La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Abasourdi, le journaliste avait jeté les yeux sur cette inconnue et s’apprêtait à lui demander quelques explications sur ce qui venait de lui arriver, mais la jeune femme, d’un geste, lui imposait silence. Toutefois, après avoir compté pendant près d’une bonne minute, la dame murmura :
— Pas la moindre fièvre. Un pouls excellent. C’est parfait.
Elle se penchait vers Fandor, mettait sur son front la paume douce de sa main. Le journaliste, de plus en plus abasourdi, n’y tenant plus, l’interrogea alors :
— Où suis-je ? Que m’est-il arrivé ? Qui êtes-vous, Madame ?
On lui répondit :
— Vous avez fait une chute. Monsieur, pas bien grave, heureusement, mais j’ose dire que vous êtes bien tombé. Vous êtes ici chez M me Olivet, c’est-à-dire chez moi, et je suis docteur en médecine.
— Bon, pensa Fandor, cette excellente femme a raison, pour une fois, je suis bien tombé. Espérons que je vais me relever de même.
Et déjà il s’efforçait de bouger, mais une vive douleur lui arracha un cri.
— C’est à la jambe que vous avez mal ? interrogea la femme-médecin.
— Ma foi oui, reconnut Fandor, j’éprouve comme un élancement dans le mollet gauche.
Sans se départir de son calme, et avec des précautions infinies, M me Olivet avait alors retroussé le pantalon du jeune homme, cependant qu’elle disait à quelqu’un que Fandor n’avait pas encore aperçu :
— Déchaussez-le.
Le journaliste alors avait vu surgir devant lui un gros homme à la figure replète, à la tête ébouriffée, qui, avec des gestes empressés et maladroits, dénouait le lacet de sa bottine. M me Olivet le présenta à son malade :
— C’est M. Olivet, dit-elle, mon mari. Il m’aide de temps en temps, lorsque je n’ai pas de domestique sous la main.
— Bien, songea Fandor, voilà un époux qui m’a tout l’air d’être relégué au sixième dessous dans son ménage.
Mais le journaliste rapidement eut à se préoccuper d’autre chose.
Son docteur lui palpa le mollet d’un air entendu.
— Pas grand-chose, je l’espère, du moins, fit M me Olivet, toutefois, la jambe est encore enflée, et nous ne pourrons être fixés que demain matin.
— Ah, fit Fandor, que craignez-vous donc ?
— Je ne sais pas, dit mystérieusement M me Olivet.
Elle ajouta :
— Vous allez rester étendu sur ce canapé, on va vous mettre des coussins, des couvertures. Je n’ose pas vous faire transporter sur un lit, de peur de quelques complications.
Fandor ne savait comment remercier cette aimable femme qui soignait, en somme, un inconnu, et un inconnu dont l’arrivée chez elle était plus qu’extraordinaire, avec un extrême dévouement, une exquise compassion.
Le journaliste s’en voulut de n’avoir point encore dit qui il était, d’autant qu’à ce moment M me Olivet, qui décidément pensait à tout, venait de lui annoncer :
— Pour que vous ne manquiez de rien, mon mari vous veillera toute la nuit.
Fandor songea : « Il faut que je me présente ». Et, en s’excusant de donner à M. et M me Olivet tout ce trouble, le journaliste dit son nom.
M me Olivet changea de couleur.
— Jérôme Fandor ? s’écria-t-elle, est-ce possible que vous soyez Jérôme Fandor ? Ce journaliste si connu, ce héros si courageux, cet homme admirable ?
Fandor, fort gêné de voir l’estime dans laquelle le tenait cette aimable femme, voulait l’empêcher de continuer, mais M me Olivet était lancée, rien ne l’aurait arrêtée :
— Ah, soupira-t-elle, c’est assurément le ciel qui vous envoie, voilà si longtemps que j’entends parler de vous, de vos aventures, et que je rêve de vous connaître. Vous incarnez à mes yeux l’audace, le courage, la plus sublime témérité.
— Ma chère amie, interrompit à ce moment M. Olivet, tout ce que vous dites est certainement très exact, et même au-dessous de la vérité, mais ne craignez-vous pas de fatiguer votre malade ?
