Les Enfants Du Capitaine Grant
Les Enfants Du Capitaine Grant читать книгу онлайн
Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала
– Et ce choc?… Demanda Glenarvan.
– Il eut lieu en 1860, répondit Paganel, dans la province de Taranaki, sur la côte sud-ouest d’Ika-Na-Maoui. Un indigène possédait six cents acres de terre dans le voisinage de New-Plymouth. Il les vendit au gouvernement anglais. Mais quand les arpenteurs se présentèrent pour mesurer le terrain vendu, le chef Kingi protesta, et, au mois de mars, il construisit sur les six cents acres en litige un camp défendu par de hautes palissades. Quelques jours après, le colonel Gold enleva ce camp à la tête de ses troupes, et, ce jour même, fut tiré le premier coup de feu de la guerre nationale.
– Les maoris sont-ils nombreux? demanda John Mangles.
– La population maorie a été bien réduite depuis un siècle, répondit le géographe. En 1769, Cook l’estimait à quatre cent mille habitants. En 1845, le recensement du protectorat indigène l’abaissait à cent neuf mille. Les massacres civilisateurs, les maladies et l’eau de feu l’ont décimée; mais dans les deux îles il reste encore quatre-vingt-dix mille naturels, dont trente mille guerriers qui tiendront longtemps en échec les troupes européennes.
– La révolte a-t-elle réussi jusqu’à ce jour? dit lady Helena.
– Oui, madame, et les anglais eux-mêmes ont souvent admiré le courage des néo-zélandais. Ceux-ci font une guerre de partisans, tentent des escarmouches, se ruent sur les petits détachements, pillent les domaines des colons. Le général Cameron ne se sentait pas à l’aise dans ces campagnes dont il fallait battre tous les buissons. En 1863, après une lutte longue et meurtrière, les maoris occupaient une grande position fortifiée sur le haut Waikato, à l’extrémité d’une chaîne de collines escarpées, et couverte par trois lignes de défense.
» Des prophètes appelaient toute la population maorie à la défense du sol et promettaient l’extermination des «pakeka», c’est-à-dire des blancs. Trois mille hommes se disposaient à la lutte sous les ordres du général Cameron, et ne faisaient plus aucun quartier aux maoris, depuis le meurtre barbare du capitaine Sprent. De sanglantes batailles eurent lieu.
» Quelques-unes durèrent douze heures, sans que les maoris cédassent aux canons européens. C’était la farouche tribu des Waikatos, sous les ordres de William Thompson, qui formait le noyau de l’armée indépendante. Ce général indigène commanda d’abord à deux mille cinq cents guerriers, puis à huit mille.
» Les sujets de Shongi et de Heki, deux redoutables chefs, lui vinrent en aide. Les femmes, dans cette guerre sainte, prirent part aux plus rudes fatigues.
» Mais le bon droit n’a pas toujours les bonnes armes. Après des combats meurtriers, le général Cameron parvint à soumettre le district du Waikato, un district vide et dépeuplé, car les maoris lui échappèrent de toutes parts. Il y eut d’admirables faits de guerre. Quatre cents maoris enfermés dans la forteresse d’Orakan, assiégés par mille anglais sous les ordres du brigadier général Carey, sans vivres, sans eau, refusèrent de se rendre. Puis, un jour, en plein midi, ils se frayèrent un chemin à travers le 40e régiment décimé, et se sauvèrent dans les marais.
– Mais la soumission du district de Waikato, demanda John Mangles, a-t-elle terminé cette sanglante guerre?
– Non, mon ami, répondit Paganel. Les anglais ont résolu de marcher sur la province de Taranaki et d’assiéger Mataitawa, la forteresse de William Thompson. Mais ils ne s’en empareront pas sans des pertes considérables. Au moment de quitter Paris, j’avais appris que le gouverneur et le général venaient d’accepter la soumission des tribus Taranga, et qu’ils leur laissaient les trois quarts de leurs terres. On disait aussi que le principal chef de la rébellion, William Thompson, songeait à se rendre; mais les journaux australiens n’ont point confirmé cette nouvelle; au contraire. Il est donc probable qu’en ce moment même la résistance s’organise avec une nouvelle vigueur.
– Et suivant votre opinion, Paganel, dit Glenarvan, cette lutte aurait pour théâtre les provinces de Taranaki et d’Auckland.
– Je le pense.
– Cette province même où nous a jetés le naufrage du Macquarie?
– Précisément. Nous avons pris terre à quelques milles au-dessus du havre Kawhia, où doit flotter encore le pavillon national des maoris.
– Alors, nous ferons sagement de remonter vers le nord, dit Glenarvan.
– Très sagement, en effet, répondit Paganel. Les néo-zélandais sont enragés contre les européens, et particulièrement contre les anglais. Donc, évitons de tomber entre leurs mains.
– Peut-être rencontrerons-nous quelque détachement de troupes européennes? dit lady Helena. Ce serait une bonne fortune.
– Peut-être, madame, répondit le géographe, mais je ne l’espère pas. Les détachements isolés ne battent pas volontiers la campagne, quand le moindre buisson, la plus frêle broussaille cache un tirailleur habile. Je ne compte donc point sur une escorte des soldats du 40e régiment. Mais quelques missions sont établies sur la côte ouest que nous allons suivre, et nous pouvons facilement faire des étapes de l’une à l’autre jusqu’à Auckland. Je songe même à rejoindre cette route que M De Hochstetter a parcourue en suivant le cours du Waikato.
– Était-ce un voyageur, Monsieur Paganel? demanda Robert Grant.
– Oui, mon garçon, un membre de la commission scientifique embarquée à bord de la frégate autrichienne la Novara pendant son voyage de circumnavigation en 1858.
– Monsieur Paganel, reprit Robert, dont les yeux s’allumaient à la pensée des grandes expéditions géographiques, la Nouvelle-Zélande a-t-elle des voyageurs célèbres comme Burke et Stuart en Australie?
– Quelques-uns, mon enfant, tels que le docteur Hooker, le professeur Brizard, les naturalistes Dieffenbach et Julius Haast; mais, quoique plusieurs d’entre eux aient payé de la vie leur aventureuse passion, ils sont moins célèbres que les voyageurs australiens ou africains.
– Et vous connaissez leur histoire? demanda le jeune Grant.
– Parbleu, mon garçon, et comme je vois que tu grilles d’en savoir autant que moi, je vais te la dire.
– Merci, Monsieur Paganel, je vous écoute.
– Et nous aussi, nous vous écoutons, dit lady Helena. Ce n’est pas la première fois que le mauvais temps nous aura forcés de nous instruire. Parlez pour tout le monde, Monsieur Paganel.
– À vos ordres, madame, répondit le géographe, mais mon récit ne sera pas long. Il ne s’agit point ici de ces hardis découvreurs qui luttaient corps à corps avec le minotaure australien. La Nouvelle-Zélande est un pays trop peu étendu pour se défendre contre les investigations de l’homme. Aussi mes héros n’ont-ils point été des voyageurs, à proprement parler, mais de simples touristes, victimes des plus prosaïques accidents.
– Et vous les nommez?… Demanda Mary Grant.