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Les Pardaillan – Livre VII – Le Fils De Pardaillan – Volume I

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Les Pardaillan – Livre VII – Le Fils De Pardaillan – Volume I
Название: Les Pardaillan – Livre VII – Le Fils De Pardaillan – Volume I
Автор: Z?vaco Michel
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Pardaillan – Livre VII – Le Fils De Pardaillan – Volume I - читать бесплатно онлайн , автор Z?vaco Michel

Nous sommes ? Paris en 1609. Henri IV r?gne, sous la menace permanente des attentats. Le chevalier de Pardaillan, qui n'a pas retrouv? son fils, rencontre un jeune truand, Jehan-le-Brave, en qui il ne tarde pas ? reconna?tre l'enfant de Fausta. Or, Jehan-le-Brave, qui ignore tout de ses origines, est amoureux de Bertille de Saugis, fille naturelle d'Henri IV. Pour prot?ger sa bien-aim?e et le p?re de celle-ci, c'est-?-dire le roi, il entre en conflit avec tous ceux qui complotent sa mort: Concini et son ?pouse, L?onora Galiga?, Aquaviva, le sup?rieur des j?suites qui a recrut? un agent pour ses intentions criminelles, le pauvre Ravaillac. Le chevalier de Pardaillan s'engage dans la lutte aux c?t?s de son fils, aussi bien pour l'observer que pour prot?ger le roi. Or, Fausta jadis avait cach? ? Montmartre un fabuleux tr?sor que tout le monde convoite, les j?suites, les Concini, et m?me le ministre du roi Sully. Seule Bertille conna?t par hasard le secret de cette cachette, ainsi que le chevalier de Pardaillan…

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XXXI

En sortant de la petite maison de Concini, Saêtta se demanda ce qu’il allait faire.

– Voilà, se disait-il en marchant, Jehan, par suite de circonstances heureuses que j’ignore, a-t-il réussi à s’échapper? Ou bien, suis-je arrivé trop tard: Concini l’ayant frappé et s’étant débarrassé du cadavre? Toute la question est là. Libre, Jehan rentrera chez lui. Donc, je dois aller l’attendre là. Et si Concini m’a ravi ma vengeance… (il grinça des dents), je crois que la signora pourra préparer ses vêtements de veuve.

Sa résolution prise, il quitta son allure indécise et s’achemina vers le logis de Jehan, chez lequel il monta délibérément.

Escargasse ne l’avait pas perdu de vue. Quand il le vit s’engouffrer dans l’allée, il jugea sa mission terminée. Il prit ses jambes à son cou et fila vivement vers l’hôtellerie du Grand-Passe-Partout.

Jehan avait négligé de fermer sa porte à clé. Saêtta entra après avoir frappé deux coups rudes, restés sans réponse.

Le mobilier, qu’il connaissait, était des plus rudimentaires. Il se composait d’une table, de deux chaises, d’un coffre qui servait en même temps de buffet, d’une étroite couchette et – la pièce la plus somptueuse – d’un grand fauteuil en assez bon état.

Dans la cheminée, relativement petite, quelques ustensiles de cuisine: une poêle, un gril, un coquemar [16] , attestaient que le maître de céans ne dédaignait pas, le cas échéant, de préparer lui-même ses repas. Ce qu’il faisait, en effet, les jours où sa bourse trop plate lui interdisait d’aller au cabaret.

Il se vantait même, non sans orgueil, de n’avoir pas son pareil pour faire sauter une omelette. Ce qui, malgré son apparente simplicité, n’est pas une opération aussi facile à réussir que bien des gens se l’imaginent.

Saêtta avait faim. Il fouilla le coffre-buffet. Il n’y trouva pas le moindre croûton à se mettre sous la dent. Mais il y avait quelques flacons qui lui parurent d’apparence assez vénérable. Il en prit un, s’installa dans le fauteuil et attendit patiemment en vidant son gobelet à petits coups.

La nuit était venue et il avait négligé d’allumer la lampe. Il se trouvait mieux dans l’obscurité pour rêver à son aise. Neuf heures venaient de sonner à Saint-Germain-l’Auxerrois, proche, lorsqu’il entendit résonner dans l’escalier un pas qu’il reconnut aussitôt. Un sourire éclaira sa rude physionomie, et, tout joyeux, il s’écria:

– C’est lui!

Impatient, il courut sur le palier, et penché dans le noir, il demanda:

– C’est toi, mon fils?

– Oui, fit une voix brève. C’était Jehan, en effet.

Le coup qu’il avait reçu en apprenant la disparition de Bertille, qu’il croyait si bien en sûreté, l’avait tout d’abord atterré. Mais il était de ces natures énergiques que le malheur semble stimuler au lieu de les abattre. D’ailleurs, c’était un combatif, la lutte était son élément. Et dans la lutte, il ne perdait jamais le sang-froid.

Pardaillan, qui l’observait à la dérobée, le vit soudain très maître de soi. Seulement, la teinte livide qui s’était répandue sur son visage persistait. Ses magnifiques yeux noirs brillaient d’un éclat fiévreux. Les narines demeuraient pincées.

De l’interrogatoire serré que Pardaillan et Jehan firent subir au majordome, ils ne purent tirer rien de plus que ceci: Bertille était partie avec une vieille paysanne avec laquelle elle avait eu un entretien secret.

Qui était cette vieille? Qu’avait-elle dit à la jeune fille? Où l’avait-elle conduite? Autant de questions qui demeuraient encore à l’état de mystère.

Pardaillan, qui avait entendu la Galigaï se vanter d’avoir fait enlever la jeune fille, se disait que cette vieille paysanne devait être une émissaire de la femme de Concini. Il n’en savait pas plus long et, comme Jehan, il cherchait.

