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Jean-Christophe Tome VII

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Jean-Christophe Tome VII
Название: Jean-Christophe Tome VII
Автор: Rolland Romain
Дата добавления: 16 январь 2020
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Jean-Christophe Tome VII читать книгу онлайн

Jean-Christophe Tome VII - читать бесплатно онлайн , автор Rolland Romain

Publi? de 1904 ? 1912, ce roman fleuve en 10 volumes est un courageux message d'amour, d'espoir d'une humanit? r?concili?e, une qu?te de sagesse en une ?poque particuli?rement troubl?e qui allait aboutir ? la guerre de 14-18. Romain Rolland re?ut le prix Nobel de litt?rature en 1915 pour ce roman. Il nous conte l'histoire de Jean-Christophe Krafft, musicien allemand, h?ros romantique, qui devra passer par une s?rie d'?preuves avant de dominer sa vie et trouver l'?quilibre de la pl?nitude.

Christophe est l'a?n? de Melchior, violoniste qui s'enlise dans l'alcool, et de Louisa, m?re courage qui se bat contre la mis?re. Grand-p?re ?tait aussi musicien. Il offre un vieux piano ? la famille et apprend la musique ? Christophe. Cet instrument va permettre de r?v?ler le talent de l'enfant qui, ? six ans, se voue ? la musique, commence ? donner des concerts et ? composer…

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– Remarques-tu, dit Christophe ? Olivier, apr?s le d?part de Mooch, que nous avons toujours affaire aux Juifs, uniquement aux Juifs? Ah! ?a, serions-nous Juifs, nous-m?mes? Rassure-moi! On dirait que nous les attirons. Ils sont partout sur notre chemin, ennemis ou alli?s.

– C’est qu’ils sont plus intelligents que les autres, dit Olivier. Les Juifs sont presque les seuls chez nous, avec qui un homme libre peut causer des choses neuves, des choses vivantes. Les autres s’immobilisent dans le pass?, les choses mortes. Par malheur, ce pass? n’existe pas pour les Juifs, ou du moins il n’est pas le m?me que pour nous. Avec eux, nous ne pouvons nous entretenir que d’aujourd’hui, avec ceux de notre race que d’hier. Vois l’activit? juive, dans tous les ordres: commerce, industrie, enseignement, science, bienfaisance, ?uvres d’art…

– Ne parlons pas de l’art; dit Christophe.

– Je ne dis pas que ce qu’ils font me soit toujours sympathique: c’est m?me odieux, souvent. Du moins, ils vivent et ils savent comprendre ceux qui vivent. Nous ne pouvons nous passer d’eux.

– Il ne faut rien exag?rer, dit Christophe, gouailleur. Je saurais m’en passer.

– Tu saurais vivre, peut-?tre. Mais ? quoi te servirait, si ta vie et ton ?uvre restaient inconnues de tous, comme elles le seraient probablement sans eux? Sont-ce nos coreligionnaires qui viendraient ? notre secours? Le Catholicisme laisse p?rir, sans un geste pour les d?fendre, les meilleurs de son sang. Tous ceux qui sont religieux du fond de l’?me, tous ceux qui donnent leur vie ? la d?fense de Dieu, – s’ils ont eu l’audace de se d?tacher de la r?gle catholique et de s’affranchir de l’autorit? de Rome, – aussit?t ils deviennent ? l’indigne horde qui se dit catholique, non seulement indiff?rents, mais hostiles; elle fait le silence sur eux, elle les abandonne en proie aux ennemis communs. Un esprit libre, quelle que soit sa grandeur, – si, chr?tien de c?ur, il n’est pas chr?tien d’ob?issance, – qu’importe aux catholiques qu’il incarne ce qu’il y a de plus pur dans leur foi et de vraiment divin? Il n’est pas du troupeau, de la secte aveugle et sourde, qui ne pense point par soi-m?me. On le rejette, on se r?jouit de le voir souffrir seul, d?chir? par l’ennemi, appelant ? l’aide ses fr?res, pour la foi desquels il meurt. Il y a dans le catholicisme d’aujourd’hui une puissance d’inertie meurtri?re. Il pardonnerait plus ais?ment ? ses ennemis qu’? ceux qui veulent le r?veiller et lui rendre la vie… Que serions-nous, mon pauvre Christophe, quelle serait notre action, ? nous, catholiques de race, qui nous sommes faits libres, sans une poign?e de libres protestants et de Juifs? Les Juifs sont dans l’Europe d’aujourd’hui les agents les plus vivaces de tout ce qu’il y a de bien et de mal. Ils transportent au hasard le pollen de la pens?e. N’as-tu pas eu en eux tes pires ennemis et tes amis de la premi?re heure?

