La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)

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La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
Название: La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
Дата добавления: 15 январь 2020
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La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора) - читать бесплатно онлайн , автор Аллен Марсель

продолжение серии книг про Фантомаса

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Or, au moment même où Juve, tranquillement, priait le gérant qui venait de le recevoir de mettre une chambre à sa disposition, dans le grand escalier débouchant au centre du hall, un vacarme naissait, d’abord indistinct, puis peu à peu augmentait, se faisait assourdissant.

C’étaient des cris, des bruits de pas, des appels, et encore comme un piétinement sourd, comme des heurts, une bousculade.

Le gérant entendant ces bruits, quittait Juve, courut à l’escalier.

— Ah çà, cria-t-il, cherchant à voir ce qui pouvait bien se passer aux étages supérieurs, qui donc se permet ?

Juve avait accompagné, naturellement, son interlocuteur. Le policier arriva juste, dans la cage de l’escalier pour y saisir, prononcées par une voix tremblante de colère, des interjections terribles :

— Bandit, canaille, misérable, assassin.

En même temps, une autre voix lui répondait :

— Taisez-vous donc imbécile. Tout le monde va savoir.

L’autre voix, la première, continuait à hurler :

— Ignoble personnage, satyre, faux camarade, gredin, que tout le monde sache ? Je m’en fiche bien. Vous devriez être pendu en place publique. Allez descendez.

Et, de temps à autre, couvrant les deux voix qui discutaient, d’autres cris retentissaient, cependant que des éclats de rire fusaient de tous côtés, que des exclamations ironiques, semblaient provenir de gorges féminines :

— Ah qu’il est vilain !

— Hou, hou le vieux !

C’était absolument incompréhensible. Le gérant, pale de colère, sauta dans l’ascenseur :

— Attendez-moi, dit-il, se tournant vers Juve, je reviens à l’instant.

Mais Juve n’eut garde d’obéir. Loin d’attendre le gérant, il monta dans l’ascenseur, lui aussi, et l’appareil s’éleva rapidement.

Les cris, cependant, continuaient :

— Sapristi, laissez-moi donc m’habiller.

— Descends, descends. Attends un peu que je te montre si j’ai peur de toi !

Le premier étage que rencontrait l’ascenseur en montant semblait désert. Des femmes de chambre, des voyageurs, des voyageuses aussi, attirés par le tapage, s’étaient groupés sur le palier.

— Que se passe-t-il, mon Dieu ? interrogea le gérant.

L’ascenseur s’élevait toujours plus vite.

Or, comme il arrivait à hauteur du second, M. Hoch saisit brusquement la corde de l’appareil, l’immobilisa.

Point n’était besoin, à coup sûr, de monter plus haut. Descendant du troisième, une troupe d’hommes apparaissait, une troupe composée aussi bien de serviteurs et d’employés de l’hôtel que de voyageurs amusés. En tête se trouvaient deux personnages qui se disputaient furieusement. L’un n’était autre que le gros Narcisse Lapeyrade, le malheureux mari de la jolie lingère, l’autre était le caissier Guillaume, et ce dernier apparaissait dans le plus simple des accoutrements.

Guillaume, le fidèle Guillaume, l’employé correct et modèle, avait pour tout vêtement, une chemise de nuit dont les pans flottaient au hasard de la lutte furibonde qu’il soutenait avec Narcisse, et au pied droit une chaussette dont la jarretelle brinqueballait, au risque de le faire tomber.

Pâle de rage, les yeux jetant des éclairs, le gérant avait bondi au-devant des deux hommes.

— Guillaume ! appela-t-il, Narcisse ! Voyons, que signifie ?

Haletant, le gros pisteur envoya d’une secousse le caissier rouler contre le mur. Narcisse Lapeyrade à ce moment, était beau : la colère lui prêtait le regard impérieux, l’attitude hautaine.

— Monsieur le gérant, répondait Narcisse, il se passe ceci : c’est que Monsieur – et il désignait Guillaume – vient de m’outrager.

— Il vous a quoi ?

Une petite bonne qui riait à quelques marches de là, expliqua la chose :

— Tiens, parbleu, s’exclamait-elle, c’est pas difficile à deviner : Guillaume a trompé Narcisse avec Félicie.

Au même moment, attirée à son tour par le bruit, Félicie Lapeyrade qui, depuis le matin, sachant la situation tragique où elle avait laissé son amant, n’était pas tranquille, parut sur le seuil de la lingerie.