Il ignorait que Léonora avait menti en prenant à son compte une action que l’évêque de Luçon prétendait, de son côté, avoir fait accomplir. Mais Richelieu, dans cette affaire, n’avait fait que suivre les indications du père Joseph. Il avait donc menti, lui aussi.

Enfin, si on se rappelle que frère Parfait Goulard, comme par hasard, s’était, dès leurs premiers pas dans la rue, trouvé sur le chemin de Bertille et de Marie-Ange, on n’aura pas de peine à comprendre d’où venait le coup.

Tout ceci était un peu trop compliqué pour que Pardaillan pût le démêler en quelques minutes. Nous devons dire qu’il se demanda un moment s’il ne ferait pas bien de répéter ce qu’il avait entendu concernant Bertille. Mais il réfléchit que cela pouvait l’entraîner plus loin qu’il ne voulait et il y renonça.

D’ailleurs, il était bien résolu à éclaircir l’affaire. Par sympathie pour les deux jeunes gens, d’abord. Ensuite, parce qu’il n’oubliait pas que la jeune fille était persécutée uniquement à cause des papiers qu’on savait en sa possession. Or, comme ces papiers lui étaient destinés et l’intéressaient tout particulièrement, avec sa logique spéciale, il en concluait qu’il était la cause indirecte de cette persécution. Par conséquent, il se devait à lui-même de réparer le mal, en dehors de toute considération de sympathie.

Parce que Bertille avait déclaré qu’elle serait de retour avant la nuit, Jehan ne voulait pas quitter l’hôtel du duc d’Andilly tant que la nuit ne fût pas tombée. Pardaillan pensait bien qu’elle ne rentrerait pas. Mais il ne dit rien et attendit patiemment avec lui.

Jehan dut se rendre à l’évidence. Ils partirent. Dans la rue, il marcha silencieusement, les dents serrées, à côté de Pardaillan, préoccupé lui-même. En sorte que lorsqu’ils arrivèrent à l’hôtellerie du Grand-Passe-Partout, ils n’avaient pas échangé quatre paroles.

À l’auberge, ils retrouvèrent Escargasse, Gringaille et Carcagne qui les attendaient sans impatience, attendu qu’ils pouvaient tuer le temps en vidant force flacons et en jouant aux dés. Ce qu’ils faisaient très consciencieusement.

– Eh bien, demanda Jehan, l’homme est-il venu? Qui est-ce? Escargasse, à qui s’adressait la question, répondit avec un gros rire, et comme s’il pensait qu’on lui avait bien inutilement infligé une fastidieuse corvée:

– S’il est venu? Je comprends! Qui c’était? Votre père… pas moins!

À ces derniers mots, Jehan fronça imperceptiblement le sourcil et regarda le Provençal de travers. Il ne lui fit aucune observation cependant et se contenta de demander:

– Où est-il allé?

– Chez vous, fit Escargasse.

Et naïvement, sans en chercher plus long, il ajouta:

– Il est inquiet, cet homme… C’est facile à comprendre.

Jehan tressaillit et demeura un moment les yeux dans le vague. Il se secoua comme pour chasser des pensées importunes et, se tournant vers Pardaillan, il l’interrogea du regard.

Le chevalier avait entendu. Lui aussi, il avait tressailli à la première réponse d’Escargasse. Et il avait saisi au passage le coup d’œil de Jehan, de même qu’il avait surpris son tressaillement. Et il avait observé sa courte rêverie. À la question muette du jeune homme, il répondit par une question, comme si un doute s’était levé dans son esprit:

– Ainsi, c’était votre père?

– Il paraît, répondit Jehan avec un haussement d’épaules rageur.

– En ce cas, dit gravement Pardaillan, mes soupçons étaient mal fondés. Et je regrette sincèrement de vous en avoir fait part.

– Mais enfin, insista Jehan, qu’aviez-vous supposé? Ne pouvez-vous me le dire?

– À quoi bon? fit Pardaillan, subitement froid. Il est évident que je me suis trompé… puisqu’il s’agit de monsieur votre père.

Jehan fut sur le point de crier: «Ce n’est pas mon père!» Il se tut. Pourquoi? Il n’aurait su le dire. Il prit la main de Pardaillan, la serra dans les siennes et, d’un ton pénétré:

– Vous m’excuserez, monsieur, de ne pas vous remercier comme je le devrais… Mais, vous le voyez, je n’ai pas bien la tête à moi.

Pardaillan le considéra longuement; il se sentit ému de compassion et il hocha doucement la tête comme pour dire: «Je le vois bien.»

En effet, Jehan paraissait calme. Il s’efforçait même de sourire. Mais sa pâleur persistait plus effrayante et il y avait de l’égarement au fond de ses prunelles dilatées. L’effort qu’il faisait pour ne pas crier son désespoir et refouler ses sanglots devait être formidable et l’écrasait. Pardaillan le comprit. Ce qu’il fallait à ce jeune homme, c’était la solitude, où il pourrait du moins se décharger de l’abominable contrainte.

Il chercha un prétexte plausible de le renvoyer chez lui et crut l’avoir trouvé. Il dit, avec douceur:

– Allez, mon enfant, il ne faut pas faire attendre votre père, qui s’inquiète… on vous l’a dit. Et n’oubliez pas que vous me trouverez prêt à vous aider dans vos recherches.

Jehan n’entendit que la première phrase. Il eut un éclat de rire strident, qui retentit douloureusement à l’oreille du chevalier. Les trois braves, comprenant qu’il se passait quelque chose d’anormal, dressèrent l’oreille et se levèrent sans bruit, prêts à obéir sur un signe. Avec une sorte de rage concentrée, Jehan gronda:

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