gommiers. Le silence semblait plus profond dans ces apaisements momentanés. Le major et John Mangles écoutaient alors avec attention.
Ce fut pendant un de ces répits qu’un sifflement aigu parvint jusqu’à eux.
John Mangles alla rapidement au major.
«Vous avez entendu? Lui dit-il.
– Oui, fit Mac Nabbs. Est-ce un homme ou un animal?
– Un homme», répondit John Mangles.
Puis tous deux écoutèrent. L’inexplicable sifflement se reproduisit soudain, et quelque chose comme une détonation lui répondit, mais presque insaisissable, car la tempête rugissait alors avec une nouvelle violence. Mac Nabbs et John Mangles ne pouvaient s’entendre. Ils vinrent se placer sous le vent du chariot.
En ce moment, les rideaux de cuir se soulevèrent, et Glenarvan rejoignit ses deux compagnons. Il avait entendu, comme eux, ce sifflement sinistre, et la détonation qui avait fait écho sous la bâche.
«Dans quelle direction? demanda-t-il.
– Là, fit John, indiquant le sombre track dans la direction prise par Mulrady.
– À quelle distance?
– Le vent portait, répondit John Mangles. Ce doit être à trois milles au moins.
– Allons! dit Glenarvan en jetant sa carabine sur son épaule.
– N’allons pas! répondit le major. C’est un piège pour nous éloigner du chariot.
– Et si Mulrady est tombé sous les coups de ces misérables! reprit Glenarvan, qui saisit la main de Mac Nabbs.
– Nous le saurons demain, répondit froidement le major, fermement résolu à empêcher Glenarvan de commettre une inutile imprudence.
– Vous ne pouvez quitter le campement, mylord, dit John, j’irai seul.
– Pas davantage! reprit Mac Nabbs avec énergie.
Voulez-vous donc qu’on nous tue en détail, diminuer nos forces, nous mettre à la merci de ces malfaiteurs? Si Mulrady a été leur victime, c’est un malheur qu’il ne faut pas doubler d’un second.
Mulrady est parti, désigné par le sort. Si le sort m’eût choisi à sa place, je serais parti comme lui, mais je n’aurais demandé ni attendu aucun secours.»
En retenant Glenarvan et John Mangles, le major avait raison à tous les points de vue. Tenter d’arriver jusqu’au matelot, courir par cette nuit sombre au-devant des convicts embusqués dans quelque taillis, c’était insensé, et, d’ailleurs, inutile.
La petite troupe de Glenarvan ne comptait pas un tel nombre d’hommes qu’elle pût en sacrifier encore.
Cependant, Glenarvan semblait ne vouloir pas se rendre à ces raisons. Sa main tourmentait sa carabine. Il allait et venait autour du chariot. Il prêtait l’oreille au moindre bruit. Il essayait de percer du regard cette obscurité sinistre. La pensée de savoir un des siens frappé d’un coup mortel, abandonné sans secours, appelant en vain ceux pour lesquels il s’était dévoué, cette pensée le torturait. Mac Nabbs ne savait pas s’il parviendrait à le retenir, si Glenarvan, emporté par son cœur, n’irait pas se jeter sous les coups de Ben Joyce.
«Edward, lui dit-il, calmez-vous. écoutez un ami.
Pensez à lady Helena, à Mary Grant, à tous ceux qui restent! D’ailleurs, où voulez-vous aller? Où retrouver Mulrady? C’est à deux milles d’ici qu’il a été attaqué! Sur quelle route? Quel sentier prendre?…»
En ce moment, et comme une réponse au major, un cri de détresse se fit entendre.
«Écoutez!» dit Glenarvan.
Ce cri venait du côté même où la détonation avait éclaté, à moins d’un quart de mille. Glenarvan, repoussant Mac Nabbs, s’avançait déjà sur le sentier, quand, à trois cents pas du chariot, ces mots se firent entendre:
«À moi! à moi!»
C’était une voix plaintive et désespérée. John Mangles et le major s’élancèrent dans sa direction.
Quelques instants après, ils aperçurent le long du taillis une forme humaine qui se traînait et poussait de lugubres gémissements.
Mulrady était là, blessé, mourant, et quand ses compagnons le soulevèrent, ils sentirent leurs mains se mouiller de sang.
La pluie redoublait alors, et le vent se déchaînait dans la ramure des «dead trees.» Ce fut au milieu des coups de la rafale que Glenarvan, le major et John Mangles transportèrent le corps de Mulrady.
À leur arrivée, chacun se leva. Paganel, Robert, Wilson, Olbinett, quittèrent le chariot, et lady Helena céda son compartiment au pauvre Mulrady. Le major ôta la veste du matelot qui ruisselait de sang et de pluie. Il découvrit sa blessure. C’était un coup de poignard que le malheureux avait au flanc droit.
Mac Nabbs le pansa adroitement. L’arme avait-elle atteint des organes essentiels, il ne pouvait le dire. Un jet de sang écarlate et saccadé en sortait; la pâleur, la défaillance du blessé, prouvaient qu’il avait été sérieusement atteint. Le major plaça sur l’orifice de la blessure, qu’il lava préalablement à l’eau fraîche, un épais tampon d’amadou, puis des gâteaux de charpie maintenus avec un bandage. Il parvint à suspendre l’hémorragie. Mulrady fut placé sur le côté correspondant à la blessure, la tête et la poitrine élevées, et lady Helena lui fit boire quelques gorgées d’eau.
Au bout d’un quart d’heure, le blessé immobile jusqu’alors, fit un mouvement. Ses yeux s’entr’ouvrirent. Ses lèvres murmurèrent des mots sans suite, et le major, approchant son oreille, l’entendit répéter:
«Mylord… La lettre… Ben Joyce…»
Le major répéta ces paroles et regarda ses compagnons. Que voulait dire Mulrady? Ben Joyce avait attaqué le matelot, mais pourquoi? N’était-ce pas seulement dans le but de l’arrêter, de l’empêcher d’arriver au Duncan? cette lettre…
Glenarvan visita les poches de Mulrady. La lettre adressée à Tom Austin ne s’y trouvait plus!
La nuit se passa dans les inquiétudes et les angoisses. On craignait à chaque instant que le blessé ne vînt à mourir. Une fièvre ardente le dévorait.