– Cela est vrai, dit Christophe; ils m’ont encourag?, soutenu, adress? les paroles qui raniment dans la lutte, en montrant qu’on est compris. Sans doute, de ces amis-l?, bien peu me sont rest?s fid?les: leur amiti? n’a ?t? qu’un feu de paille. N’importe! C’est beaucoup que cette lueur passag?re, dans la nuit. Tu as raison: ne soyons pas ingrats!

– Ne soyons pas inintelligents surtout, dit Olivier. N’allons pas mutiler notre civilisation d?j? malade, en pr?tendant l’?brancher de quelques-uns de ses rameaux les plus vivaces. Si le malheur voulait que les Juifs fussent chass?s d’Europe, elle en resterait appauvrie d’intelligence et d’action, jusqu’au risque de la faillite compl?te. Chez nous particuli?rement, dans l’?tat de la vitalit? fran?aise, leur expulsion serait pour la nation une saign?e plus meurtri?re encore que l’expulsion des protestants au XVIIe si?cle. – Sans doute, ils tiennent, en ce moment, une place sans proportion avec leur valeur r?elle. Ils abusent de l’anarchie politique et morale d’aujourd’hui, qu’ils ne contribuent pas peu ? accro?tre, par go?t naturel, et parce qu’ils s’y trouvent bien. Les meilleurs, comme cet excellent Mooch, ont le tort d’identifier sinc?rement les destin?es de la France avec leurs r?ves juifs, qui nous sont souvent plus dangereux qu’utiles. Mais on ne peut leur en vouloir de ce qu’ils r?vent de faire la France ? leur image: c’est qu’ils l’aiment. Si leur amour est redoutable, nous n’avons qu’? nous d?fendre et ? les tenir ? leur rang, qui est, chez nous, le second. Non que je croie leur race inf?rieure ? la n?tre: – (ces questions de supr?matie de races sont niaises et d?go?tantes.) – Mais il est inadmissible qu’une race ?trang?re, qui ne s’est pas encore fondue avec la n?tre, ait la pr?tention de conna?tre mieux ce qui nous convient, que nous-m?mes. Elle se trouve bien en France: j’en suis fort aise; mais qu’elle n’aspire point ? en faire une Jud?e! Un gouvernement intelligent et fort, qui saurait tenir les Juifs ? leur place, ferait d’eux un des plus utiles instruments de la grandeur fran?aise; et il leur rendrait service, autant qu’? nous. Ces ?tres hypernerveux, agit?s et incertains, ont besoin d’une loi qui les tienne et d’un ma?tre sans faiblesse, mais juste, qui les mate. Les Juifs sont comme les femmes: excellents, quand on les tient en bride; mais leur domination, ? celles-ci et ? ceux-l?, est ex?crable; et ceux qui s’y soumettent donnent un spectacle ridicule.

*

Malgr? leur mutuel amour et l’intuition qu’il leur donnait de l’?me de l’ami, il y avait en eux des choses que Christophe et Olivier n’arrivaient pas ? bien comprendre, et qui m?me les choquaient. Dans les premiers temps de l’amiti?, o? chacun fait effort pour ne laisser subsister de lui que ce qui ressemble ? son ami, ils ne s’en aper?urent pas. Mais peu ? peu l’image des deux races revint flotter ? la surface. Ils eurent de petits froissements, que leur tendresse ne r?ussissait pas toujours ? ?viter.

Ils s’?garaient dans des malentendus. L’esprit d’Olivier ?tait un m?lange de foi, de libert?, de passion, d’ironie, de doute universel, dont Christophe ne parvenait pas ? saisir la formule. Olivier, de son c?t?, ?tait choqu? du manque de psychologie de Christophe; son aristocratie de vieille race intellectuelle souriait de la maladresse de cet esprit vigoureux, mais lourd et tout d’une pi?ce, qui ne savait pas s’analyser, et qui ?tait la dupe des autres et de soi. La sentimentalit? de Christophe, ses effusions bruyantes, sa facilit? d’?motion, semblaient ? Olivier quelquefois aga?antes et m?me l?g?rement ridicules. Sans parler d’un certain culte de la force, de cette conviction allemande en l’excellence morale du poing, Faustrecht , dont Olivier et son peuple avaient de bonnes raisons pour n’?tre pas persuad?s.

