Le Chevalier De Maison-Rouge
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Un des livres consacr?s par Dumas ? la R?volution Fran?aise. L'action se passe en 1793. Le jacobin Maurice Lindey, officier dans la garde civique, sauve des investigations d'une patrouille une jeune et belle inconnue, qui garde l'anonymat. Prisonni?re au Temple, o? r?gne le cordonnier Simon, ge?lier du dauphin, Marie-Antoinette re?oit un billet lui annon?ant que le chevalier de Maison-Rouge pr?pare son enl?vement…
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– Monsieur, dit-il, revêtez le costume du tanneur Morand. Je vous rends votre parole, vous êtes libre.
» Et vous, madame, dit-il à Geneviève, voilà les deux mots de passe: œillet et souterrain.
Et comme s’il eût eu horreur de rester dans la chambre où il avait prononcé ces deux mots qui le faisaient traître, il ouvrit la fenêtre et sauta de la chambre dans le jardin.
XXXI Perquisition
Maurice avait repris son poste dans le jardin, en face de la croisée de Geneviève: seulement cette croisée s’était éteinte, Geneviève étant rentrée chez le chevalier de Maison-Rouge.
Il était temps que Maurice quittât la chambre, car à peine avait-il atteint l’angle de la serre, que la porte du jardin s’ouvrit, et l’homme gris parut, suivi de Lorin et de cinq ou six grenadiers.
– Eh bien? demanda Lorin.
– Vous le voyez, dit Maurice, je suis à mon poste.
– Personne n’a tenté de forcer la consigne? dit Lorin.
– Personne, répondit Maurice, heureux d’échapper à un mensonge par la manière dont la demande avait été posée; personne! Et vous, qu’avez-vous fait?
– Nous, nous avons acquis la certitude que le chevalier de Maison-Rouge est entré dans la maison, il y a une heure, et n’en est pas sorti depuis, répondit l’homme de la police.
– Et vous connaissez sa chambre? dit Lorin.
– Sa chambre n’est séparée de la chambre de la citoyenne Dixmer que par un corridor.
– Ah! ah! dit Lorin.
– Pardieu, il n’y avait pas besoin de séparation du tout; il paraît que ce chevalier de Maison-Rouge est un gaillard.
Maurice sentit le sang lui monter à la tête; il ferma les yeux et vit mille éclairs intérieurs.
– Eh bien! mais… et le citoyen Dixmer, que disait-il de cela? demanda Lorin.
– Il trouvait que c’était bien de l’honneur pour lui.
– Voyons? dit Maurice d’une voix étranglée, que décidons-nous?
– Nous décidons, dit l’homme de la police, que nous allons le prendre dans sa chambre, et peut-être même dans son lit.
– Il ne se doute donc de rien?
– De rien absolument.
– Quelle est la disposition du terrain? demanda Lorin.
– Nous en avons un plan parfaitement exact, dit l’homme gris: un pavillon situé à l’angle du jardin, le voilà; on monte quatre marches, les voyez-vous d’ici? on se trouve sur un palier; à droite, la porte de l’appartement de la citoyenne Dixmer: c’est sans doute celui dont nous voyons la fenêtre. En face de la fenêtre, au fond, une porte donnant sur le corridor, et, dans ce corridor, la porte de la chambre du traître.
– Bien, voilà une topographie un peu soignée, dit Lorin: avec un plan comme celui-là on peut marcher les yeux bandés, à plus forte raison les yeux ouverts. Marchons donc.
– Les rues sont-elles bien gardées? demanda Maurice avec un intérêt que tous les assistants attribuèrent naturellement à la crainte que le chevalier ne s’échappât.
– Les rues, les passages, les carrefours, tout, dit l’homme gris; je défie qu’une souris passe si elle n’a point le mot d’ordre.
Maurice frissonna; tant de précautions prises lui faisaient craindre que sa trahison ne fût inutile à son bonheur.
– Maintenant, dit l’homme gris, combien demandez-vous d’hommes pour arrêter le chevalier?
– Combien d’hommes? dit Lorin. j’espère bien que Maurice et moi nous suffirons; n’est-ce pas, Maurice?
– Oui, balbutia celui-ci, certainement que nous suffirons.
– Écoutez, dit l’homme de la police, pas de forfanteries inutiles; tenez-vous à le prendre?
– Morbleu! si nous y tenons, s’écria Lorin, je le crois bien! N’est-ce pas, Maurice, qu’il faut que nous le prenions?
Lorin appuya sur ce mot. Il l’avait dit, un commencement de soupçons commençait à planer sur eux, et il ne fallait pas laisser le temps aux soupçons, lesquels marchaient si vite à cette époque-là, de prendre une plus grande consistance; or, Lorin comprenait que personne n’oserait douter du patriotisme de deux hommes qui seraient parvenus à prendre le chevalier de Maison-Rouge.
– Eh bien! dit l’homme de la police, si vous y tenez réellement, prenons plutôt avec nous trois hommes que deux, quatre que trois; le chevalier couche toujours avec une épée sous son traversin et deux pistolets sur sa table de nuit.
– Eh morbleu! dit un des grenadiers de la compagnie de Lorin, entrons tous, pas de préférence pour personne; s’il se rend, nous le mettrons en réserve pour la guillotine; s’il résiste, nous l’écharperons.
– Bien dit, fit Lorin; en avant! Passons-nous par la porte ou par la fenêtre?
– Par la porte, dit l’homme de la police; peut-être, par hasard, la clef y est-elle; tandis que si nous entrons par la fenêtre, il faudra casser quelques carreaux, et cela ferait du bruit.
– Va pour la porte, dit Lorin; pourvu que nous entrions, peu m’importe par où. Allons, sabre en main, Maurice.
Maurice tira machinalement son sabre hors du fourreau.
La petite troupe s’avança vers le pavillon. Comme l’homme gris avait indiqué que cela devait être, on rencontra les premières marches du perron, puis l’on se trouva sur le palier, puis dans le vestibule.
– Ah! s’écria Lorin joyeux, la clef est sur la porte. En effet, il avait étendu la main dans l’ombre, et, comme il l’avait dit, il avait du bout des doigts senti le froid de la clef.
– Allons, ouvre donc, citoyen lieutenant, dit l’homme gris.
Lorin fit tourner avec précaution la clef dans la serrure; la porte s’ouvrit.
Maurice essuya de sa main son front humide de sueur.
– Nous y voilà, dit Lorin.
– Pas encore, fit l’homme gris. Si nos renseignements topographiques sont exacts, nous sommes ici dans l’appartement de la citoyenne Dixmer.
– Nous pouvons nous en assurer, dit Lorin; allumons des bougies, il reste du feu dans la cheminée.
– Allumons des torches, dit l’homme gris; les torches ne s’éteignent pas comme les bougies.
Et il prit des mains d’un grenadier deux torches qu’il alluma au foyer mourant. Il en mit une à la main de Maurice, l’autre à la main de Lorin.
– Voyez-vous, dit-il, je ne me trompais pas: voici la porte qui donne dans la chambre à coucher de la citoyenne Dixmer, voilà celle qui donne sur le corridor.