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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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Le major et Robert purent, sans s’éloigner de leurs compagnons, tirer quelques bécassines et perdrix qui se remisaient sous la basse futaie des plaines.

Olbinett, afin de gagner du temps, s’occupa de les plumer en route.

Paganel, pour son compte, moins sensible aux qualités nutritives du gibier, aurait voulu s’emparer de quelque oiseau particulier à la Nouvelle-Zélande. La curiosité du naturaliste faisait taire en lui l’appétit du voyageur. Sa mémoire, si elle ne le trompait pas, lui rappelait à l’esprit les étranges façons du «tui» des indigènes, tantôt nommé «le moqueur» pour ses ricaneries incessantes et tantôt «le curé» parce qu’il porte un rabat blanc sur son plumage noir comme une soutane.

«Ce tui, disait Paganel au major, devient tellement gras pendant l’hiver qu’il en est malade. Il ne peut plus voler. Alors, il se déchire la poitrine à coups de bec, afin de se débarrasser de sa graisse et se rendre plus léger. Cela ne vous paraît-il pas singulier, Nabbs?

– Tellement singulier, répondit le major, que je n’en crois pas le premier mot!»

Et Paganel, à son grand regret, ne put s’emparer d’un seul échantillon de ces oiseaux et montrer à l’incrédule major les sanglantes scarifications de leur poitrine.

Mais il fut plus heureux avec un animal bizarre, qui, sous la poursuite de l’homme, du chat et du chien, a fui vers les contrées inhabitées et tend à disparaître de la faune zélandaise. Robert, furetant comme un véritable furet, découvrit dans un nid formé de racines entrelacées une paire de poules sans ailes et sans queue, avec quatre orteils aux pieds, un long bec de bécasse et une chevelure de plumes blanches sur tout le corps. Animaux étranges, qui semblaient marquer la transition des ovipares aux mammifères.

C’était le «kiwi» zélandais, «l’aptérix australis» des naturalistes, qui se nourrit indifféremment de larves, d’insectes, de vers ou de semences. Cet oiseau est spécial au pays. À peine a-t-on pu l’introduire dans les jardins zoologiques d’Europe. Ses formes à demi ébauchées, ses mouvements comiques, ont toujours attiré l’attention des voyageurs, et pendant la grande exploration en Océanie de l’Astrolabe et de la Zélée, Dumont-d’Urville fut principalement chargé par l’académie des sciences de rapporter un spécimen de ces singuliers oiseaux. Mais, malgré les récompenses promises aux indigènes, il ne put se procurer un seul kiwi vivant.

Paganel, heureux d’une telle bonne fortune, lia ensemble ses deux poules et les emporta bravement avec l’intention d’en faire hommage au jardin des plantes de Paris. «Donné par M Jacques Paganel», il lisait déjà cette séduisante inscription sur la plus belle cage de l’établissement, le confiant géographe!

Cependant, la petite troupe descendait sans fatigue les rives du Waipa. La contrée était déserte; nulle trace d’indigènes, nul sentier qui indiquât la présence de l’homme dans ces plaines. Les eaux de la rivière coulaient entre de hauts buissons ou glissaient sur des grèves allongées. Le regard pouvait alors errer jusqu’aux petites montagnes qui fermaient la vallée dans l’est. Avec leurs formes étranges, leurs profils noyés dans une brume trompeuse, elles ressemblaient à des animaux gigantesques, dignes des temps antédiluviens. On eût dit tout un troupeau d’énormes cétacés, saisis par une subite pétrification. Un caractère essentiellement volcanique se dégageait de ces masses tourmentées. La Nouvelle-Zélande n’est, en effet, que le produit récent d’un travail plutonien. Son émersion au-dessus des eaux s’accroît sans cesse. Certains points se sont exhaussés d’une toise depuis vingt ans.

Le feu court encore à travers ses entrailles, la secoue, la convulsionne, et s’échappe en maint endroit par la bouche des geysers et le cratère des volcans.

À quatre heures du soir, neuf milles avaient été gaillardement enlevés. Suivant la carte que Paganel consultait incessamment, le confluent du Waipa et du Waikato devait se rencontrer à moins de cinq milles. Là, passait la route d’Auckland. Là, le campement serait établi pour la nuit. Quant aux cinquante milles qui les séparaient de la capitale, deux ou trois jours suffisaient à les franchir, et huit heures, au plus, si Glenarvan rencontrait la malle-poste, qui fait un service bi-mensuel entre Auckland et la baie Hawkes.

«Ainsi, dit Glenarvan, nous serons encore forcés de camper pendant la nuit prochaine?

– Oui, répondit Paganel, mais, je l’espère, pour la dernière fois.

– Tant mieux, car ce sont là de dures épreuves pour lady Helena et Mary Grant.

– Et elles les supportent sans se plaindre, ajouta John Mangles. Mais, si je ne me trompe, Monsieur Paganel, vous aviez parlé d’un village situé au confluent des deux rivières.

– Oui, répondit le géographe, le voici marqué sur la carte de Johnston. C’est Ngarnavahia, à deux milles environ au-dessous du confluent.

– Eh bien! Ne pourrait-on s’y loger pour la nuit? Lady Helena et miss Grant n’hésiteraient pas à faire deux milles de plus pour trouver un hôtel à peu près convenable.

– Un hôtel! s’écria Paganel, un hôtel dans un village maori! Mais pas même une auberge, ni un cabaret! Ce village n’est qu’une réunion de huttes indigènes, et loin d’y chercher asile, mon avis est de l’éviter prudemment.

– Toujours vos craintes, Paganel! dit Glenarvan.

– Mon cher lord, mieux vaut défiance que confiance avec les maoris. Je ne sais dans quels termes ils sont avec les anglais, si l’insurrection est comprimée ou victorieuse, si nous ne tombons pas en pleine guerre. Or, modestie à part, des gens de notre qualité seraient de bonne prise, et je ne tiens pas à tâter malgré moi de l’hospitalité zélandaise. Je trouve donc sage d’éviter ce village de Ngarnavahia, de le tourner, de fuir toute rencontre des indigènes. Une fois à Drury, ce sera différent, et là, nos vaillantes compagnes se referont à leur aise des fatigues du voyage.»

L’opinion du géographe prévalut. Lady Helena préféra passer une dernière nuit en plein air et ne pas exposer ses compagnons. Ni Mary Grant ni elle ne demandèrent à faire halte, et elles continuèrent à suivre les berges de la rivière.

Deux heures après, les premières ombres du soir commençaient à descendre des montagnes. Le soleil, avant de disparaître sous l’horizon de l’occident, avait profité d’une subite trouée de nuages pour darder quelques rayons tardifs. Les sommets éloignés de l’est s’empourprèrent des derniers feux du jour.

Ce fut comme un rapide salut à l’adresse des voyageurs.

Glenarvan et les siens hâtèrent le pas. Ils connaissaient la brièveté du crépuscule sous cette latitude déjà élevée, et combien se fait vite cet envahissement de la nuit. Il s’agissait d’atteindre le confluent des deux rivières avant l’obscurité profonde. Mais un épais brouillard se leva de terre et rendit très difficile la reconnaissance de la route.

Heureusement, l’ouïe remplaça la vue, que les ténèbres rendaient inutile. Bientôt un murmure plus accentué des eaux indiqua la réunion des deux fleuves dans un même lit. À huit heures, la petite troupe arrivait à ce point où le Waipa se perd dans le Waikato, non sans quelques mugissements des ondes heurtées.

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