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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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«Au railway! Au railway!»

Quelque événement grave devait s’être produit, qui causait toute cette agitation. Une grande catastrophe peut-être.

Glenarvan, suivi de ses compagnons, pressa le pas de son cheval. En quelques minutes, il arriva à Camden-Bridge. Là, il comprit la cause du rassemblement.

Un effroyable accident avait eu lieu, non une rencontre de trains, mais un déraillement et une chute qui rappelaient les plus graves désastres des railways américains. La rivière que traversait la voie ferrée était comblée de débris de wagons et de locomotive. Soit que le pont eût cédé sous la charge du train, soit que le convoi se fût jeté hors des rails, cinq voitures sur six avaient été précipitées dans le lit de la Lutton à la suite de la locomotive.

Seul, le dernier wagon, miraculeusement préservé par la rupture de sa chaîne, restait sur la voie à une demi-toise de l’abîme. Au-dessous, ce n’était qu’un sinistre amoncellement d’essieux noircis et faussés, de caissons défoncés, de rails tordus, de traverses calcinées. La chaudière éclatant au choc, avait projeté ses débris de plaques à d’énormes distances.

De toute cette agglomération d’objets informes sortaient encore quelques flammes et des spirales de vapeur mêlées à une fumée noire. Après l’horrible chute, l’incendie plus horrible encore! De larges traces de sang, des membres épars, des tronçons de cadavres carbonisés apparaissaient çà et là, et personne n’osait calculer le nombre de victimes entassées sous ces débris.

Glenarvan, Paganel, le major, Mangles, mêlés à la foule, écoutaient les propos qui couraient de l’un à l’autre. Chacun cherchait à expliquer la catastrophe, tandis que l’on travaillait au sauvetage.

«Le pont s’est rompu, disait celui-ci.

– Rompu! répondaient ceux-là. Il s’est si peu rompu qu’il est encore intact. On a oublié de le fermer au passage du train. Voilà tout.»

C’était, en effet, un pont tournant qui s’ouvrait pour le service de la batellerie. Le garde, par une impardonnable négligence, avait-il donc oublié de le fermer, et le convoi lancé à toute vitesse, auquel la voie venait à manquer subitement, s’était-il ainsi précipité dans le lit de la Lutton? Cette hypothèse semblait très admissible, car si une moitié du pont gisait sous les débris de wagons, l’autre moitié, ramenée sur la rive opposée, pendait encore à ses chaînes intactes. Plus de doute possible! Une incurie du garde venait de causer cette catastrophe.

L’accident était arrivé dans la nuit, à l’express N° 37, parti de Melbourne à onze heures quarante-cinq du soir. Il devait être trois heures quinze du matin, quand le train, vingt-cinq minutes après avoir quitté la station de Castlemaine, arriva au passage de Camden-Bridge et y demeura en détresse.

Aussitôt, les voyageurs et les employés du dernier wagon s’occupèrent de demander des secours; mais le télégraphe, dont les poteaux gisaient à terre, ne fonctionnait plus. Il fallut trois heures aux autorités de Castlemaine pour arriver sur le lieu du sinistre. Il était donc six heures du matin quand le sauvetage fut organisé sous la direction de M Mitchell, surveyor général de la colonie, et d’une escouade de policemen commandés par un officier de police. Les squatters et leurs gens étaient venus en aide, et travaillèrent d’abord à éteindre l’incendie qui dévorait cet amoncellement de débris avec une insurmontable activité.

Quelques cadavres méconnaissables étaient couchés sur les talus du remblai. Mais il fallait renoncer à retirer un être vivant de cette fournaise. Le feu avait rapidement achevé l’œuvre de destruction. Des voyageurs du train, dont on ignorait le nombre, dix survivaient seulement, ceux du dernier wagon.

L’administration du chemin de fer venait d’envoyer une locomotive de secours pour les ramener à Castlemaine.

Cependant, lord Glenarvan, s’étant fait connaître du surveyor général, causait avec lui et l’officier de police. Ce dernier était un homme grand et maigre, d’un imperturbable sang-froid, et qui, s’il avait quelque sensibilité dans le cœur, n’en laissait rien voir sur ses traits impassibles. Il était, devant tout ce désastre, comme un mathématicien devant un problème; il cherchait à le résoudre et à en dégager l’inconnue. Aussi, à cette parole de Glenarvan: «Voilà un grand malheur!» répondit-il tranquillement:

«Mieux que cela, mylord.

– Mieux que cela! s’écria Glenarvan, choqué de la phrase, et qu’y a-t-il de mieux qu’un malheur?

– Un crime!» répondit tranquillement l’officier de police.

Glenarvan, sans s’arrêter à l’impropriété de l’expression, se retourna vers M Mitchell, l’interrogeant du regard.

«Oui, mylord, répondit le surveyor général, notre enquête nous a conduits à cette certitude, que la catastrophe est le résultat d’un crime. Le dernier wagon des bagages a été pillé. Les voyageurs survivants ont été attaqués par une troupe de cinq à six malfaiteurs. C’est intentionnellement que le pont a été ouvert, non par négligence, et si l’on rapproche ce fait de la disparition du garde, on en doit conclure que ce misérable s’est fait le complice des criminels.»

L’officier de police, à cette déduction du surveyor général, secoua la tête.

«Vous ne partagez pas mon avis? lui demanda M Mitchell.

– Non, en ce qui regarde la complicité du garde.

– Cependant, cette complicité, reprit le surveyor général, permet d’attribuer le crime aux sauvages qui errent dans les campagnes du Murray. Sans le garde, ces indigènes n’ont pu ouvrir ce pont tournant dont le mécanisme leur est inconnu.

– Juste, répondit l’officier de police.

– Or, ajouta M Mitchell, il est constant, par la déposition d’un batelier dont le bateau a franchi Camden-Bridge à dix heures quarante du soir, que le pont a été réglementairement refermé après son passage.

– Parfait.

– Ainsi donc, la complicité du garde me paraît établie d’une façon péremptoire.»

L’officier de police secouait la tête par un mouvement continu.

«Mais alors, monsieur, lui demanda Glenarvan, vous n’attribuez point le crime aux sauvages?

– Aucunement.

– À qui, alors?»

En ce moment, une assez grande rumeur s’éleva à un demi-mille en amont de la rivière. Un rassemblement s’était formé, qui se grossit rapidement. Il arriva bientôt à la station. Au centre du rassemblement, deux hommes portaient un cadavre. C’était le cadavre du garde, déjà froid. Un coup de poignard l’avait frappé au cœur. Les assassins, en traînant son corps loin de Camden-Bridge, avaient voulu sans doute égarer les soupçons de la police pendant ses premières recherches. Or, cette découverte justifiait pleinement les doutes de l’officier. Les sauvages n’étaient pour rien dans le crime.

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