Les Enfants Du Capitaine Grant
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Lord et Lady Glenarvan, ainsi que le g?ographe Paganel, aident Mary et Robert Grant ? retrouver leur p?re qui a fait naufrage sur une ?le dont on ne connait que la latitude, ce qui les am?ne ? traverser l'Am?rique du sud, puis l'Australie o? un bagnard ?vad?, Ayrton, tente de s'emparer du yacht de Glenarvan, et enfin l'Oc?anie o?, apr?s avoir ?chapp? aux anthropophages, il retrouveront enfin la trace de leur p?re…
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– Le capitaine? répondit John Mangles.
– C’est moi, dit Halley. Après?
– Le Macquarie est en charge pour Auckland?
– Oui. Après?
– Qu’est-ce qu’il porte?
– Tout ce qui se vend et tout ce qui s’achète. Après?
– Quand part-il?
– Demain, à la marée de midi. Après?
– Prendrait-il des passagers?
– C’est selon les passagers, et s’ils se contentaient de la gamelle du bord.
– Ils apporteraient leurs provisions.
– Après?
– Après?
– Oui. Combien sont-ils?
– Neuf, dont deux dames.
– Je n’ai pas de cabines.
– On s’arrangera du roufle qui sera laissé à leur disposition.
– Après?
– Acceptez-vous? dit John Mangles, que les façons du capitaine n’embarrassaient guère.
– Faut voir», répondit le patron du Macquarie.
Will Halley fit un tour ou deux, frappant le pont de ses grosses bottes ferrées, puis il revint brusquement sur John Mangles.
«Qu’est-ce qu’on paye? dit-il.
– Qu’est-ce qu’on demande? répondit John.
– Cinquante livres.»
Glenarvan fit un signe d’assentiment.
«Bon! Cinquante livres, répondit John Mangles.
– Mais le passage tout sec, ajouta Will Halley.
– Tout sec.
– Nourriture à part.
– À part.
– Convenu. Après? dit Will en tendant la main.
– Hein?
– Les arrhes?
– Voici la moitié du prix, vingt-cinq livres, dit John Mangles, en comptant la somme au master, qui l’empocha sans dire merci.
– Demain à bord, fit-il. Avant midi. Qu’on y soit où qu’on n’y soit pas, je dérape.
– On y sera.»
Ceci répondu, Glenarvan, le major, Robert, Paganel et John Mangles quittèrent le bord, sans que Will Halley eût seulement touché du doigt le surouet collé à sa tignasse rouge.
«Quel butor! dit John.
– Eh bien, il me va, répondit Paganel. C’est un vrai loup de mer.
– Un vrai ours! répliqua le major.
– Et j’imagine, ajouta John Mangles, que cet ours-là doit avoir fait, dans le temps, trafic de chair humaine.
– Qu’importe! répondit Glenarvan, du moment qu’il commande le Macquarie, et que le Macquarie va à la Nouvelle-Zélande. De Twofold-Bay à Auckland on le verra peu; après Auckland, on ne le verra plus.»
Lady Helena et Mary Grant apprirent avec plaisir que le départ était fixé au lendemain. Glenarvan leur fit observer que la Macquarie ne valait pas le Duncan pour le confort. Mais, après tant d’épreuves, elles n’étaient pas femmes à s’embarrasser de si peu. Mr Olbinett fut invité à se charger des approvisionnements. Le pauvre homme, depuis la perte du Duncan, avait souvent pleuré la malheureuse mistress Olbinett restée à bord, et, par conséquent, victime avec tout l’équipage de la férocité des convicts. Cependant, il remplit ses fonctions de stewart avec son zèle accoutumé, et la «nourriture à part» consista en vivres choisis qui ne figurèrent jamais à l’ordinaire du brick. En quelques heures ses provisions furent faites.
Pendant ce temps, le major escomptait chez un changeur des traites que Glenarvan avait sur l’Union-Bank de Melbourne. Il ne voulait pas être dépourvu d’or, non plus que d’armes et de munitions; aussi renouvela-t-il son arsenal.
Quant à Paganel, il se procura une excellente carte de la Nouvelle-Zélande, publiée à Édimbourg par Johnston.
Mulrady allait bien alors. Il se ressentait à peine de la blessure qui mit ses jours en danger. Quelques heures de mer devaient achever sa guérison. Il comptait se traiter par les brises du Pacifique.
Wilson fut chargé de disposer à bord du Macquarie le logement des passagers. Sous ses coups de brosse et de balai, le roufle changea d’aspect. Will Halley, haussant les épaules, laissa le matelot faire à sa guise. De Glenarvan, de ses compagnes et de ses compagnons, il ne se souciait guère. Il ne savait même pas leur nom et ne s’en inquiéta pas. Ce surcroît de chargement lui valait cinquante livres, voilà tout, et il le prisait moins que les deux cents tonneaux de cuirs tannés dont regorgeait sa cale. Les peaux d’abord, les hommes ensuite. C’était un négociant. Quant à ses qualités de marin, il passait pour un assez bon pratique de ces mers que les récifs de coraux rendent très dangereuses.
Pendant les dernières heures de cette journée, Glenarvan voulut retourner à ce point du rivage coupé par le trente-septième parallèle. Deux motifs l’y poussaient.
Il désirait visiter encore une fois cet endroit présumé du naufrage. En effet, Ayrton était certainement le quartier-maître du Britannia, et le Britannia pouvait s’être réellement perdu sur cette partie de la côte australienne; sur la côte est à défaut de la côte ouest. Il ne fallait donc pas abandonner légèrement un point que l’on ne devait plus revoir.
Et puis, à défaut du Britannia, le Duncan, du moins, était tombé là entre les mains des convicts. Peut-être y avait-il eu combat! Pourquoi ne trouverait-on pas sur le rivage les traces d’une lutte, d’une suprême résistance? Si l’équipage avait péri dans les flots, les flots n’auraient-ils pas rejeté quelques cadavres à la côte?
Glenarvan, accompagné de son fidèle John, opéra cette reconnaissance. Le maître de l’hôtel Victoria mit deux chevaux à leur disposition, et ils reprirent cette route du nord qui contourne la baie Twofold.
Ce fut une triste exploration. Glenarvan et le capitaine John chevauchaient sans parler.
Mais ils se comprenaient. Mêmes pensées, et, partant, mêmes angoisses torturaient leur esprit. Ils regardaient les rocs rongés par la mer. Ils n’avaient besoin ni de s’interroger ni de se répondre.
On peut s’en rapporter au zèle et à l’intelligence de John pour affirmer que chaque point du rivage fut scrupuleusement exploré, les moindres criques examinées avec soin comme les plages déclives et les plateaux sableux où les marées du Pacifique, médiocres cependant, auraient pu jeter une épave.
Mais aucun indice ne fut relevé, de nature à provoquer en ces parages de nouvelles recherches.