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Les Enfants Du Capitaine Grant

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Les Enfants Du Capitaine Grant
Название: Les Enfants Du Capitaine Grant
Автор: Verne Jules
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Enfants Du Capitaine Grant - читать бесплатно онлайн , автор Verne Jules

Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…

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Ce coup terrible avait frappé lord Glenarvan au moment où il allait atteindre le port si désiré d’Auckland et se rapatrier en Europe. Cependant, à considérer son visage froid et calme, on n’aurait pu deviner l’excès de ses angoisses. C’est que Glenarvan, dans les circonstances graves, se montrait à la hauteur de ses infortunes. Il sentait qu’il devait être la force, l’exemple de sa femme et de ses compagnons, lui, l’époux, le chef; prêt d’ailleurs à mourir le premier pour le salut commun quand les circonstances l’exigeraient. Profondément religieux, il ne voulait pas désespérer de la justice de Dieu en face de la sainteté de son entreprise, et, au milieu des périls accumulés sur sa route, il ne regretta pas l’élan généreux qui l’avait entraîné jusque dans ces sauvages pays.

Ses compagnons étaient dignes de lui; ils partageaient ses nobles pensées, et, à voir leur physionomie tranquille et fière, on ne les eût pas crus entraînés vers une suprême catastrophe. D’ailleurs, par un commun accord et sur le conseil de Glenarvan, ils avaient résolu d’affecter une indifférence superbe devant les indigènes. C’était le seul moyen d’imposer à ces farouches natures. Les sauvages, en général, et particulièrement les maoris, ont un certain sentiment de dignité dont ils ne se départissent jamais. Ils estiment qui se fait estimer par son sang-froid et son courage.

Glenarvan savait qu’en agissant ainsi, il épargnait à ses compagnons et à lui d’inutiles mauvais traitements.

Depuis le départ du campement, les indigènes, peu loquaces comme tous les sauvages, avaient à peine parlé entre eux. Cependant, à quelques mots échangés, Glenarvan reconnut que la langue anglaise leur était familière. Il résolut donc d’interroger le chef zélandais sur le sort qui leur était réservé.

S’adressant à Kai-Koumou, il lui dit d’une voix exempte de toute crainte:

«Où nous conduis-tu, chef?»

Kai-Koumou le regarda froidement sans lui répondre.

«Que comptes-tu faire de nous?» reprit Glenarvan.

Les yeux de Kai-Koumou brillèrent d’un éclair rapide, et d’une voix grave, il répondit alors:

«T’échanger, si les tiens veulent de toi; te tuer, s’ils refusent.»

Glenarvan n’en demanda pas davantage, mais l’espoir lui revint au cœur. Sans doute, quelques chefs de l’armée maorie étaient tombés aux mains des anglais, et les indigènes voulaient tenter de les reprendre par voie d’échange. Il y avait donc là une chance de salut, et la situation n’était pas désespérée.

Cependant, le canot remontait rapidement le cours du fleuve. Paganel, que la mobilité de son caractère emportait volontiers d’un extrême à l’autre, avait repris tout espoir. Il se disait que les maoris leur épargnaient la peine de se rendre aux postes anglais, et que c’était autant de gagné. Donc, tout résigné à son sort, il suivait sur sa carte le cours du Waikato à travers les plaines et les vallées de la province. Lady Helena et Mary Grant, comprimant leurs terreurs, s’entretenaient à voix basse avec Glenarvan, et le plus habile physionomiste n’eût pas surpris sur leurs visages les angoisses de leur cœur.

Le Waikato est le fleuve national de la Nouvelle-Zélande. Les maoris en sont fiers et jaloux, comme les allemands du Rhin et les slaves du Danube. Dans son cours de deux cents milles, il arrose les plus belles contrées de l’île septentrionale, depuis la province de Wellington jusqu’à la province d’Auckland. Il a donné son nom à toutes ces tribus riveraines qui, indomptables et indomptées, se sont levées en masse contre les envahisseurs.

Les eaux de ce fleuve sont encore à peu près vierges de tout sillage étranger. Elles ne s’ouvrent que devant la proue des pirogues insulaires. C’est à peine si quelque audacieux touriste a pu s’aventurer entre ces rives sacrées. L’accès du haut Waikato paraît être interdit aux profanes européens.

Paganel connaissait la vénération des indigènes pour cette grande artère zélandaise. Il savait que les naturalistes anglais et allemands ne l’avaient guère remonté au delà de sa jonction avec le Waipa.

Jusqu’où le bon plaisir de Kai-Koumou allait-il entraîner ses captifs? Il n’aurait pu le deviner, si le mot «taupo», fréquemment répété entre le chef et ses guerriers, n’eût éveillé son attention.

Il consulta sa carte et vit que ce nom de taupo s’appliquait à un lac célèbre dans les annales géographiques, et creusé sur la portion la plus montagneuse de l’île, à l’extrémité méridionale de la province d’Auckland. Le Waikato sort de ce lac, après l’avoir traversé dans toute sa largeur. Or, du confluent au lac, le fleuve se développe sur un parcours de cent vingt milles environ.

Paganel, s’adressant en français à John Mangles pour ne pas être compris des sauvages, le pria d’estimer la vitesse du canot. John la porta à trois milles à peu près par heure.

«Alors, répondit le géographe, si nous faisons halte pendant la nuit, notre voyage jusqu’au lac durera près de quatre jours.

– Mais les postes anglais, où sont-ils situés? demanda Glenarvan.

– Il est difficile de le savoir! répondit Paganel. Cependant la guerre a dû se porter dans la province de Taranaki, et, selon toute probabilité, les troupes sont massées du côté du lac, au revers des montagnes, là où s’est concentré le foyer de l’insurrection.

– Dieu le veuille!» dit lady Helena.

Glenarvan jeta un triste regard sur sa jeune femme, sur Mary Grant, exposées à la merci de ces farouches indigènes et emportées dans un pays sauvage, loin de toute intervention humaine. Mais il se vit observé par Kai-Koumou, et, par prudence, ne voulant pas lui laisser deviner que l’une des captives fût sa femme, il refoula ses pensées dans son cœur et observa les rives du fleuve avec une parfaite indifférence.

L’embarcation, à un demi-mille au-dessus du confluent, avait passé sans s’arrêter devant l’ancienne résidence du roi Potatau. Nul autre canot ne sillonnait les eaux du fleuve. Quelques huttes, longuement espacées sur les rives, témoignaient par leur délabrement des horreurs d’une guerre récente.

Les campagnes riveraines semblaient abandonnées, les bords du fleuve étaient déserts. Quelques représentants de la famille des oiseaux aquatiques animaient seuls cette triste solitude. Tantôt, le «taparunga», un échassier aux ailes noires, au ventre blanc, au bec rouge, s’enfuyait sur ses longues pattes. Tantôt, des hérons de trois espèces, le «matuku» cendré, une sorte de butor à mine stupide, et le magnifique «kotuku», blanc de plumage, jaune de bec, noir de pieds, regardaient paisiblement passer l’embarcation indigène. Où les berges déclives accusaient une certaine profondeur de l’eau, le martin-pêcheur, le «kotaré» des maoris, guettait ces petites anguilles qui frétillent par millions dans les rivières zélandaises. Où les buissons s’arrondissaient au-dessus du fleuve, des huppes très fières, des rallecs et des poules sultanes faisaient leur matinale toilette sous les premiers rayons du soleil. Tout ce monde ailé jouissait en paix des loisirs que lui laissait l’absence des hommes chassés ou décimés par la guerre.

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