Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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— Treize, quatorze, quinze, fit-elle, quinze mille francs, une véritable fortune.
Elle se leva, un large sourire découvrit ses dents blanches :
— Je suis riche, maintenant, dit-elle et j’ai de quoi agir, de quoi nous venger.
Puis son front se rembrunissait :
— Mon Dieu ! murmurait-elle, si l’honnête homme qu’est Backefelder se doutait un seul instant de la source de cet argent, il serait fou, désespéré.
Mais la Recuerda eut un geste de volonté farouche :
— Peu importe. D’ailleurs, il ne le saura pas. L’essentiel, pour l’instant, c’est que nous puissions nous venger de Fantômas.
La jeune femme vint se rasseoir près d’un petit guéridon encombré. Et cependant qu’elle avisait un indicateur de chemin de fer, elle poursuivit, pensive :
— C’est égal, ma victime, je la plains. C’était vraiment un homme très bien. Quelle distinction, quel chic ! J’ai été bien inconséquente en lui donnant ma bague, comme pour le dédommager du vol dont il était l’objet. Cela pourrait me faire du tort. Bah, tant pis, je ne regrette pas ce joli geste. Au surplus, demain, entre la police française et moi, il y aura la frontière.
La Recuerda étudiait l’indicateur.
— Onze heures, départ du Sud-Express à la gare d’Orsay. C’est parfait. Après-demain, nous serons à Madrid. Mais que fait donc Backefelder ?
La Recuerda s’approcha d’une pendule, constata qu’il était déjà près de trois heures du matin.
— C’est extraordinaire, fit-elle, qu’il ne soit pas rentré.
Elle eut devant la glace dans laquelle elle se contemplait, sans y penser, un sourire énigmatique :
— Backefelder aurait-il peur ? Son absence est de plus en plus incompréhensible, et ne saurait s’expliquer que par ce vil sentiment.
La Recuerda haussa les épaules, puis, nettement, proféra, la main étendue, comme si elle faisait un serment :
— Tant pis. Si Backefelder n’ose pas m’accompagner, eh bien, j’irai toute seule. C’est ma vengeance à moi que je veux, ce n’est pas pour rien que je suis espagnole.
***
— Venez, avait dit le baron Stolberg au juge d’instruction.
Et il l’avait entraîné hors de la Maison d’Or. Dupont de l’Aube les suivait, mais prit congé d’eux aussitôt.
— J’en ai assez, déclarait le sénateur, de cette petite fête, et je rentre me coucher. Au surplus, je suis à cinq minutes de marche de chez moi.
Stolberg n’insista pas. Quant à Mourier, il était bien trop abasourdi pour avoir une opinion. Son compagnon s’efforçait de le remonter :
— Allons, Mourier, secouez-vous ! Plaie d’argent n’est pas mortelle. Il faut au contraire oublier, nous distraire ! Tenez, vous n’avez certainement pas plus envie de vous distraire que moi. Je vous invite à faire la bombe à Montmartre.
Abasourdi, Mourier dévisagea le banquier.
— Vous êtes extraordinaire, fit-il, vous oubliez que nous n’avons plus le sou.
Stolberg partait d’un grand éclat de rire.
— Et voilà qui n’a pas d’importance. Mon mécanicien, qui m’attend avec mon automobile et qui est un homme très sérieux, a certainement dans sa poche quelques louis qu’il me prêtera volontiers. Ne trouvez-vous pas que ce fait d’emprunter de l’argent à un subordonné est d’une élégance parisienne raffinée ?
Mourier n’eut pas le temps de discuter avec ce diable d’homme qu’était Stolberg, dont les propositions étaient presque des ordres et, quelques instants après, l’automobile du baron d’Odessa déposait Stolberg et Mourier à la place Blanche, à l’entrée de la Boîte à Joseph.
Les deux hommes y pénétraient à peine, qu’une clameur bienveillante et enthousiaste éclatait :
— Voilà des rescapés, s’écriait-on.
Ils étaient amusés, surpris et reconnaissaient, parmi les fêtards déjà attablés chez Joseph, quelques-unes des personnes qui, comme eux, avaient été dépouillées de leur argent et de leurs bijoux à la Maison d’Or.
Ceux-ci les avaient précédés, avaient raconté l’aventure, que désormais on se transmettait de bouche en bouche dans les établissements de nuit de Paris. Quelqu’un avait crié :
— Joseph fait crédit ce soir à tous ceux qui sont fauchés !
