La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Mais le marquis s’acharnait, il reprit enfin :
— Voyons, M. Hoch, comptez avec moi. Il y a d’abord Son Altesse Royale… je suppose que malgré la haute personnalité de don Eugenio, infant d’Espagne, cousin de Sa Majesté le Roi et possesseur d’autres titres nobiliaires que je ne veux point énumérer, ça fait un.
— Nous sommes d’accord, Monsieur le marquis…
— Bien. C’est déjà quelque chose. Je continue, Son Altesse Royale et moi, cela fait deux, n’est-il pas vrai ? deux personnes ?
— Nous sommes d’accord, Monsieur le marquis, dit M. Hoch.
— Il y avait les trois caballeros, cela fait cinq, plus quatre valets de chambre, neuf, plus trois chauffeurs, douze. Sommes-nous d’accord, Monsieur Hoch ?
— Nous sommes parfaitement d’accord, Monsieur le majordome.
— Eh bien alors, s’écria celui-ci triomphant, c’est moi qui ai raison, vous le voyez bien M. Hoch, douze et non pas treize.
— Pardon, Monsieur le marquis, vous oubliez quelqu’un.
— Qui cela ?
— Mais l’agent secret.
— L’agent secret ? que voulez-vous dire ? je ne le connais pas.
— Naturellement, fit M. Hoch, puisque c’est un agent secret.
— Mais qui est-ce ? où est-il ?
— Mai foi, je n’en sais rien, poursuivit M. Hoch, cet homme, qui est arrivé en même temps que vous a disparu de l’ Impérialprécisément depuis le soir où il a arrêté le spahi.
— Chut, Monsieur Hoch, silence, ne parlez pas de cette affaire. Pour l’amour de Dieu, ne laissez pas ébruiter l’histoire. C’est l’essentiel. Car il n’y aura pas de scandale à Madrid à propos de ces aventures de femmes qui se sont si tragiquement terminées. Mais encore, M. Hoch, pourquoi était-il là, cet agent secret ?
— Je ne puis vous le dire, Monsieur le marquis, je n’en sais rien, ce ne sont pas mes affaires.
— Il ne nous était d’aucune utilité.
— Pardon, Monsieur le marquis, mais cet agent secret a arrêté le meurtrier de la jeune femme qui se trouvait avec Son Altesse Royale, ils étaient même deux, lui et sans doute un de ses collègues.
— M. Hoch, ah, par exemple, cela devient trop fort ! Vous allez en compter quatorze maintenant et pour peu que ça continue.
— Non, Monsieur le marquis, dit le gérant, vous ne me laissez pas finir ma phrase. Je disais que l’arrestation a été opérée par votre agent, l’agent secret c’est-à-dire la treizième personne qui figure sur ma note et probablement par un de ses collègues, un policier de Biarritz qui n’a point fait de dépenses à mon hôtel et que je ne fais point figurer sur mon relevé.
— Que voulez-vous ? fit le marquis, d’un air désespéré, il faudra bien que je me résigne. Voyons la note de ce treizième. Qu’a-t-il dépensé ? Mais c’est scandaleux ! Effrayant ! Tous les jours une bouteille d’un premier cru, des cigares de luxe, des liqueurs fines, et dire qu’on ne m’a ouvert un crédit que pour douze personnes !
— Vous avez du profit, Monsieur le marquis, fit observer doucement le gérant, puisque je vous consens un escompte personnel.
— C’est vrai, reconnut le majordome, j’ai dix pour cent sur la note, mais s’il faut que je paie pour ce treizième je ne gagne plus rien.
Cela était parfaitement indifférent au gérant de l’ Impérial Hôtel, qui essayait de conclure l’entretien en appelant le caissier pour prendre l’argent qu’avec regret le marquis tirait de sa poche :
Celui-ci se lamentait :
— Tout mon bénéfice y passe, en entier. Décidément ce séjour à Biarritz ne nous a été profitable, ni à Son Altesse Royale, ni à moi.
M. Hoch eut pitié du pauvre grand seigneur.
— Vous réclamerez un supplément pour cet agent supplémentaire.
— Oui évidemment, dit le marquis, qui ne s’en allant pas, impatientait le gérant. Évidemment je réclamerai au ministère de l’Intérieur, mais vous ne les connaissez pas aux Finances de Madrid. Ils sont capables de me rembourser en pesetas et alors je perdrais au change.
