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La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)

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La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
Название: La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
Дата добавления: 15 январь 2020
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La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора) - читать бесплатно онлайн , автор Аллен Марсель

продолжение серии книг про Фантомаса

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— Fermez votre fenêtre, Monsieur, dépêchez-vous, nous arrivons en plein incendie.

Fandor se hâta de relever la glace et, de fait, il était temps. La voie, très étroite, courait maintenant au centre même de la forêt en flammes. En une seconde, le train fut environné de flammes de plus de dix mètres de haut. Il semblait que le convoi fût lui-même en feu, tant l’incendie le serrait de près, tant il roulait au centre d’une fumée noire, épaisse, irrespirable, asphyxiante.

— Bougre, cela devient grave, remarqua Fandor.

Quittant son compartiment où il suffoquait car la chaleur était devenue intense, Jérôme Fandor alla rejoindre, dans le couloir longeant le train, les autres voyageurs qui regardaient le sinistre, l’air mal rassuré.

Il n’y avait pas grand monde, ce jour-là, à bord du Sud-Express, et c’était chose heureuse.

— Jud, criait une petite femme, se cramponnant au bras d’un gigantesque mari dont les favoris roux attestaient l’origine tudesque, Jud, bien sûr que nous allons tous brûler, j’ai peur, j’ai peur !

La panique, en effet, commençait. Le train avait beau forcer l’allure, il était évident qu’il n’allait pas pouvoir voyager longtemps sans dommage, au centre de l’incendie. Déjà, il était impossible d’appuyer la main contre les vitres des portières. Elles étaient brûlantes. D’autre part, des flammèches, des branches incendiées tombaient de temps à autre sur le toit même des wagons. N’y avait-il pas risque qu’elles y communiquassent le feu ?

— Cela va mal, pensa Fandor, cela va très mal. J’ai déjà assisté à deux ou trois incendies pareils, mais jamais je n’avais rien vu d’aussi fort. Nous allons être rôtis dans la perfection.

À ce moment, des employés longeaient les wagons, criant :

— Préparez-vous à descendre, messieurs, dames, le train va stopper dans dix minutes, préparez-vous à descendre.

Fandor ronchonna. Au passage, il arrêtait l’un de ceux qui avertissaient ainsi :

— Dites donc, demanda-t-il, pourquoi faut-il descendre ?

— Parce que, sur deux kilomètres, le remblai menace ruines. Le train passera à vide, vous remonterez plus loin.

— Il est très gentil, ce monsieur, pensa Fandor. Il invite les poulets que nous sommes à se rendre d’eux-mêmes à la broche. Comment diable veut-il que l’on descende là-dedans ?

Et Fandor, des deux côtés de la voie, regardait les pins se tordre sous les rafales de feu. Fandor, pourtant, avait tort. Très souvent, il arrive, en effet, que les forêts des Landes soient incendiées et toujours les Compagnies de chemins de fer emploient le même système. Les dangers d’incendie que court un train passant au milieu d’un sinistre de cette nature sont infimes, en effet. En revanche, sous l’effort des flammes, les rails de la voie se tordent quelque peu et des déraillements sont à craindre. Quand il y a incendie, les services techniques surveillent très attentivement les remblais, et, ainsi qu’il est prudent de le faire, on décide que les trains passeront à vide en ces endroits mauvais ou dangereux, que les voyageurs remonteront à bord, ces parties de voies une fois franchies.

L’express, déjà, ralentissait. Brusquement, les freins criaient, une secousse violente jetait les voyageurs les uns contre les autres.

La forêt, de chaque côté du convoi, brûlait, mais l’endroit de la halte avait été soigneusement choisi. On avait fait arrêter le train en un point où les pins s’écartaient suffisamment de la voie pour que les voyageurs pussent descendre en toute tranquillité sans entrer dans l’incendie lui-même.

— Pressons-nous, Messieurs, dames, pressons-nous.

Fandor, un des premiers, avait sauté sur le remblai.

Il jouissait, en amateur de pittoresque et de beaux spectacles, du superbe coup d’œil de cette forêt incendiée.