Et Christophe ne pouvait souffrir l’ironie d’Olivier, qui l’irritait souvent jusqu’? la fureur; il ne pouvait souffrir sa manie de raisonner, son analyse perp?tuelle, je ne sais quelle immoralit? intellectuelle, surprenante chez un homme aussi ?pris qu’Olivier de la puret? morale, et qui avait sa source dans la largeur de son intelligence: car elle r?pugnait ? toute n?gation, et se plaisait au spectacle des pens?es oppos?es. Olivier regardait les choses, d’un point de vue en quelque sorte historique, panoramique; il avait un tel besoin de tout comprendre qu’il voyait ? la fois le pour et le contre; et il les soutenait tour ? tour, suivant qu’on soutenait devant lui la th?se oppos?e; il finissait par se perdre lui-m?me dans ses contradictions. ? plus forte raison, d?routait-il Christophe. Cependant, ce n’?tait chez lui ni d?sir de contredire, ni penchant au paradoxe; c’?tait une n?cessit? imp?rieuse de justice et de bon sens: il ?tait froiss? par la sottise de tout parti pris; et il lui fallait r?agir. La fa?on crue dont Christophe jugeait les actes et les hommes immoraux, en grossissant la r?alit?, choquait Olivier, qui, bien qu’aussi pur, n’?tait pas du m?me acier inflexible, mais se laissait tenter, teinter, toucher par les influences ext?rieures. Il protestait contre les exag?rations de Christophe, et il exag?rait en sens inverse. Journellement, ce travers d’esprit le conduisait ? soutenir contre ses amis la cause de ses adversaires. Christophe se f?chait. Il reprochait ? Olivier ses sophismes et son indulgence. Olivier souriait: il savait bien quelle absence d’illusions recouvrait cette indulgence; il savait que Christophe croyait ? beaucoup plus de choses que lui, et qu’il les acceptait mieux! Mais Christophe, sans regarder ni ? droite ni ? gauche, fon?ait, comme un sanglier. Il en avait surtout ? la «bont?» parisienne.

– Le grand argument dont ils sont si fiers pour «pardonner» aux gredins, c’est, disait-il, que les gredins sont assez malheureux de l’?tre, ou qu’ils sont irresponsables… Mais d’abord, il n’est pas vrai que ceux qui font le mal soient malheureux. C’est l? une id?e de morale en action, de m?lodrames niais, d’optimisme stupide, comme celui qui s’?tale b?atement dans Scribe et dans Capus, – (Scribe et Capus, vos grands hommes parisiens, les artistes dont est digne votre soci?t? de bourgeois jouisseurs, hypocrites, enfantins, trop l?ches pour oser regarder en face leur bassesse)… Un gredin peut tr?s bien ?tre un homme heureux. Il a m?me les plus grandes chances pour l’?tre. Et quant ? son irresponsabilit?, c’est une autre sottise. Ayez donc le courage de reconna?tre que la Nature ?tant indiff?rente au bien et au mal, et par l? m?me m?chante, un homme peut ?tre criminel et parfaitement sain. La vertu n’est pas une chose naturelle. Elle est l’?uvre de l’homme. Qu’il la d?fende! La soci?t? humaine a ?t? b?tie par une poign?e d’?tres plus forts et plus grands. Leur devoir est de ne pas laisser entamer leur ouvrage h?ro?que par la racaille au c?ur de chien.

Ces pens?es n’?taient pas, au fond, tr?s diff?rentes de celles d’Olivier; mais, par un secret instinct d’?quilibre, il ne se sentait jamais aussi dilettante que quand il entendait des paroles de combat.

– Ne t’agite donc pas, ami, disait-il ? Christophe. Laisse le monde mourir. Comme les compagnons du D?cam?ron [9] , respirons en paix les jardins embaum?s de la pens?e, tandis qu’autour de la colline de cypr?s, enguirland?s de roses, Florence est d?vast?e par la peste noire.

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