Франция в эпоху позднего средневековья. Материалы научного наследия
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Юрий Павлович Малинин (1946-2007) — один из ведущих российских историков-медиевистов, блестящий специалист по истории средневековой Франции, ученик А.Д. Люблинской. Выпускник Санкт-Петербургского государственного университета (1970), он долгое время работал на кафедре всеобщей истории Российского государственного педагогического университета им. А. И. Герцена и на кафедре истории средних веков Санкт-Петербургского государственного университета. Автор многочисленных трудов по истории западноевропейского средневековья, переводов известных французских историков — Ж. Ле Гоффа, Ф. Контамина, Р. Перну, издатель «Мемуаров» Филиппа де Коммина (1986) и «Сомюрской джостры 1446 г.» (1998), комментатор многотомного издания читательских помет Вольтера, научный редактор хроник Жуанвиля и Фруассара (2008). В настоящей книге представлены лучшие работы историка.
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Le courant d'idées, appelé naturalisme dans la culture française et la culture occidentale en général, qui a apporté une conception nouvelle de la nature en tant qu'essence autonome par rapport à Dieu et qui prédestinait toute la vie sur terre, est né et s'est développé sous l'influence de l'héritage antique. C'est aux philosophes de la célèbre école de Chartres qu'on est redevable en France pour un grand apport dans le développement de l'idée de la nature. Leurs conceptions à son égard reçoivent une forme expressive dans le «De planctu naturae» d'Alain de Lille, ouvrage bien connu à l'époque. La Nature y apparaît comme disciple de Dieu qui le représente et tient lieu de médiatrice entre lui et les homme. En incarnant le bien divin, elle est bonne par essence. Ainsi doit-on obéir irrévocablement à tous ses impératifs.
C'est la deuxième partie du «Roman de la Rose» de Jean de Me-ung qui a joué un grand rôle dans la diffusion des idées naturalistes. Dans cette oeuvre qui eut un grand succès au XIV et au XV siècles, la nature et sa loi triomphent sur toutes les conventions courtoises des sentiments et rapports humains. Pourtant pour Jean de Meung la loi de la nature qu'on doit observer, c'est celle de l'amour charnel et non la loi moral, comme chez Alain de Lille. {540} Plus tard, au cours du XIV et XV siècles, ces deux conceptions de la nature et de sa loi ont eu un développement dans les lettres françaises.
La pensée traditionnelle chrétienne aspirait pour ainsi dire à absorber l'idée de la nature, en présentant celle-ci en tant que porteuse de la loi morale divine. Une interprétation pareille de la nature s'est enracinée relativement profondément dans les lettres et la pensée sociale de la France. Le développement de la théorie de la loi naturelle à la même époque y a beaucoup contribué, parce qu'on l'a interprétée souvent comme la loi morale. La responsabilité pour les péchés humains, l'inégalité et l'inéquité existantes, tout cela a été rejeté sur le péché originel. La nature, elle, semblait une fortresse inébranlable du bien. Et si les hommes obéissaient à ses impératifs, à sa loi, la vie serait parfaite puisque ses impératifs ne sont pas différants des commandements de Dieu.
Philippe de Mézières, écrivain de la deuxième moitié du XIV siècle, dans «Le songe du vieil pèlerin» donne une illustration impressionnant de cette conception de la loi de nature. Il y ébauche un tableau de la société vivant selon cette loi quelque part «en Inde la Majeure à la terre des Bragamains». «C'est ung pays la ou les hommes sont d'une singulière condicion moult estrange des toutes les autres de ce monde. Car descce que le pays fut habite, les hommes et les femmes tiennent a la lectre la loy de nature. Ils vivent en commun, ne en tout le pays n'a ung tout seul pauvre… Ils n'ont point de monnoye, ne ils n'acontent riens a or ne a argent. En cellui pays n'a nuls larrons, ne ilz ne se guerroyent point l'un l'autre. Hz n'ont entr'eux ne plaitz ne riotes de débats. Et autres plus grands conditions de merveilleuses vertuz, lesquelles je passe pour cause de briefvete». Pour conclure la description de cette société utopique, l'auteur remarque encore une fois qu'elle vit «très honnestement selon la loy de nature, et fait chascun a l'autre a son plain pouvoir tout ce qu'il vouldroit que on lui feist. Avarice, orgueil et luxure ilz ont en abhomination. De la mort font pou de compte et adourent un seul dieu tout puissant». {541} En expliquant le principe de la loi naturelle il en donne un de la justice chrétienne.
