Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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– Tu as raison, John! répondit Glenarvan. Il faut gagner la baie Twofold. Nous ne sommes qu’à trente-cinq milles de Delegete!
– Oui, dit Paganel, et dans cette ville nous trouverons de rapides moyens de transport. Qui sait si nous n’arriverons pas à temps pour prévenir un malheur?
– Partons!» s’écria Glenarvan.
Aussitôt, John Mangles et Wilson s’occupèrent de construire une embarcation de grande dimension.
L’expérience avait prouvé que des morceaux d’écorce ne pourraient résister à la violence du torrent. John abattit des troncs de gommiers dont il fit un radeau grossier, mais solide. Ce travail fut long, et la journée s’écoula sans que l’appareil fût terminé. Il ne fut achevé que le lendemain.
Alors, les eaux de la Snowy avaient sensiblement baissé. Le torrent redevenait rivière, à courant rapide, il est vrai. Cependant, en biaisant, en le maîtrisant dans une certaine limite, John espérait atteindre la rive opposée.
À midi et demi, on embarqua ce que chacun pouvait emporter de vivres pour un trajet de deux jours. Le reste fut abandonné avec le chariot et la tente.
Mulrady allait assez bien pour être transporté; sa convalescence marchait rapidement.
À une heure, chacun prit place sur le radeau, que son amarre retenait à la rive. John Mangles avait installé sur le tribord et confié à Wilson une sorte d’aviron pour soutenir l’appareil contre le courant et diminuer sa dérive. Quant à lui, debout à l’arrière, il comptait se diriger au moyen d’une grossière godille. Lady Helena et Mary Grant occupaient le centre du radeau, près de Mulrady; Glenarvan, le major, Paganel et Robert les entouraient, prêts à leur porter secours.
«Sommes-nous parés, Wilson? demanda John Mangles à son matelot.
– Oui, capitaine, répondit Wilson, en saisissant son aviron d’une main robuste.
– Attention, et soutiens-nous contre le courant.»
John Mangles démarra le radeau, et d’une poussée il le lança à travers les eaux de la Snowy. Tout alla bien pendant une quinzaine de toises. Wilson résistait à la dérive. Mais bientôt l’appareil fut pris dans des remous, et tourna sur lui-même sans que ni l’aviron ni la godille ne pussent le maintenir en droite ligne. Malgré leurs efforts, Wilson et John Mangles se trouvèrent bientôt placés dans une position inverse, qui rendit impossible l’action des rames.
Il fallut se résigner. Aucun moyen n’existait d’enrayer ce mouvement giratoire du radeau. Il tournait avec une vertigineuse rapidité, et il dérivait. John Mangles, debout, la figure pâle, les dents serrées, regardait l’eau qui tourbillonnait.
Cependant, le radeau s’engagea au milieu de la Snowy. Il se trouvait alors à un demi-mille en aval de son point de départ. Là, le courant avait une force extrême, et, comme il rompait les remous, il rendit à l’appareil un peu de stabilité.
John et Wilson reprirent leurs avirons et parvinrent à se pousser dans une direction oblique.
Leur manœuvre eut pour résultat de les rapprocher de la rive gauche. Ils n’en étaient plus qu’à cinquante toises, quand l’aviron de Wilson cassa net. Le radeau, non soutenu, fut entraîné. John voulut résister, au risque de rompre sa godille.
Wilson, les mains ensanglantées, joignit ses efforts aux siens.
Enfin, ils réussirent, et le radeau, après une traversée qui dura plus d’une demi-heure, vint heurter le talus à pic de la rive. Le choc fut violent; les troncs se disjoignirent, les cordes cassèrent, l’eau pénétra en bouillonnant. Les voyageurs n’eurent que le temps de s’accrocher aux buissons qui surplombaient. Ils tirèrent à eux Mulrady et les deux femmes à demi trempées. Bref, tout le monde fut sauvé, mais la plus grande partie des provisions embarquées et les armes, excepté la carabine du major, s’en allèrent à la dérive avec les débris du radeau.
La rivière était franchie. La petite troupe se trouvait à peu près sans ressources, à trente-cinq milles de Delegete, au milieu de ces déserts inconnus de la frontière victorienne. Là ne se rencontrent ni colon ni squatter, car la région est inhabitée, si ce n’est par des bushrangers féroces et pillards.
On résolut de partir sans délai. Mulrady vit bien qu’il serait un sujet d’embarras; il demanda à rester, et même à rester seul, pour attendre des secours de Delegete.
Glenarvan refusa. Il ne pouvait atteindre Delegete avant trois jours, la côte avant cinq, c’est-à-dire le 26 janvier. Or, depuis le 16, le Duncan avait quitté Melbourne. Que lui faisaient maintenant quelques heures de retard?
«Non, mon ami, dit-il, je ne veux abandonner personne. Faisons une civière, et nous te porterons tour à tour.»
La civière fut installée au moyen de branches d’eucalyptus couvertes de ramures, et, bon gré, mal gré, Mulrady dut y prendre place. Glenarvan voulut être le premier à porter son matelot. Il prit la civière d’un bout, Wilson de l’autre, et l’on se mit en marche.
Quel triste spectacle, et qu’il finissait mal, ce voyage si bien commencé! on n’allait plus à la recherche d’Harry Grant. Ce continent, où il n’était pas, où il ne fut jamais, menaçait d’être fatal à ceux qui cherchaient ses traces. Et quand ses hardis compatriotes atteindraient la côte australienne, ils n’y trouveraient pas même le Duncan pour les rapatrier!
Ce fut silencieusement et péniblement que se passa cette première journée. De dix minutes en dix minutes, on se relayait au portage de la civière.
Tous les compagnons du matelot s’imposaient sans se plaindre cette fatigue, accrue encore par une forte chaleur.
Le soir, après cinq milles seulement, on campa sous un bouquet de gommiers. Le reste des provisions, échappé au naufrage, fournit le repas du soir. Mais il ne fallait plus compter que sur la carabine du major.
La nuit fut mauvaise. La pluie s’en mêla. Le jour sembla long à reparaître. On se remit en marche. Le major ne trouva pas l’occasion de tirer un seul coup de fusil. Cette funeste région, c’était plus que le désert, puisque les animaux mêmes ne la fréquentaient pas.
Heureusement, Robert découvrit un nid d’outardes, et, dans ce nid, une douzaine de gros œufs qu’Olbinett fit cuire sous la cendre chaude. Cela fit, avec quelques plants de pourpier qui croissaient au fond d’un ravin, tout le déjeuner du 23.
La route devint alors extrêmement difficile. Les plaines sablonneuses étaient hérissées de «spinifex», une herbe épineuse qui porte à Melbourne le nom de «porc-épic «. Elle mettait les vêtements en lambeaux et les jambes en sang. Les courageuses femmes ne se plaignaient pas, cependant; elles allaient vaillamment, donnant l’exemple, encourageant l’un et l’autre d’un mot ou d’un regard.
On s’arrêta, le soir, au pied du mont Bulla-Bulla, sur les bords du creek de Jungalla. Le souper eût été maigre, si Mac Nabbs n’eût enfin tué un gros rat, le «mus conditor», qui jouit d’une excellente réputation au point de vue alimentaire. Olbinett le fit rôtir, et il eût paru au-dessus de sa renommée, si sa taille avait égalé celle d’un mouton.