Le gérant foudroya du regard la jeune femme.

— Félicie, lui jeta-t-il, votre mari est devenu fou ?

Guillaume, cependant, s’était relevé. Toujours en chemise et l’air piteux, il tenta de bégayer une excuse :

— Monsieur le gérant, commençait-il, je vous prie de croire que tout ceci provient d’un malentendu.

Mais il n’eut pas le temps d’achever. Au comble de la colère, Narcisse Lapeyrade l’interrompit :

— Taisez-vous, lâche, bandit, voleur d’honneur, hurla-t-il. Ah, vous appelez ça un malentendu ? Eh bien, par exemple !

Et, courant au gérant, qui était tellement interloqué qu’il ne savait que dire, le saisissant par le revers de sa redingote, Narcisse Lapeyrade continua :

— Savez-vous où je l’ai retrouvé, votre caissier ? dans les chapeaux de ma femme.

Le gérant, pour le coup, ne comprenait plus rien à l’aventure. Que Guillaume eût trompé Narcisse avec la jolie Félicie, c’était possible, vraisemblable, cela n’avait en tout cas rien de surprenant, mais qu’on l’eût découvert dans les chapeaux de Félicie, cela ne pouvait s’admettre.

Guillaume, d’ailleurs, protesta :

— C’est faux, j’étais dans un placard, et…

Narcisse l’interrompait déjà :

— C’est la même chose. Il était dans le placard des chapeaux. Oui, Monsieur, dans ma chambre, dans ma propre chambre, et tel que vous le voyez, en chemise ! Et je ne me doutais de rien. J’aurais juré que ma femme…

Le gérant, d’une secousse brusque, parvint à se dégager de l’étreinte de Narcisse :

— Vous, cria-t-il, commencez par vous taire. Bien entendu, vous êtes à la porte. Guillaume, vous vous expliquerez tout à l’heure. Allons. Montez vous habiller.

Or, à ce moment, une Anglaise, pesamment arrivée du rez-de-chaussée en soufflant à chaque marche, qu’elle ébranlait de son pas masculin, lorgnait précisément Guillaume à travers un face-à-main gigantesque, tout en répétant :

— Oôah !

Guillaume, lui, eût bien voulu obtempérer aux ordres du gérant. Plus que tout le monde, il souffrait du scandale occasionné, mais le moyen d’aller se rhabiller ?

— Monsieur le gérant, commença le malheureux caissier, je ne peux pas remonter dans ma chambre, je n’ai plus mes habits et mes clés sont dedans. Il faudrait que quelqu’un…

— Où sont vos vêtements ? demanda le gérant.

— Ils sont, commença le malheureux caissier, ils sont, mon Dieu, sous le lit de M. Lapeyrade.

Au même moment, Félicie qui n’avait point tardé à s’éclipser, apparaissait en haut de l’escalier, porteuse du veston et du pantalon du caissier.

— Enfile-moi ça, Guillaume, cria-t-elle.

Cette seule parole, hélas ! suffit à redoubler la colère du mari trompé.

Il bondit sur sa femme, qu’il empoigna par les épaules. Il la secoua terriblement.

— Tu… tu… tu… commença-t-il étouffant presque, tu l’appelles Guillaume, de… de… devant moi ?

C’eût été comique, si la douleur du pauvre homme n’avait fait peine à voir. Félicie, sans répondre, échappa aux mains de son mari, courut se jeter derrière Juve, seul personnage qui parût garder, au cours des événements, un imperturbable sang-froid.

— Félicie, clama toujours le malheureux mari trompé. Je ne sais pas si je pourrai jamais te pardonner. Non, je ne le sais pas…

La lingère, de son côté, contait des choses mystérieuses à l’oreille de Juve, saisie d’un besoin subit de confidences.

— Guillaume s’était caché dans le placard, expliquait elle, mais, il y a quelque chose d’extraordinaire, c’est que j’ai fait sortir quelqu’un de ma chambre, quelqu’un que j’avais pris pour mon amant et qui n’était pas lui, puisque ce matin encore Guillaume n’était pas parti et que mon mari est tombé dessus.

Il fallait en finir cependant. Le gérant péremptoire donnait des ordres, éloignait les serviteurs.

— À vos ouvrages, voyons, je ne veux personne ici ! Narcisse, montez dans votre chambre. Je vous ferai appeler tout à l’heure. Félicie, partez à la lingerie. Vous, Guillaume…

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