L'image de le nature comme une source de la morale ou bien de la loi divine sous toutes ses formes de manifestations, était propre non seulement à la littérature savante. Elle a aussi pénétré dans la conscience de masse. Comme témoignage on trouve l'emploi assez répandu dans le français de l'époque de l'adverbe «naturellement», se servant souvent de mot d'introduction tout comme dans les langues modernes. «Naturellement» veut dire selon la nature, selon le cours naturel des choses, c'est-à-dire sûrement et incontestablement, car la nature est parfaite, elle incarne le bien absolu de la loi. En même temps la langue adopte la notion «contre nature» qui était employée pour désigner tout ce qui est mauvais, amoral. Tout mal étant considéré incompatible avec nature, on pouvait donc appeler le diable «ennemi de nature». {542}
Pourtant, malgré tous les efforts évidents et non sans résultats de la pensée éthique traditionnelle d'expliquer la nouvelle idée de la nature en l'adaptant à ses fins, il était impossible de mettre en accord complet la conception «nature-bien absolu» avec les valeurs chrétiennes. La justification des besoins naturels de l'homme, avant tout celui de procréer, entrainait un regard nouveau inévitable sur l'homme, une remise en question des péchés et des vertus. Il est significatif que dès le XII siècle le célibat du clergé comme contredisant la loi de la nature, devient l'objet d'une critique violente. C'est à la demonstration du fait que le célibat est contre nature que Alain de Lille consacre son «De planctu naturae». En même temps la conception que l'amour charnel est de caractère bénéfique reçoit des arguments supplémentaires grâce à la propagation de la conviction que la loi naturelle est bien faisante.
La notion de la nature humaine ayant acquis une correlation directe avec l'idée de la loi naturelle s'est compliquée avec la perte de la clarté représentative et de la simplicité qu'elle avait possédée lors de l'approche traditionnelle. La chair, création immédiate de la Nature, ne pouvait plus être considérée en tant que récipient des vices. L'origine matérielle dans l'homme emprunterait de cette source, Nature, un peu de sa grâce, et les vertus cesseraient de paraître exclusivement d'origine spirituelle, accessibles par la force de la foi et de la volonté.
Ce n'est pas par hazard qu'à cette époque commence à se former la conviction que la morale humaine est prédestinée par le facteurs naturels et physiques. Et c'est à cette conviction qu'est lié le développement de la notion des caractères nationaux qui se manifestent dans les penchants naturels des individus de telle nation pour tels vertus ou vices.
En ce qui concerne les auteurs français, ils cherchaient à démontrer, pour des raisons compréhensible, que la Nature était surtout favorable pour les habitants de la France. C'est ainsi que Pierre Dubois estimait que «causante celestis harmonie benevolencia, generati, nati et nutriti in regno Francorum, presertim prope Parisius, in moribus, constantia, fortitudine et pulchritudine, natos in aliis regionibus nat-uraliter plurimum precellunt». {543}
Au XIV siècle on a commencé à expliquer les caractères nationaux par les influences climatiques. A la même époque les auteurs français ont repris les idées antiques sur les tempéraments humains qui seraient déterminés par les causes naturelles et, à leur tour, seraient à l'origine de tel penchant de l'homme correspondant à tel caractère de l'âme. La théorie des tempéraments s'entrelaçait souvent avec celle des caractères nationaux. Par exemple Philippe de Commynes remarquait, en comparant les Anglais avec les Français, que «naturellement les Angloys sont fort colériques: si sont toutes les nations de païs froit… Nous [les français] tenons de la region chaulde et aussi de la froide, pour quoy avons gens de deux complexions; mais mon avis est que en tout le monde n'y a region myaulx située que celle de France». {544}
S'est aussi largement répendu une espèce de science qui s'occupait de l'interprétation des liens entre les caractères de l'âme et les données physiques de l'homme, telles que couleurs des yeux, des cheveux etc. Cette science se basait sur la conviction que les caractères moraux non seulement se traduisent dans les caractères physiques, mais qu'ils sont déterminée par ces derniers.