L’excellent homme s’arrêta net, foudroyé par un coup d’œil méprisant et hautain de sa femme :
— Vous, d’abord, déclara-t-elle, mêlez-vous de ce qui vous regarde. Allez vous coucher, c’est moi qui veillerai M. Jérôme Fandor, vous seriez incapable de lui prodiguer des soins éclairés, si besoin en était.
— Madame, protesta le journaliste, qui véritablement se sentait gêné par cet excès de compassion, je vous assure que je n’aurai besoin de rien.
Mais la jolie femme redevenait le médecin pour avoir de l’autorité :
— C’est le Docteur, fit-elle, qui vous parle et le Docteur vous recommande de consentir à ce qu’il veut, sans discussion.
Fandor, après tout, n’était pas plus royaliste que le roi, et comme sa chute, ainsi d’ailleurs que les émotions qu’il avait éprouvées, lui donnaient une profonde envie de dormir, il ne tarda pas, suivant les conseils de M me Olivet, à s’assoupir profondément.
Le lendemain, lorsqu’il se réveilla, l’aimable femme était encore à son chevet. Lorsque Fandor ouvrit les yeux, il vit que ceux de la femme-médecin étaient fixés sur les siens, avec une singulière insistance et qu’ils exprimaient une douceur infinie.
Fandor était loin d’être un fat, néanmoins, il se demandait :
— Ai-je donc fait la conquête de cette femme pour qu’elle me regarde comme elle le fait ?
— Mon pauvre Monsieur Fandor, dit M me Olivet, je suis au regret de vous dire que vous avez la jambe cassée, et que vous voilà condamné au moins à quinze jours d’immobilité.
Fandor était demeuré abasourdi par cette déclaration, et il avait voulu se faire transporter à son domicile. Mais s’il était entêté, M me Olivet lui rendait des points sur ce chapitre, et après deux heures de discussion courtoise et aimable, Fandor devait obtempérer au désir de son hôtesse, à savoir : promettre de rester chez elle tant qu’il ne serait pas complètement rétabli.
— Pourquoi diable veut-elle me garder ? s’était d’abord demandé Fandor, dans sa naïve inconscience.
Il ne tardait pas à l’apprendre. M me Olivet était une excellente femme et vraisemblablement, un docteur très capable. Mais elle était également amoureuse et Fandor ne pouvait plus douter au bout de quelques jours qu’il ne fût, lui, l’objet de cet amour.
Le journaliste s’il était dans une certaine mesure, flatté de cette distinction, en était surtout très ennuyé car Fandor aimait aussi, mais ailleurs. Il avait donné son cœur à Hélène et la fille de Fantômas l’occupait tout entier.
Le journaliste, toutefois, n’était pas d’une pruderie exagérée et s’amusait volontiers à flirter avec l’excellente femme pendant les longues heures qu’ils passaient en tête à tête. Elle aimait sincèrement, M me Olivet, et n’était pas exigeante. Il suffisait que Fandor lui prenne la main dans la sienne et la garde pendant vingt minutes pour qu’elle estimât avoir vécu une heureuse journée.
— Je pourrais, pensait Fandor, lui faire ce plaisir-là tous les jours, sans trahir ma foi.
Mais M me Olivet, peu à peu, menaçait de se montrer plus exigeante et Fandor était d’autant plus gêné qu’il se rendait compte que la moindre privauté constituait une double trahison pour Hélène et pour M. Olivet, pour cet excellent mari qui remplissait dans la maison les fonctions qui incombent, d’ordinaire, à toute femme soucieuse de la bonne organisation de son intérieur.
C’était M. Olivet qui allait au marché, c’était lui qui traitait avec les fournisseurs, comptait le linge avec la blanchisseuse. M me Olivet, docteur en médecine, avait sa clientèle, ses visites, ses malades, mais depuis que Fandor se trouvait chez elle, elle négligeait un peu tout ce monde pour ne s’occuper que de lui.
Voilà pourquoi Fandor, qui en avait, au bout de quinze jours, par-dessus la tête des assiduités de M me Olivet, en était arrivé à douter de la gravité de son état. Madame lui interdisait toujours de poser le pied par terre, sous peine des plus graves complications. Or, depuis quatre jours déjà, Fandor, progressivement, s’assurait de la vigueur et de la souplesse de sa jambe et s’apercevait que celle-ci se comportait merveilleusement.