Pour lutter contre la chaleur torride qui régnait à l’intérieur des wagons, les voyageurs s’étaient composés de curieux costumes, les hommes arrachaient leur faux-col, dépouillant veste et gilet, les femmes dégrafaient les deux premiers boutons de leur corsage, certaines même ayant quitté leurs jupes, n’avaient conservé que des jupons.

— Hé, hé, songeait Fandor, si le feu est encore un peu plus chaud et qu’il faille un peu plus se déshabiller, ça deviendra tout à fait rigolo.

Les employés, pourtant, se donnaient infiniment de mal pour rassembler les voyageurs, les grouper en une troupe à peu près régulière.

— Mesdames et Messieurs, annonçait un personnage qui devait être un chef de gare embarqué à Bordeaux, voici comment nous allons procéder. Le train va partir lentement, en avant. Vous voudrez bien me suivre, et marcher scrupuleusement entre les rails, il n’y a aucun danger. Dans un kilomètre vous pourrez remonter en voiture.

— Un petit bravo pour l’orateur, répondit Fandor.

Mais, gavroche comme il l’était, le journaliste, bien entendu, ne voulait pas se plier à la consigne.

— Plus souvent, pensait-il, que je vais me mettre en rang, pour aller au réfectoire. Il m’embête, le pion.

Fandor, sans s’occuper des appels qu’on lui adressait, s’écartait du groupe des voyageurs et entreprit de remonter le long du train pour se rendre compte des dégâts que lui avait occasionné la chute des branches incendiées.

— C’est épatant, pensait-il, rien n’a brûlé. C’est mieux ignifugé qu’un décor de théâtre.

Mais, brusquement, comme il suivait l’une des grandes voitures qui composaient le Sud-Express, voilà que Fandor tressaillit. Tout le monde avait dû descendre du train. Il avait entendu des employés contraindre les voyageurs les plus récalcitrants à quitter leurs compartiments. Or, Fandor apercevait précisément, à l’intérieur de l’un des wagons, deux individus, deux individus qui ouvraient une valise, qui semblaient y fouiller, qui y fouillaient même certainement.

— Qu’est-ce qu’ils font, ces cocos-là ? pensait Fandor.

Il allait monter d’autorité à bord de la voiture, pour aller constater quels étaient les voyageurs demeurés dans le train en dépit des règlements, lorsqu’il crut entendre, tout près de lui, deux voix qui murmuraient :

— Dis donc, est-ce qu’ils y sont, les copains ?

— Tout ce qu’il a de plus, mon vieux. Ah, la belle combine. On va en faire un chopin [3] !

Cette fois, Fandor ne put plus hésiter. Il se baissa, il regarda en-dessous des wagons, de l’autre côté du train, il aperçut les jambes de deux individus qui se hâtaient, marchant vers la locomotive.

— Bougre de bougre, jura Fandor, mais si je ne suis pas complètement fou, il me semble que la chose est claire, il y a ici une bande d’individus qui profitent de l’incendie pour piller les bagages.

Et Fandor, songeant à la face de l’homme qu’il avait rencontré lorsqu’il allait au lavabo, avec un de ces subits rappels de mémoire que l’on a parfois, se rappelait le nom de l’homme :

— Mais, sapristi, se disait-il à lui-même, je sais qui c’est. C’est mon ancien professeur, c’est le père Grelot, le maître de vol à la tire, en personne.

Et Fandor prit sa course. Depuis qu’il s’occupait d’affaires policières, il avait acquis un véritable flair, un véritable instinct, qui lui permettait de deviner, de pressentir les drames, les affaires louches.

— Il se passe ici, murmurait Fandor, quelque chose d’invraisemblable, de très peu catholique. Tâchons de voir quoi.

Fandor, que les employés, fort occupés à rassembler les voyageurs, ne surveillaient guère, s’élança vers la locomotive. Le journaliste venait habilement de décider une manœuvre fort simple. Puisque les individus qui causaient de l’autre côté du train, se dirigeaient eux-mêmes vers la machine, Fandor allait passer devant cette machine, et forcément les rencontrer, les voir et peut-être les reconnaître.

Ce plan était peut-être bien combiné, il ne devait pas réussir cependant. En effet, au moment même où Jérôme Fandor arrivait à la hauteur de la machine, le train démarrait.

— Je suis semé, se dit Fandor.

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