La Reine Margot Tome II
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Sur fond de guerres sanglantes, de Saint Barth?l?my ainsi que de la lutte entre Catherine de M?dicis et Henri de Navarre, la premi?re ?pouse de ce dernier, Marguerite de Valois, appel?e la reine Margot, entretient des intrigues amoureuses notoires et violentes… Roman historique qui reste avant tout un roman, ce livre nous fait sentir l'atmosph?re de cette ?poque et appr?hender l'histoire de notre pays!
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– Qui vous dit le contraire? répondit Maurevel.
Les sbires se regardèrent tout surpris, et le lieutenant fit un pas en arrière.
– Heu! fit le lieutenant, arrêter quelqu’un à cette heure, au Louvre, et dans l’appartement du roi de Navarre?
– Que répondriez-vous donc, dit Maurevel, si je vous disais que celui que vous allez arrêter est le roi de Navarre lui-même?
– Je vous dirais, capitaine, que la chose est grave, et que, sans un ordre signé de la main de Charles IX…
– Lisez, dit Maurevel.
Et, tirant de son pourpoint l’ordre que lui avait remis Catherine, il le donna au lieutenant.
– C’est bien, répondit celui-ci après avoir lu; je n’ai plus rien à vous dire.
– Et vous êtes prêt?
– Je le suis.
– Et vous? continua Maurevel en s’adressant aux cinq autres sbires. Ceux-ci saluèrent avec respect.
– Écoutez-moi donc, messieurs, dit Maurevel, voilà le plan: deux de vous resteront à cette porte, deux à la porte de la chambre à coucher, et deux entreront avec moi.
– Ensuite? dit le lieutenant.
– Écoutez bien ceci: il nous est ordonné d’empêcher le prisonnier d’appeler, de crier, de résister; toute infraction à cet ordre doit être punie de mort.
– Allons, allons, il a carte blanche, dit le lieutenant à l’homme désigné avec lui pour suivre Maurevel chez le roi.
– Tout à fait, dit Maurevel.
– Pauvre diable de roi de Navarre! dit un des hommes, il était écrit là-haut qu’il ne devait point en réchapper.
– Et ici-bas, dit Maurevel en reprenant des mains du lieutenant l’ordre de Catherine, qu’il rentra dans sa poitrine.
Maurevel introduisit dans la serrure la clef que lui avait remise Catherine, et, laissant deux hommes à la porte extérieure, comme il en était convenu, entra avec les quatre autres dans l’antichambre.
– Ah! ah! dit Maurevel en entendant la bruyante respiration du dormeur, dont le bruit arrivait jusqu’à lui, il paraît que nous trouverons ici ce que nous cherchons.
Aussitôt Orthon, pensant que c’était son maître qui rentrait, alla au-devant de lui, et se trouva en face de cinq hommes armés qui occupaient la première chambre.
À la vue de ce visage sinistre, de ce Maurevel qu’on appelait le Tueur de roi, le fidèle serviteur recula, et se plaçant devant la seconde porte:
– Qui êtes-vous? dit Orthon; que voulez-vous?
– Au nom du roi, répondit Maurevel, où est ton maître?
– Mon maître?
– Oui, le roi de Navarre?
– Le roi de Navarre n’est pas au logis, dit Orthon en défendant plus que jamais la porte; ainsi vous ne pouvez pas entrer.
– Prétexte, mensonge, dit Maurevel. Allons, arrière!
Les Béarnais sont entêtés; celui-ci gronda comme un chien de ses montagnes, et sans se laisser intimider:
– Vous n’entrerez pas, dit-il; le roi est absent.
Et il se cramponna à la porte.
Maurevel fit un geste; les quatre hommes s’emparèrent du récalcitrant, l’arrachant au chambranle auquel il se tenait cramponné, et, comme il ouvrait la bouche pour crier, Maurevel lui appliqua la main sur les lèvres.
Orthon mordit furieusement l’assassin, qui retira sa main avec un cri sourd, et frappa du pommeau de son épée le serviteur sur la tête. Orthon chancela et tomba en criant:
– Alarme! alarme! alarme! Sa voix expira, il était évanoui. Les assassins passèrent sur son corps, puis deux restèrent à cette seconde porte, et les deux autres entrèrent dans la chambre à coucher, conduits par Maurevel. À la lueur de la lampe brûlant sur la table de nuit, ils virent le lit. Les rideaux étaient fermés.
– Oh! oh! dit le lieutenant, il ne ronfle plus, ce me semble.
– Allons, sus! dit Maurevel. À cette voix, un cri rauque qui ressemblait plutôt au rugissement du lion qu’à des accents humains partit de dessous les rideaux, qui s’ouvrirent violemment, et un homme, armé d’une cuirasse et le front couvert d’une de ces salades qui ensevelissaient la tête jusqu’aux yeux, apparut assis, deux pistolets à la main et son épée sur les genoux. Maurevel n’eut pas plus tôt aperçu cette figure et reconnu de Mouy, qu’il sentit ses cheveux se dresser sur sa tête; il devint d’une pâleur affreuse; sa bouche se remplit d’écume; et, comme s’il se fût trouvé en face d’un spectre, il fit un pas en arrière.
Soudain la figure armée se leva et fit en avant un pas égal à celui que Maurevel avait fait en arrière, de sorte que c’était celui qui était menacé qui semblait poursuivre, et celui qui menaçait qui semblait fuir.
– Ah! scélérat, dit de Mouy d’une voix sourde, tu viens pour me tuer comme tu as tué mon père!
Deux des sbires, c’est-à-dire ceux qui étaient entrés avec Maurevel dans la chambre du roi, entendirent seuls ces paroles terribles; mais en même temps qu’elles avaient été dites, le pistolet s’était abaissé à la hauteur du front de Maurevel. Maurevel se jeta à genoux au moment où de Mouy appuyait le doigt sur la détente; le coup partit, et un des gardes qui se trouvaient derrière lui, et qu’il avait démasqué par ce mouvement, tomba frappé au cœur. Au même instant Maurevel riposta, mais la balle alla s’aplatir sur la cuirasse de De Mouy.
Alors prenant son élan, mesurant la distance, de Mouy, d’un revers de sa large épée, fendit le crâne du deuxième garde, et, se retournant vers Maurevel, engagea l’épée avec lui.
Le combat fut terrible, mais court. À la quatrième passe, Maurevel sentit dans sa gorge le froid de l’acier; il poussa un cri étranglé, tomba en arrière, et en tombant renversa la lampe, qui s’éteignit.
Aussitôt de Mouy, profitant de l’obscurité, vigoureux et agile comme un héros d’Homère, s’élança tête baissée vers l’antichambre, renversa un des gardes, repoussa l’autre, passa comme un éclair entre les sbires qui gardaient la porte extérieure, essuya deux coups de pistolet, dont les balles éraillèrent la muraille du corridor, et dès lors il fut sauvé, car un pistolet tout chargé lui restait encore, outre cette épée qui frappait de si terribles coups.
Un instant de Mouy hésita pour savoir s’il devait fuir chez M. d’Alençon, dont il lui semblait que la porte venait de s’ouvrir, ou s’il devait essayer de sortir du Louvre. Il se décida pour ce dernier parti, reprit sa course d’abord ralentie, sauta dix degrés d’un seul coup, parvint au guichet, prononça les deux mots de passe et s’élança en criant:
– Allez là-haut, on y tue pour le compte du roi. Et profitant de la stupéfaction que ses paroles jointes au bruit des coups de pistolet avaient jetée dans le poste, il gagna au pied et disparut dans la rue du Coq sans avoir reçu une égratignure.