Et on acclamait le patron.
Cependant, Stolberg et Mourier étaient l’objet des questions les plus pressantes de la part d’une foule de gens qui n’avaient pas été, comme eux, victimes de l’agression de la Maison d’Or. On discutait avec eux, on déplorait la témérité accrue des bandits, l’audace croissante des malfaiteurs. La conversation était devenue générale dans la salle de restaurant, et les libations aidant, une familiarité charmante se créait de table à table, de voisin à voisin.
Quelqu’un avait avancé :
— Mais cette aventure-là, c’est du Fantômas tout pur.
Et l’auditoire approuvait, hochait la tête, puis, insensiblement, on en vint à rappeler les derniers exploits connus du bandit, les plus récentes aventures attribuées au Maître du Crime.
Puis, il se trouvait de nombreuses personnes pour parler du spectre du pont Caulaincourt. Stolberg, ironiquement, se penchait à l’oreille de Mourier :
— C’est votre affaire, cette histoire-là, mon cher ami.
— Oui, mais je ne sais d’ailleurs rien de précis, je ne me suis pas encore formé d’opinion.
Stolberg insistait :
— Je parie, mon cher, que vous n’êtes même pas allé sur les lieux vous rendre compte de leur disposition.
— Ma foi, ce que vous dites est exact.
En bon magistrat consciencieux qu’il était, il ajouta :
— Et peut-être ai-je eu tort ?
Stolberg s’esclaffait.
— Voilà bien la magistrature, déclara-t-il, ces beaux messieurs qui rendent justice, s’imaginent, comme les potentats d’autrefois, qu’ils savent toujours tout sans avoir jamais rien appris.
— Eh bien, Stolberg, je ne suis pas de ceux-là, moi ; bien au contraire, je suis tout prêt à me rendre sur ce pont Caulaincourt et à l’examiner dans tous ses détails.
— Vraiment ? Et quand cela ?
— Tout de suite, fit Mourier.
— Ma foi, si vous y allez, je vous accompagne.
Les deux hommes se levèrent. Avec l’argent de son mécanicien, Stolberg régla la dépense. Mourier et son compagnon montèrent dans l’automobile du riche banquier.
— Arrêtez-vous, dit le baron, à l’entrée du pont Caulaincourt.
Au bout de quelques secondes, l’automobile stoppa, mais, en cours de route, Stolberg avait évidemment changé d’avis car, au lieu de descendre, il retint Mourier :
— C’est une blague, n’est-ce pas ? nous n’y allons pas ? Je vous ramène chez vous ?
Mais le juge s’était entêté :
— Pas le moins du monde, fit-il, j’y vais.
— Dans ce cas, déclara Stolberg, vous irez seul, moi, je l’avoue, je n’ose pas. Me promener sur ce pont désert à une heure aussi tardive ne me dit rien du tout.
Mais Mourier était déjà hors de la voiture, il en referma la portière.
— À votre aise, déclara-t-il, moi je n’ai pas peur et j’y vais seul.
Le magistrat, sans se préoccuper le moins du monde de savoir ce que faisait son ami, s’avança lentement, grimpait la pente douce qui l’amenait à l’entrée du pont Caulaincourt. Le magistrat, instinctivement, releva le col de son pardessus puis, le chapeau en arrière et les mains frileusement enfoncées dans ses poches, il s’avança, faisant résonner ses talons sur le trottoir sec. Mais le pont Caulaincourt était désert, la lueur blafarde des réverbères l’éclairait par endroit de taches lumineuses aux teintes jaunâtres. Au ciel, brillaient quelques étoiles, cependant qu’en dessous c’était le cimetière endormi, le vaste champ de repos plongé dans le noir. Mourier, machinalement, éprouvait une impression de solitude et d’angoisse contre laquelle il luttait :
— Je n’ai pas peur, se répétait-il, je n’ai pas peur, et cependant c’est sinistre.
C’était là une idée, un pur fait de l’imagination, car, pour n’être pas un décor riant, le pont Caulaincourt ne présentait rien de particulièrement effrayant. Mourier s’achemina, marchant au milieu de la chaussée, parvint à l’autre extrémité du pont, au carrefour de la rue de Maistre, sans avoir été troublé par le moindre incident.