— Eh bien, qu’est-ce que vous diriez si au lieu de vous faire votre note en francs, je l’avais comptée en marks qui valent vingt-cinq sous ? Et c’était mon droit après tout, puisque l’ Impérial Hôtelest, en somme, une société allemande. Estimez-vous donc bien heureux, Monsieur le marquis et au plaisir de vous revoir.
L’infortuné majordome, machinalement, serra la main que lui tendait le gérant et s’en alla tête basse, porte-monnaie vide. Mais, sitôt dans le hall de l’hôtel, comme il y apercevait quelques jolies femmes, il retroussa la moustache, tendit le jarret. Ce n’était plus le majordome qui venait de régler ses comptes avec le gérant de l’hôtel, c’était le Grand d’Espagne qui passait.
Cependant le personnage qui avait écouté, depuis le début, cet entretien, non sans avoir failli à maintes reprises éclater de rire, n’était autre que Juve.
Toutefois, si le policier avait été amusé par les mesquines récriminations du majordome espagnol et les calculs brutaux de l’employé allemand, quelque chose dans tout cela l’avait fortement intrigué.
— Drôle de police, avait-il pensé en premier lieu que cette police espagnole dont les inspecteurs ne paient pas leurs notes et les font porter sur le compte des grands personnages qu’ils suivent.
Mais, après un instant de réflexion, Juve était revenu sur cette opinion.
— Cette histoire d’agent secret, se disait-il à lui-même, m’apparaît suspecte. Et puis, quelle coïncidence bizarre… Cet agent chargé de protéger l’infant d’Espagne et qui disparaît aussitôt après avoir arrêté un militaire qui vient de tirer sur une femme avec laquelle Son Altesse Royale avait évidemment rendez-vous, tout cela me paraît louche.
Juve eut encore une autre pensée :
— Peut-être, songea-t-il, ce Monsieur Hoch a-t-il des instructions précises pour dire au majordome que l’agent secret était parti, alors qu’il n’en est rien ?
Juve, en effet, avait appris par quelques paroles prononcées par les domestiques qui passaient et repassaient dans le hall, que si don Eugenio d’Aragon avait quitté l’hôtel depuis une heure, quelques gens de sa suite s’y trouvaient encore. Il était donc fort possible que l’agent secret ne fût pas encore parti. Juve s’approcha du cabinet de M. Hoch :
— Monsieur, dit-il, je serais fort désireux de voir la personne que vous désignez sous le nom d’agent secret, agent de la police espagnole sans doute ?
Juve se faisait aimable, espérant qu’il pourrait avoir le renseignement sans être obligé de révéler sa qualité d’inspecteur de la sûreté. Ceci n’était pas nécessaire en effet. M. Hoch, tout en signant des lettres, en acquittant des factures, en vérifiant des menus et en épongeant d’un coup de tampon buvard les lignes tracées à la hâte sur un énorme livre répliqua d’un ton bourru :
— L’agent secret ? Parti.
— Depuis combien de temps, s’il vous plaît, Monsieur ?
— Trois jours, depuis l’arrestation du…
Mais M. Hoch qui jusqu’alors semblait avoir répondu sans réfléchir, s’arrêta brusquement d’écrire, se tourna vers Juve.
— Au fait, interrogea-t-il, et jetant sur le policier un coup d’œil hautain et soupçonneux, qu’est-ce que cela peut bien vous faire et que désirez-vous ?
Mais Juve avait de la présence d’esprit. Cessant d’être aimable et parlant à son tour comme quelqu’un qui n’a pas d’ordre à recevoir, il répliqua :
— Je veux, fit-il, de son ton le plus méprisant, que vous me fassiez donner une chambre. Et quelque chose de bien, je vous prie.
Comme électrisé, M. Hoch qui s’aperçut qu’il avait affaire à un client, se levait de son fauteuil pour venir s’incliner très bas devant le nouvel arrivant.
13 – QUI TROMPE QUI ?
— Donnez-moi une chambre.
Juve comprenait de moins en moins les événements qui venaient de se dérouler à l’ Impérial Hôtel, mais dans l’impossibilité où il était de tirer ces affaires au clair, il choisissait la seule solution qui lui parût rationnelle : il s’installerait à l’ Impérial, avec l’intention bien nette de n’en partir qu’une fois documenté.